«Gilets jaunes» en France: Commerces des Champs-Elysées sommés de fermer

 

Renforts policiers, musées et boutiques des Champs- Elysées fermés : les autorités françaises se préparaient à l’éventualité d’une «très grande violence» samedi. Les «gilets jaunes» restaient sourds aux appels au calme. Ces derniers jours, la fronde a gagné lycéens, étudiants, agriculteurs, qui en ont profité pour faire valoir des revendications différentes de celles des «gilets jaunes», entrés eux en rébellion contre la politique fiscale et sociale du gouvernement.

Poubelles et voitures incendiées, mobilier urbain dégradé, échauffourées avec les forces de l’ordre : plusieurs manifestations de lycéens ont dégénéré jeudi à travers la France, rappelant les images d’émeutes samedi dernier à Paris.

En prévention, les commerçants de la célèbre avenue des Champs-Elysées, épicentre des violences il y a une semaine, ont été priés de baisser leur rideau samedi. Des dizaines de musées parisiens, et la Tour Eiffel, seront en outre fermés.

Invité du 20H de TF1, Édouard Philippe a annoncé que 89’000 membres des forces de l’ordre seraient mobilisés samedi en France, dont 8000 rien qu’à Paris, théâtre de scènes d’émeutes et de guérilla urbaine le 1er décembre. Ils étaient 65’000 samedi dernier, dont environ 5000 dans la capitale. En plus des milliers de policiers déployés, une douzaine de véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG) seront utilisés à Paris.

«Gilets jaunes» inflexibles

Mobilisés depuis trois semaines, les «gilets jaunes» ont balayé les premières concessions du gouvernement, jugées insuffisantes.

Après la promesse d’un gel des tarifs de l’énergie pendant l’hiver et d’une vaste concertation sur les revendications des manifestants, le gouvernement a fait un nouveau geste en renonçant «pour l’année 2019» aux augmentations de taxes sur les carburants, principale exigence des protestataires. Cet effort qui représente un manque à gagner de 4 milliards d’euros, selon le gouvernement, n’a pas semblé convaincre les manifestants.

La «colère est demeurée insaisissable et incontrôlable», a reconnu Édouard Philippe, qui a poursuivi jeudi au Sénat un débat engagé mercredi à l’Assemblée nationale pour défendre son plan de sortie de crise.

Fébrilité

Dans un nouveau geste, le chef du gouvernement s’est aussi dit ouvert à des mesures de revalorisation des bas salaires – également réclamées par les «gilets jaunes» – à condition qu’elles ne pénalisent pas «excessivement» la compétitivité des entreprises.

En revanche, la perspective d’un débat sur la réforme de l’Impôt sur la fortune (ISF) s’est éloignée après une fin de non recevoir du président Macron. La cacophonie gouvernementale au sujet de l’ISF, ainsi que les atermoiements quant à la taxe sur les carburants, suspendue six mois avant d’être finalement annulée pendant un an, a donné le sentiment d’une grande fébrilité des autorités face au risque d’aggravation de la crise.

Toutes ces annonces répondent à des demandes des «gilets jaunes». Mais pour huit Français sur dix, elles «interviennent trop tard», selon un sondage OpinionWay diffusé jeudi. Les deux-tiers d’entre eux estiment cependant que c’est l’occasion d’ouvrir le dialogue.

Ultradroite et ultragauche mobilisées

Conspué par les manifestants qui réclament sa démission, Emmanuel Macron a solennellement demandé aux partis politiques, aux syndicats et au patronat «de lancer un appel clair et explicite au calme».

«Ce qui est en jeu, c’est la sécurité des Français et nos institutions», a renchéri Édouard Philippe. «Tous les acteurs du débat public, responsables politiques, responsables syndicaux, éditorialistes et citoyens, seront comptables de leurs déclarations dans les jours qui viennent.» Dans un geste rare d’unité, sept syndicats ont répondu à l’appel, dénonçant jeudi «toutes formes de violences». Une partie de l’opposition a également multiplié les appels au calme jeudi.

Partout en France, les appels à se mobiliser une nouvelle fois samedi se multiplient et le ministère de l’Intérieur fait état d’une «mobilisation de la part de l’ultradroite et de l’ultragauche».

Sur les réseaux sociaux, les mots d’ordre évoquent un renversement des institutions: «dissolution de l’Assemblée nationale», «Manu, on arrive !», «Pot de départ de Macron !», ou encore «Tous à la Bastille». Lors d’un débat organisé mercredi soir sur BFM TV, un porte-parole des «Gilets jaunes» Eric Drouet a confirmé son intention de pénétrer dans le palais de l’Elysée.

(nxp/ats)