DÉMISSION D’ABDOURAHMANE DIOUF : « IL Y A UN MALAISE DÉMOCRATIQUE À REWMI »

 

La saignée continue au sein du parti Rewmi. Après Thierno Bocoum, le parti d’Idrissa Seck a enregistré un autre grand départ. Il s’agit de celui de Abdourahmane Diouf, désormais ex porte-parole de Rewmi. Il a quitté sa formation politique pour atterrir à la tête du club des investisseurs. Si la décision est prise avec philosophie par les militants du parti, Serigne Saliou Guèye, analyste politique explique la saignée par la cohabitation plutôt difficile de son leader Idrissa Seck.

Le parti Rewmi a perdu sa « voix ». Abdourahmane Diouf est désormais l’ex porte-parole du Parti Rewmi d’Idrissa Seck. Ce dernier a rendu le tablier, dimanche, 21 avril 2019. Une décision surprenante mais accueillie avec philosophie par certains militants de Rewmi. Papa Daouda Badji, Responsable politique du parti à Bignona, avoue sans ambages que la démission d’Abdourahmane Diouf est une grande perte pour le Rewmi. « C’est un éminent cadre du parti qui nous quitte. Donc, nous ne dirons pas que c’est un non-évènement. C’est bien un évènement que nous avons accueilli avec tristesse et désolation », a expliqué M. Badji. Qui, toutefois, indique les militants du parti, quoique surpris, respectent la décision et la prennent avec philosophie.

Et d’indiquer que ce départ n’aura aucun impact négatif dans le fonctionnement dans leurs rangs d’autant que, rappelle-t-il : « Abdourahmane Diouf ne faisait pas de la politique à temps plein. Il était là que durant les périodes de précampagne et de campagne. Les vrais militants du parti, ce sont ceux qui sont dans les bases qui travaillent quotidiennement à massifier le parti. Ceux-là, sont toujours derrière Idrissa Seck et vont tout faire pour qu’il accède à la tête de ce pays ».

Même refrain pour Yankhoba Seydi, Secrétaire général du Parti. Qui désigne les deux adjoints de Diouf pour lui succéder au poste de porte-parole. « Nous avons pris sa démission avec beaucoup de sérénité. Il a donné les raisons que nous respectons. Dans notre parti, les gens sont libres d’adhérer et ils sont libres de sortir. Nous restons unis comme un seul homme derrière Idrissa Seck. Cela va être difficile de le remplacer mais ceux qui viendront feront bien le travail nécessaire », a soutenu Yancoba Seydi. Et d’ajouter : « Nous sommes un parti où règne la démocratie », justifie-t-il.

« Le départ de Abdourahmane Diouf était prévisible »

Un avis que ne partage pas l’analyste politique, Serigne Saliou Gueye. Pour lui, il y a un défaut de communication et un problème de démocratie au sein de Rewmi. « En lisant sa lettre, on ne sent pas un problème entre lui et Idrissa Seck. C’est normal, puisque c’est l’usage diplomatique qui accompagne les démissions au sein des partis politiques. Mais, à y regarder de fond, on sent nettement que ce départ était prévisible d’autant que depuis 2007, on sent qu’il y a des frustrations. Abdourahmane Diouf ne va pas les dévoiler publiquement. Thierno Bocoum n’avait pas étalé ses frustrations quand il partait, mais tout le monde savait qu’il était frustré de ne pas se trouver sur les listes législatives. On sent nettement qu’il y a un malaise démocratique au sein de Rewmi », a analysé Serigne Saliou Gueye. Avant de rappeler : « Yancoba Seydi avait déclaré que le véritable problème de Rewmi c’était Déthié Fall. Lors de sa dernière sortie, Abdourahmane Diouf avait, avec insistance, lancé un appel à Idrissa Seck en lui disant qu’il doit parler à ses militants. Le déficit de communication et le manque de démocratie au sein du Rewmi ont favorisé le départ d’Abdourahmane Diouf ».

« Idrissa Seck a été moulé dans l’ADN de Wade »

D’un autre côté, Serigne Saliou Guèye évoque la difficile cohabitation avec le leader du parti, Idrissa Seck. « Idrissa Seck est un pur produit d’Abdoulaye Wade. Regardez comment l’ancien président de la République gère son parti. Jusqu’à présent, c’est lui qui décide de la vie et de la mort de tous les étudiants libéraux. Idrissa Seck a été moulé dans l’Adn de Wade. Il a hérité d’Abdoulaye Wade ce gène autocratique dans la gestion de son parti », décrypte-t-il.

A l’en croire, cette démission va affaiblir le parti Rewmi dans la mesure où Abdourahmane Diouf était le grand communicant du parti. « Aujourd’hui, il y a lieu de déconcentrer les pouvoirs et de démocratiser le parti. Quand il y aura moins de frustration, il y aura moins de départ », soutient-il.

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