Philippines: Un groupe de paysans tués par la police

 

Des organisations de défense des droits de l’Homme ont accusé dimanche la police d’avoir massacré 14 paysans dans le centre des Philippines. De leur côté, les autorités disent avoir riposté à des attaques de rebelles communistes.

La police a affirmé que les 14 hommes avaient ouvert le feu samedi sur les forces de l’ordre qui procédaient à des perquisitions pour rechercher des armes. «Ils ont résisté à nos unités», a déclaré à l’AFP Edilberto Euraoba, un porte-parole de la police. «Nous avons été forcés de riposter. Certains des 14 hommes sont des paysans mais nous ne savons pas combien». La police a indiqué avoir arrêté 12 personnes et ajouté qu’un policier avait été blessé.

Mais des organisations de défense des droits de l’Homme et des associations ont affirmé que les 14 hommes étaient des paysans «sans défense», dont certains âgés, en s’appuyant sur les récits de témoins.

«Il est évident que c’était un massacre. Ils ont été présentés comme des membres ou des sympathisants de la rébellion communiste mais ce sont des paysans qui défendaient leurs droits», a déclaré à l’AFP Maria Sol Taule, de l’organisation Karapatan. «Le président Rodrigo Duterte attaque ses détracteurs, et même ceux qui se battent pour leurs droits. C’est une guerre totale contre quiconque est soupçonné d’être un ennemi, qu’il soit paysan ou avocat».

Insurrection communiste

L’archipel est depuis un demi-siècle aux prises avec une insurrection communiste meurtrière. Le président Duterte avait entamé des négociations de paix avec les rebelles après son élection en 2016, avant de quitter la table des discussions et d’ordonner de «détruire» la Nouvelle armée du peuple (NPA), la branche armée du Parti communiste des Philippines (PCP).

Les décès sont survenus dans trois incidents distincts sur l’île Negros, le coeur de l’industrie sucrière des Philippines, et qui compte parmi les plus riches propriétaires terriens du pays, ainsi que certains des ouvriers agricoles les plus pauvres.

Les querelles foncières sont de plus en plus vives aux Philippines, où le gouvernement est critiqué pour la lenteur des redistributions de terres. La Fédération des travailleurs agricoles a condamné ces décès, estimant qu’ils soulignaient les violations de plus en plus importantes des droits de l’Homme sur l’île Negros.

Les Philippines comptent 20 millions de paysans, soit un cinquième de sa population.

(nxp/ats)