«Gilets jaunes» à Paris Plus de 730 interpellations et des dizaines de blessés.

 

Quelque 125’000 manifestants ont défilé en France samedi, dans le cadre du mouvement des «gilets jaunes», a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui aussi annoncé 1’385 interpellations.

«Il y a eu 1’385 interpellations, à l’heure où je vous parle, et ce chiffre va encore progresser. Il y a eu 975 gardes à vue et ce chiffre va encore progresser», a déclaré le ministre depuis la place Beauvau. «C’est un niveau exceptionnel», a-t-il ajouté.

118 personnes ont été blessées sur l’entier du territoire dont 71 à Paris selon Castaner, le ministre de l’intérieur.

A Bordeaux les tensions sont encore présentes. Plusieurs barricades en feu sont mises en place.

Macron veut des mesures

Le Premier ministre Edouard Philippe a estimé samedi, à l’issue d’une quatrième journée de mobilisation des «gilets jaunes», qu’il fallait «retisser l’unité nationale» et qu’Emmanuel Macron allait proposer des «mesures» en ce sens.

«Le dialogue a commencé» et «il faut désormais retisser l’unité nationale», a déclaré le chef du gouvernement, lors d’une visite au ministère de l’Intérieur. «Le président de la République s’exprimera. Il lui appartiendra de proposer les mesures qui viendront nourrir ce dialogue et qui permettront, je l’espère, à l’ensemble de la Nation française de se retrouver et d’être à la hauteur des enjeux qui sont déjà là et qui vont continuer à se poser dans les années qui viennent», a-t-il ajouté

Des heurts épars

Les heurts ont eu lieu en plusieurs points distincts de la capitale : gaz lacrymogènes aux abords de la célèbre avenue des Champs-Elysées, la galerie commerciale chic du Drugstore de Publicis de l’avenue attaquée, des vitrines brisées sur plusieurs avenues avoisinantes, une barricade enflammée sur les Grands-Boulevards, etc… Comme la semaine dernière, des voitures et du mobilier urbain ont été incendiés, des vitrines saccagées et des magasins pillés.

Plusieurs journalistes ont été malmenés et même blessés lors des manifestations, dont plusieurs par des tirs de balles en caoutchouc, d’après des témoignages publiés par leurs médias ou diffusés via les réseaux sociaux.

Les manifestants étaient un peu moins nombreux que la semaine dernière à la même heure : 31’000 en France (contre 36’000 le 1er décembre), dont 8000 à Paris, selon le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez.

Plusieurs ambassades avaient recommandé à leurs ressortissants d’être prudents en se déplaçant dans la capitale ou de reporter leur voyage.

«Temps pourri, gouvernement aussi»

La météo capricieuse n’a pas dissuadé les manifestants. «Le temps est pourri, le gouvernement aussi», scandaient une poignée de «gilets jaunes» remontant l’avenue de l’Opéra, alors qu’une petite pluie fine commençait à tomber sur la capitale. Ailleurs en France, les manifestations de «gilets jaunes» ont été nombreuses, dont certaines tendues, avec notamment des incidents à Bordeaux et Toulouse (sud-ouest), Saint-Etienne (centre) et Marseille (Sud) où des échauffourées ont éclaté sur la célèbre Canebière.

Plusieurs de ces manifestations ont fusionné avec les marches organisées parallèlement pour le climat, dans le cadre d’un appel international de dizaines d’associations et syndicats à l’occasion de la Conférence de l’ONU sur le climat qui se déroule en Pologne. Les «gilets jaunes», issus majoritairement des classes populaires et moyennes, se disent excédés par la politique fiscale et sociale d’Emmanuel Macron, qu’ils jugent injuste et qu’ils dénoncent depuis trois semaines, manifestant et organisant barrages filtrants et sit-in à travers le pays.

Le recul du gouvernement sur la hausse des taxes sur le carburant, revendication première des gilets jaunes, n’a pas permis d’apaiser un mouvement particulièrement défiant à l’égard des élites politiques et des partis traditionnels.

(nxp/afp)