Présidentielle aux Etats-Unis: Les démocrates lancent la course aux dollars

 

Il reste encore vingt mois avant la présidentielle américaine, mais la course au financement a déjà commencé pour les démocrates. Ils battent le rappel des contributions, même minimes, des électeurs.

Les douze principaux candidats déclarés boudent pour l’instant les dons des entreprises et des groupes de campagne (PAC), qui peuvent contribuer à coups de millions de dollars, et se tournent vers les électeurs. Selon les sondages, ces derniers sont prêts à mettre la main à la poche pour jouer un rôle plus important dans le jeu politique et contrer l’influence financière des entreprises.

Les candidats devront bientôt notifier à la commission électorale fédérale (FEC) le montant des dons reçus au premier trimestre. Les résultats devraient montrer que l’argent, qui joue un rôle prépondérant dans la campagne, vient de plus en plus des électeurs.

Ils «veulent donner»

Pour les élections parlementaires de novembre, «il y a eu beaucoup d’énergie du côté démocrate et je ne vois pas les dons aux candidats ralentir, surtout alors que le président Donald Trump participe au scrutin», explique à l’AFP Patrick Burgwinkle, directeur de la communication du groupe End Citizens United, qui milite pour une réforme du financement politique.

Selon ActBlue, une ONG spécialiste dans les micro-dons, la campagne 2018 a généré 1,6 milliard de dollars (1,58 milliard de francs) de dons, avec une contribution moyenne de 39 dollars. Les électeurs démocrates «veulent donner», ajoute M. Burgwinkle, «pourvu que les candidats s’engagent vraiment pour réformer notre système».

Les démocrates réclament une refonte du financement électoral depuis 2010. La cour suprême avait alors abrogé le plafond des dons par les entreprises et les syndicats dans un arrêt très contesté, Citizens United vs FEC.

Cette décision a aussi permis à certains groupes de campagne indépendants (Super-PAC) de lever des sommes d’argent colossales pour leurs candidats, en grande majorité des républicains, même si les démocrates peuvent compter sur l’appui de riches donateurs, comme le milliardaire Tom Steyer.

«L’argent corrompt la politique»

Plusieurs candidats ont ainsi assuré qu’ils rendraient compte au peuple et non aux grandes entreprises ou aux généreux donateurs. «L’argent corrompt la politique. Il contrôle tout», a lancé en février la sénatrice Kirsten Gillibrand lors d’une réunion à Des Moines (Iowa), en expliquant pourquoi elle refusait les dons des PAC.

Comme les autres candidats, elle fait appel aux dons individuels. Des millions de courriels sont envoyés aux électeurs pour financer les coûteuses opérations de terrain, grâce notamment à d’énormes bases de données compilées sur les réseaux sociaux. Dans un message, le sénateur Cory Booker demande ainsi «même juste un dollar».

En 2016, le sénateur libéral Bernie Sanders avait axé sa campagne des primaires sur la réforme du financement électoral. En février, il est entré en fanfare dans la course pour 2020 en levant 5,9 millions de dollars en 24 heures. Plus de 220’000 personnes dans tout le pays ont donné 27 dollars en moyenne. «Les puissants intérêts particuliers ont peut-être l’argent, mais nous avons le peuple», avait-il réagi sur Twitter.

Petites coupures

Donald Trump n’est pas en reste. Le président a posé sa candidature pour 2020 le lendemain de son investiture. Depuis, il aurait levé plus de 100 millions de dollars, selon des chiffres datant d’octobre.

«Pour les démocrates, cela va être une chasse aux petites coupures», estime Anthony Corrado, de l’université Colby. «Bernie Sanders a prouvé en 2016 que l’on pouvait largement financer une campagne avec des petites contributions grâce à l’enthousiasme des électeurs», explique ce spécialiste du financement politique.

Beto O’Rourke, entré jeudi dans la course aux primaires, a fait appel à ActBlue pour gérer la page réservée aux dons sur son site de campagne. «Si 100’000 personnes donnent 10 dollars par mois, au final, cela fait beaucoup d’argent», dit Anthony Corrado.

(nxp/ats)