Manifs pour le climat «En 2050 vous serez morts, pas nous»

 

La jeunesse du monde entier est appelée à défiler vendredi pour réclamer aux adultes des actions fortes pour le climat. Jusqu’à présent, l’appel à la mobilisation hebdomadaire lancé par la militante suédoise Greta Thunberg, qui brandit seule tous les vendredis depuis l’été sa pancarte «grève de l’école pour le climat» devant le parlement à Stockholm, a été suivi dans quelques pays, notamment en Belgique ou en Allemagne, où les jeunes ont manifesté par milliers.

Mais pour cette «grève mondiale pour l’avenir» du 15 mars, lycéens et étudiants se préparent à quitter leurs salles de classe de Sydney à Paris, de Tokyo à Montréal, de Hong Kong à Kampala.

«Nous faisons grève pour dire à nos gouvernements de faire leurs devoirs et de nous montrer des preuves !», dit l’appel publié sur Facebook.

Des preuves que le monde prend les mesures nécessaires pour limiter le réchauffement à un maximum de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, comme prévu par l’Accord de Paris. Parce que pour l’instant «je n’ai entendu aucune promesse concrète de la part de dirigeants», notait récemment Greta Thunberg.

«Ils disent simplement qu’ils vont essayer de faire de leur mieux» mais ce n’est pas assez parce que «notre maison brûle»: «je veux que vous commenciez à paniquer» et de rajouter «en 2050 vous serez morts, pas nous», insistait l’adolescente de 16 ans.

Selon FridaysforFuture, nom du mouvement de cette nouvelle égérie du climat, plus de 1000 rassemblements sont prévus dans une centaine de pays.

Difficile toutefois de savoir si les jeunes seront plus d’une poignée dans beaucoup de ces villes.

«Ce moment est très important, pas seulement en terme du nombre de jeunes gens qui feront grève, mais pour les conversations que cela va provoquer dans les familles, entre amis, et dans les écoles», commente Karen O’Brien, sociologue de l’université d’Oslo.

«Le test du mouvement ne sera pas la taille de la foule qu’il peut mobiliser le 15 mars, mais dans les actions prises dans la société en réponse à la crise climatique», poursuit-elle.

«Electeurs de demain»

En clair, ces jeunes ont-ils une chance de faire bouger les choses ? «Ce sont les électeurs de demain», ils sont regardés «avec intérêt» par les partis politiques et les groupes intérêt, répond Sébastien Treyer, directeur général de l’Institut du développement durable et des relations internationale (IDDRI). «Ce n’est pas anodin».

Plusieurs responsables politiques, en Allemagne, au Royaume-Uni ou à Hong Kong, ont bien essayé de renvoyer ces jeunes à leurs études, certains évoquant des conséquences en cas d’école buissonnière.

«Bien sûr, il y en a qui ne nous prennent pas au sérieux, en disant qu’on est jeune et qu’on ne sait pas de quoi on parle», constate Adélaïde Charlier, lycéenne belge de 18 ans.

«Moi je leur dis que justement on s’informe, et en s’informant on a remarqué qu’on était loin de nos buts, qu’on n’était pas sur la bonne route, qu’on est en train de foncer dans le mur», ajoute la jeune fille, estimant malgré tout que leur «cri» est «de plus en plus» pris au sérieux.

En France, le ministre de l’Education nationale a appelé à des débats sur le climat dans les lycées ce même vendredi. Un «geste désespéré pour tenter d’étouffer les contestations», a dénoncé le collectif Youth for Climate France.

L’ONG 350.org qui soutient la mobilisation espère elle qu’il y aura «un avant et un après» 15 mars. «Cette grève mondiale sera un tournant dans l’histoire mondiale, un moment où les adultes apprendront à suivre leurs enfants, pour un vrai changement», estime Nicolas Haeringer.

Mais cette mobilisation des jeunes s’inscrit aussi dans un mouvement citoyen plus large pour le climat, avec des actions de désobéissance civile ou des recours en justice comme la plainte pour «inaction climatique» qui doit être déposée jeudi à Paris contre l’Etat par quatre ONG soutenues par plus de 2 millions de pétitionnaires.

«Ce qui est important, c’est de voir la conjonction (…) la mobilisation des jeunes, les recours juridiques, les logiques d’évaluation des politiques publiques, les défenseurs de cause comme Greta», commente Sébastien Treyer.

(nxp/afp)