Algérie: «Un roman national» s’écrit contre Bouteflika

 

Les quotidiens algériens qualifient d’«historiques», les manifestations de la veille en Algérie contre le 5e mandat que brigue le président Abdelaziz Bouteflika, en notant qu’elles ont sérieusement rétréci la marge de manoeuvre du chef de l’Etat.

«Un peuple fabuleux!», s’enthousiasme en Une «El Watan» qui consacre 12 pages au 3e vendredi consécutif de contestation, marqué par une mobilisation gigantesque à travers le pays.

«Un nouveau roman national est en train de s’écrire», assure le quotidien francophone, «le peuple a repris la main à travers ce sursaut d’orgueil qui remet l’histoire à l’endroit».

Pour le journal, «si les tenants du régime comptaient sur un essoufflement du mouvement (…), ils ont déjà une réponse. Claire et sans bavure».

Pour «Liberté», autre quotidien francophone qui titre en une «Le Printemps d’Algérie» auquel il consacre 10 pages, il a flotté sur Alger vendredi «comme un jour d’indépendance».

«Aucune voix ne sera supérieure à celle du peuple»

Hospitalisé en Suisse depuis plus de 12 jours, officiellement pour des «examens médicaux», M. Bouteflika «refuse ou fait mine de ne pas entendre le peuple qui se révolte comme un seul homme et lui demande de s’en aller», déplore le journal.

«C’est le propre des potentats, qui ne savent pas quitter le fauteuil quand la confiance de leur peuple est perdue», écrit le journal qui estime que, vendredi, l’Algérie «a condamné Bouteflika à sortir par la petite porte de l’Histoire. Et plus il s’entête (…) plus cette porte de sortie se rétrécit».

En Une, «El Khabar» estime que «des millions» d’Algériens ont dit «d’une seule voix: Eh Bouteflika, pas de 5e mandat!», en reprenant un des slogans scandés pendant les manifestations.

«Aucune voix ne sera supérieure à celle du peuple», estime le quotidien arabophone, qui consacre huit pages à la contestation à travers de nombreuses villes d’Algérie.

Selon le quotidien d’Oran, deuxième ville du pays, «l’opposition populaire contre le 5e mandat» est «en train de donner à la scène politique algérienne des contours tout à fait vivifiants».

Pression de la rue

Elle mène vers «un changement de la manière dont est géré le pays avec plus de transparence» et «tous les ingrédients de la vraie démocratie: la bonne gouvernance et l’alternance au pouvoir», se réjouit le journal pour qui l’heure est en attendant au «bras de fer».

«Pour la rue (…) le refus (d’un 5e mandat) est irréversible. Pour le candidat (Bouteflika) et ses soutiens, retirer maintenant cette candidature serait non seulement un échec patent devant la pression de la rue, mais une sorte de reniement».

Seul le quotidien gouvernemental «El Moudjahid» renvoie les manifestations à l’intérieur du journal, en page 9, sans mentionner les demandes de départ du chef de l’Etat, scandés à pleins poumons par la rue.

(nxp/afp)