L’électorat féminin au Sénégal: chiffres et statistiques du tout-puissant “sexe faible”

 

Après la publication des résultats de l’élection présidentielle du 24 février 2019 remportée par le candidat de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar (BbY), Macky Sall avec 58, 26 %, PressAfrik a fait quelques investigations pour sonder le poids de l’électorat féminin dans les deux derniers scrutins présidentiels. Et, selon des informations tirées de la Direction de l’automatisation des fichiers (Daf), une cellule du ministère de l’Intérieur qui travaille à la construction du fichier électoral, le vote féminin constitue un peu plus de 50 % de l’électorat du Sénégal.

Longtemps considéré comme le plus important dans une élection, le vote féminin est l’une des préoccupations majeures des politiques qui, pour remporter les élections, cherchent à tout prix à gagner la confiance des femmes, qui représentent pour cette année 2019, 51% de la population totale.

Ce pourcentage est donné par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal (ANSD) dans son dernier rapport. Dans le document, la structure informe que la population du pays est estimée à 16 209 125 habitants en 2þ019 soit 8 140 343 de femmes et 8 068 782 d’hommes.

Comparé au rapport précédant(2016)où l’ANSD avait estimé la population sénégalaise à 14 799 859 personnes,une augmentation de 1 409 266 habitants en l’espace de 3 ans (de 2016 à 2019)a été notée.

S’agissant de l’électorat féminin pour cette année 2019, le Commissaire Ibrahima Diallo de la Direction de l’automatisation des fichiers (DAF) informe que sur les 6 683 043 personnes enregistrées dans le fichier électoral, les 3 348 675 sont des femmes soit un peu plus de 50% de l’électorat.

Étude comparative de l’électorat de 2012 à 2019 

Il faut tout d’abord préciser qu’il n’est pas cohérent de comparer des élections législatives à une élection présidentielle. Les enjeux, les modes de scrutin et le comportement de l’électorat diffèrent. Mais cette étude comparative a tenu compte du nombre global de personnes inscrites sur le fichier électoral en 2012 et en 2019, mais aussi du nombre de femmes et d’hommes en âge de voter.

-En 2012, 5 303 555 citoyens sénégalais étaient inscrits sur les listes électorales.
-En 2017, avec la refonte totale du fichier électoral et la confection des cartes d’identité CEDEAO (comprenant les informations électorales), le fichier électoral est passé à 6 683 043 électeurs inscrits soit une hausse de 1 379 488 nouveaux inscrits.

Nous nous sommes basés sur le tableau établi par l’ANDS sur la répartition de la population en 2012, par tranche d’âge selon le sexe, pour faire le calcul et trouver le nombre de femmes et d’hommes en âge de voter, vu qu’en 2012, aucune étude n’a montré le chiffre exact de l’électorat féminin.
Le calcul a été fait comme suit :
Nombre de femmes en âge de voter = Population totale de femmes (6 680 214) – Nombre de femmes qui n’a pas l’âge de voter (2 041 898) = 4 638 316

Nombre d’hommes en âge de voter = Population totale d’hommes (6 527 659) – Nombre d’hommes qui n’a pas l’âge de voter (2 076 785) = 4 450 874.

En conclusion, le nombre de femmes en âge de voter est plus élevé que celui des hommes, soit une différence de 187 442 personnes (4 638 316 – 4 450 874) .


Les statistiques de l’ANSD sur la population masculine et féminine (2012 et 2019)

L’électorat féminin au Sénégal: chiffres et statistiques du tout-puissant "sexe faible"
La force de l’incontournable électorat féminin
Partant du principe que pour l’année 2019, la population féminine est plus nombreuse que celle masculine (8 140 343 contre 8 068 782) et que l’électorat féminin est un peu plus de 50% de l’électorat total (3 348 675 contre 3 334 368), nous pouvons estimer que l’électorat féminin en 2012 a aussi dépassé les 50% de l’électorat total.

Avis des experts

«La consolidation des acquis démocratiques dont dispose le Sénégal, passe par l’accompagnement des femmes dans les processus électoraux. Frange la plus importante de la population, la femme mérite encore plus d’attention et de responsabilité. Le pouvoir politique féminin est sans doute ce qui élit un candidat à une élection quelconque »,  a confié une responsable politique qui requiert l’anonymat.

«Aucun pays ne peut accéder au développement et à la prospérité sans la participation de la moitié de sa force vive, les femmes», a déclaré Mme Ruby Sandhu-Rojon, représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, en marge du panel sur «la participation politique des femmes aux élections présidentielles de 2019 au Sénégal », tenu à l’Hôtel Ngor Diarama de Dakar, le 14 mars dernier.

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