Virements frauduleux : L’audio explosif qui enfonce les chefs d’agence arrêtés.

 

Un enregistrement explosif enfonce les chefs d’agence arrêtés dans l’affaire de tentative de blanchiment de capitaux sur l’axe Abidjan-Dakar, portant sur 7,5 milliards de F CFA, avec 1,7 milliard déjà volés à la Versus Bank de Côte d’Ivoire suite à un piratage.

Selon les précisions de Libération dans son édition du jour, lundi 18 mars, l’audio a été extrait du téléphone d’un des mis en cause, Abdou Aziz Gning, lors d’un échange avec l’associé de Meïssa Ndiaye Sène, le patron d’Egim SA, le principal bénéficiaire de la fraude. « Zé (Zézé Fulbert Koré, pilier du réseau également arrêté), a récupéré l’argent, ça fait 275 millions de F CFA. Apportez les, après on va libérer les banquiers », rapporte le journal.

Pis, d’après le récit de la source, Lamine Camara, le Directeur général d’Atlantique South Africa SARL, a dévoilé le pot aux roses lors de son interrogatoire sous le régime de la garde-à-vue. « Je suis disposé à vous fournir plus d’informations pouvant intéresser l’enquête. Je tiens à préciser que j’ai eu au courant du mois de novembre 2018, un entretien avec le sieur Mokhtar Fall, chef d’agence de la Banque UBA Port dans son bureau et sur sa demande. Le sieur Mokhtar Fall m’a demandé de discuter avec mes partenaires espagnols pour qu’il puisse m’envoyer un virement d’un million d’euros dans le compte ouvert à la UBA. »

Selon toujours ses déclarations, il a laissé entendre que « ce virement lui permettrait d’atteindre ces objectifs annuels. En sa qualité de chef d’agence, il lui manquait cette somme pour atteindre l’objectif que lui avait fixé la banque. En réponse, je lui ai fait savoir que j’allais en discuter avec mes partenaires pour pouvoir acheter du poisson. Lorsque j’en ai parlé à mon partenaire espagnol du nom de José Maria Acero, il m’a dit que la somme était trop élevée et qu’il ne pouvait pas satisfaire ma demande. Par la suite, j’ai recontacté Mokhtar Fall pour lui dire que c’était impossible. Mais, dit-il, « seulement, quelques semaines plus tard, le sieur Mokhtar Fall m’a appelé pour me demander si j’étais intéressé pour un projet auquel il pourrait me présenter le bailleur et m’a garanti que le projet était fiable et serait d’un coût d’un milliard. Je lui ai demandé de me présenter les documents du projet avant que je ne puisse l’accepter. Au début du mois de février 2019, le sieur Fall m’a demandé de lui envoyer une copie de mon passeport sans pour autant me donner des explications, ce que j’ai fait en l’envoyant par mail. Je précise que c’est lui-même qui m’a contacté pour me dire que mon compte avait un virement de 467 millions de F CFA mais je n’ai jamais retiré l’argent. »

Lamine Camara de poursuivre : « Au cours de la rencontre tenue avec les responsables d’UBA, le chef d’agence Mokhtar Fall et le gestionnaire M. Thiam, étaient en désaccord. Mokhtar Fall a déclaré qu’il n’a jamais instruit au gestionnaire de confirmer le virement de 467 millions sur mon compte alors que M. Thiam, de son côté, prétendait avoir reçu des ordres venant de lui. »

L’autre mis en cause, l’homme d’affaires, Meïssa Ndiaye Sène, a accablé le chef d’agence de la Banque islamique des Almadies : « Je me suis transporté auprès de mon gestionnaire en l’occurrence Babacar Ndiaye. Il m’a fait savoir qu’il fallait attendre 72 heures pour que je puisse effectuer des retraits. Je lui ai demandé de m’aider à retirer 265 millions de F CFA, moyennant commission. Il m’a demandé de patienter. Une heure après, il m’a appelé pour me demander de vérifier. J’avais 750 millions de F CFA dans mon compte. »

Sène affirme avoir retiré sur place 8 millions de F CFA parce que la banque n’avait pas beaucoup de liquidités, avant de remettre 3 millions à Babacar Ndiaye qui va, ensuite, appelé ses collègues de la VDN et de la Place de l’indépendance pour « mobiliser » les fonds. C’est ainsi que Meïssa Sène a pu, après le virement frauduleux, retiré 50 millions de F CFA à l’agence VDN et de la BIS et 50 autres millions à l’agence sise à la Place de l’Indépendance. Interrogé à son tour, Babacar Ndiaye a tenté de s’expliquer face aux enquêteurs qui ont découvert une autre anomalie : « Il a ouvert un compte pour Abdou Aziz Gning, associé de Meïssa Sène, arrêté aussi sur la base d’une carte d’identité caduque. « L’ouverture du compte n’était pas définitive, jure le mis en cause. C’était juste une ouverture en attente de régularisation et, en aucun cas, il a été question de commander les moyens de paiement ou de scanner sa signature. »

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