Notre-Dame de Paris «La priorité c’était de sauver les deux beffrois»

 

«On ne s’imagine pas comme pompier de Paris un jour intervenir pour sauver Notre-Dame», a raconté mardi le lieutenant-colonel Gabriel Plus, porte-parole des pompiers de Paris, après plusieurs heures à lutter contre les flammes qui dévoraient l’un des joyaux de la France.

Comment cela se passe quand vous arrivez sur place?

«Il y a surtout les questions: Est-ce-qu’on va avoir le dessus? Est-ce-que c’est nous qui allons reprendre la main? Est-ce que cela ne va pas nous échapper?

Et là, il faut très rapidement faire les bons choix en prenant en compte le vent, en prenant en compte les travaux, en prenant en compte les moyens hydrauliques.

Le temps a joué au début contre nous, le vent a joué contre nous et il fallait reprendre le dessus.

La priorité que l’on s’était donné, c’était de sauver les deux beffrois (partie qui supporte les tours), et les deux beffrois ont été sauvés. Imaginez : la charpente des beffrois fragilisée, les cloches qui s’effondrent, c’était vraiment notre crainte!

Au début de notre action, il n’était pas inconsidéré de penser que la structure pouvait s’effondrer.»

Quel a été le principal défi de cette intervention hors norme?

«La sauvegarde des biens. Et l’ensemble des oeuvres d’art qui étaient dans la partie trésor ont été sorties.

La plupart du temps, les pompiers de Paris s’engagent pour préserver les personnes, là, il s’agissait vraiment de sauvegarder des biens, de préserver ce qui pouvait l’être encore, donc de faire des choix.

De se dire que la partie de la toiture prise par le feu n’était pas sauvable et de prendre le parti de mettre tous nos moyens pour protéger les deux beffrois, de mettre tous les moyens et les hommes qui étaient engagés à l’intérieur pour sauver les oeuvres.

Puis, à partir du moment où on a constaté que la flèche menaçait ruine, nous avons concentré notre effort sur l’extérieur et retiré les personnes qui étaient engagées à l’intérieur en les remplaçant par un robot qui permettait d’éteindre et de faire baisser la température à l’intérieur de la nef.»

Quel sera votre tâche dans les heures qui viennent?

«Il s’agit maintenant d’éteindre correctement ce feu.

Et puis le travail de demain, c’est de la surveillance, c’est être sûr qu’aucun foyer résiduel ne se renflamme, être sûrs que la structure est stabilisée. C’est pour ça qu’il y a des équipes avec des moyens lasers pour être sûr que la structure ne bouge pas.

Nos équipes de surveillance vont reconnaître l’ensemble des parties de Notre-Dame – les parties hautes, les parties intérieures, les murs, la voûte, les tours – pour être sûr que le feu ne reprenne pas. Et aussi pour constater la fragilité à tel ou tel endroit de l’édifice.

On ne s’imagine pas comme pompier de Paris un jour intervenir pour sauver Notre-Dame! C’était un défi immense! Il y a donc maintenant beaucoup d’émotion et un peu de satisfaction d’avoir pu sauver ce que l’on a sauvé.»

(nxp/afp)