Arrêtons de banaliser le discours extrèmiste et violent de SONKO ! (Par Ibrahima Sène)

 

Depuis les accusations de « salafiste de la mouvance Daesh » portées par Ahmed Khalifa Niasse contre SONKO, Candidat à la Présidentielle de 2019, les tournures du débat politique empoisonnent de plus en plus notre opinion publique.

Pourtant, il aurait fallu à l’accusé de faire prévaloir ses droits en trainant en justice celui qu’il considère l’avoir diffamé pour ternir son image de « présidentiable » aux yeux des Sénégalais.

Ou bien, comme il l’avait si bien fait en public lors de la présentation de son livre « Solutions », répondre publiquement à l’interpellation que lui avait faite un journaliste, sur les « homosexuels » et la « Franc maçonnerie ».

L’on se souvient que sa réponse était claire, nette et sans équivoque en mettant fin définitivement à des supputations sur ces sujets, en ces termes : « je ne suis ni homosexuel, ni Franc maçon » !

L’on s’étonne dès lors, qu’à la place d’une telle démarche de clarification, il se contente d’essayer de porter le discrédit sur son accusateur, qui pourtant continue, persiste et signe publiquement son accusation.

SONKO a préféré jouer à la « victimisation » pour tenter de gagner ainsi l’adhésion du peuple à sa candidature, en accusant, à son tour, le pouvoir d’être à l’origine de la « cabale » portée contre lui pour ruiner ses chances de remporter la Présidentielle de 2019.

Mais ce qui est devenu très troublant dans sa ligne de défense, c’est la violence de son discours, et ses références pour caractériser ses adversaires.

En effet, pour lui, « les fonds politiques, et les fonds secrets » sont « Haram », et « fusiller les criminels politiques » qui ont gouverné jusqu’ici le pays, n’est pas « Haram » !

Un tel discours n’est connu ni celui des républicains, ni des démocrates, mais exclusivement des « salafistes extrêmistes », notamment de « Daesh » en Afrique.

Un tel discours, pour un candidat à la Présidence de la République est- il tolérable, ou acceptable dans notre pays, notamment dans un contexte, où devant les crimes crapuleux, le débat sur le retour à la « peine de mort » est de nouveau agité ?

Même le PDS, à qui il fait un clin d’œil pour avoir été allié avec lui dans le « Camp du NON » au référendum de 2016, s’est senti obligé de lui « relever les bretelles», dans un Communiqué posté par son Porte – Parole.

Le discours de SONKO suggère que la « peine de mort » pour châtier les « criminels », devrait donc être légalisée, mais aussi , elle devrait être étendue à ses adversaires politiques qu’ils jugent de « criminels », puisque les « fusiller n’est pas « Haram » !

Dans une telle situation, les accusations qu’Ahmet Khalifa Niasse a portées sur lui, de froid dans le dos, deviennent véritablement inquiétantes.

En effet, il suffit de lire dans les réseaux sociaux, pour se rendre compte, à quel point, ce discours de SONKO sur la scène politique, a réveillé les instincts les plus bas du côté obscur de l’homme.

Le discours extrèmiste et violent du terrorisme islamiste international, gagne de plus en plus les adeptes de SONKO, et ses soutiens de gauche comme de droite !

De « cellules dormantes », dont l’existence réelle dans notre pays faisait polémique, le monstre commence à se réveiller et à occuper l’espace public, à la faveur de la banalisation du discours extêmiste et violent de SONKO, et de ses références pour juger ses adversaires politiques !

Il est donc devenu un impératif catégorique que SONKO change de discours et de logiciel, pour «éviter de porter tort à nos acquis républicains, démocratiques, et à la laïcité de notre vie politique.

Les républicains et démocrates, de « droite et de gauche », et les organisations de défense des droits humains et de la laïcité de notre vie politique, devraient se rassembler, pour mettre fin à cette dérive violente et extêmiste dans les discours de SONKO et de ses adeptes, pour empêcher qu’ils ne se traduisent en pratique, dans le comportement de nos concitoyens, ou dans la réalité de la gestion politique dans notre pays.

Arrêtons la banalisation de ce discours avant qu’il ne se transforme en force matérielle capable de s’imposer dans notre pays !

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL

FAIT à Dakar le 16 Octobre 2018