Zurich: Un chauffard démasqué grâce à Photoshop

 

Ce propriétaire de Ferrari était visiblement pressé de rentrer à la maison, en février 2017. L’homme, président du conseil d’administration d’un prestataire de services financiers, a été filmé par la police aux alentours de 23h30 sur l’A3 en train de commettre un gros excès de vitesse. Raison pour laquelle il a dû comparaître en 2e instance devant la justice zurichoise en janvier dernier. Selon l’acte d’accusation, il a roulé en moyenne 46 km/h trop vite, et cela pendant près de dix secondes alors qu’il dépassait une voiture sur l’autoroute.

Nos collègues de «20 Minuten» ont pu se procurer le verdict du Tribunal cantonal zurichois. Le chauffard a écopé d’une lourde peine pécuniaire avec sursis de 75’000 fr. tout comme d’une amende de 3000 fr. Pour rappel: le montant des jours-amende dépend de la situation financière du prévenu. Dans ce cas précis, le président du conseil d’administration touche un salaire net de plus 48’000 fr. par mois.

Expertise de l’Institut médico-légal de Zurich

Tout comme lors du procès en 1re instance au Tribunal de district de Zurich, un point a été vivement discuté durant l’audience. Comme les mesures de vitesse effectuées au moyen d’un véhicule-suiveur de la police ne se sont pas faites dans les règles de l’art, il a fallu trouver un autre moyen pour déterminer l’excès de vitesse. La distance entre la voiture de police et la Ferrari n’a pas été constamment la même entre le début et la fin des mesures. Celles-ci n’ont dont pas pu être prises en compte. Voilà pourquoi le tribunal a mandaté l’Institut médico-légal de Zurich pour réaliser une expertise.

Pour déterminer l’excès de vitesse, les experts ont analysé la vidéo tournée par la police avec le logiciel de retouche Photoshop. Ils ont ensuite défini la vitesse moyenne de la Ferrari, soit 166 km/h, grâce au nombre de pixels sur l’enregistrement, tout en respectant une marge d’erreur de 1% (lire encadré).

Jugement pas encore entré en force

L’avocat de la défense a tenté, en vain, de convaincre la Cour de se baser sur les mesures de vitesse effectuées par la police, même si celles-ci n’ont pas été faites dans les règles de l’art. Après déduction de la marge d’erreur de 10%, ces mesures avaient en effet révélé une vitesse moyenne de 144 km/h.

Or les juges du Tribunal cantonal ont considéré l’expertise de l’Institut médico-légal comme convaincante. Ils ont par ailleurs rappelé qu’ils ne pouvaient pas, sans raison valable, outrepasser l’avis émis par les experts. Le jugement n’est pas encore entré en force. Le prévenu peut donc toujours faire recours et porter l’affaire au Tribunal fédéral.

(ofu)