Frontières: L’Union européenne veut freiner les «visas dorés»

 

La Commission européenne appelle les pays de l’UE à plus de vigilance dans l’octroi de «visas dorés». Ces dispositifs nationaux controversés permettent à de riches investisseurs d’acquérir des permis de séjour ou même la citoyenneté européenne.

Cette pratique, qui profite notamment à des Chinois, Russes ou Américains fortunés, «présente un certain nombre de risques, en termes de sécurité, de blanchiment d’argent ou encore d’évasion fiscale» selon un rapport sur la question, a indiqué un responsable européen.

La Commission va ainsi demander aux pays de l’Union européenne d’être moins laxistes dans leurs contrôles des candidats, et d’être «plus transparents» sur la manière dont ils accordent ces privilèges, pointés du doigt par des ONG et à l’origine de plusieurs scandales.

Malte, Chypre et la Bulgarie

Des pays comme Malte, Chypre et la Bulgarie sont particulièrement dans le viseur. Leur système permet, en échange d’investissements, d’acquérir la citoyenneté et donc de circuler librement dans l’UE. D’autres pays, plus nombreux, permettent aux investisseurs d’acquérir non pas la citoyenneté, mais des permis de séjour.

Les contrôles effectués pour vérifier que les candidats ne posent pas de problème de sécurité ou qu’ils ne blanchissent pas de l’argent ne sont pas suffisants, selon le document que doit publier l’exécutif européen.

«Corrompus et criminels peuvent facilement trouver refuge en Europe grâce à l’opacité et au manque d’encadrement des programmes appelés Visas dorés», avaient déjà dénoncé deux ONG, Transparency International et Global Witness, dans un rapport publié il y a quelques mois.

6000 passeports

Cette situation favorise «la prise de décision discrétionnaire et la corruption», avaient-elles déploré dans leur rapport, estimant qu’au moins six mille passeports et près de cent mille permis de séjour ont été «vendus» dans l’UE au cours de la dernière décennie.

Le programme de «visas dorés» à Malte était l’un des sujets d’enquête sur lesquels travaillait la journaliste et blogueuse Daphne Caruana Galizia quand elle a été assassinée en octobre 2017.

Au Portugal, début janvier, la justice a blanchi la plupart des accusés à l’issue d’un long procès pour corruption dans une affaire d’attribution de «visas dorés». Le Portugal permet à des candidats prêts à débourser au moins 500’000 euros pour un achat immobilier, à investir au moins un million d’euros ou créer dix emplois, d’obtenir une autorisation de résidence.

(nxp/ats)