Kamikazes du Sri Lanka: Des gens riches et ayant parfois étudié à l’étranger

 

Le Sri Lanka a reconnu mercredi une «défaillance» en matière de sécurité. Les attentats djihadistes du dimanche de Pâques ont tué quelque 360 personnes, malgré des informations préalables de la communauté du renseignement.

La gestion des autorités dans les jours ayant précédé ces attentats suicides, revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), fait l’objet de critiques croissantes. Une note prévenant que le mouvement islamiste local National Thowheeth Jama’ath (NTJ) préparait des attentats, n’a pas été communiquée au chef de gouvernement et à des ministres de haut rang.

L’alerte se basait sur des éléments transmis par «une agence de renseignement étrangère» et avait été diffusée aux services de police. «Il y a clairement eu une défaillance de la communication de renseignements. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités car si l’information avait été transmise aux bonnes personnes, cela aurait pu éviter ou réduire» l’impact de ces attentats, a reconnu mercredi le vice-ministre de la Défense, Ruwan Wijewardene.

Nouvelles arrestations

Tandis que les cimetières sri-lankais assistaient à un défilé ininterrompu de funérailles de victimes de ces attentats, l’île poursuivait mercredi sa gigantesque traque de suspects. Lors de raids nocturnes, les forces de sécurité ont arrêté 18 personnes supplémentaires, qui s’ajoutent aux 40 interpellées depuis dimanche. Le bilan humain s’est encore alourdi, passant de 320 à 359 morts, avec quelque 500 blessés.

Les autorités ont attribué le bain de sang au groupe NTJ, qui ne l’a pas revendiqué, et n’ont pas encore confirmé officiellement l’implication de l’EI. Dans une conférence de presse mercredi, le vice-ministre de la Défense a déclaré que les attaques auraient été perpétrées par une «faction dissidente» du NTJ, sans autres détails.

«Le leader de (ce groupe) est l’un des kamikazes qui est mort», a-t-il déclaré. L’EI a revendiqué mardi ces attentats via son agence de propagande Amaq. Il s’agit de l’opération à l’étranger (hors Syrie et Irak) la plus meurtrière revendiquée par l’organisation, alors que son califat, proclamé en 2014, s’est effondré en mars.

Neuf kamikazes

Le gouvernement sri-lankais a annoncé mercredi que «neuf kamikazes» au total avaient péri au cours de cette journée. Huit ont été identifiés mais leurs noms n’ont pas été révélés. Sur les huit sites où des bombes ont explosé dimanche, six – trois églises à Colombo, Negombo et Batticaloa ainsi que trois hôtels de luxe à Colombo – ont été frappés en début de matinée par des attentats suicides.

Des explosions ultérieures se sont produites à la mi-journée en deux lieux distincts de la périphérie de Colombo: elles sont le fait de suspects qui se sont suicidés pour échapper à l’arrestation. Le sort du leader présumé du NTJ, Zahran Hashim, est inconnu pour le moment.

«La plupart» des kamikazes «sont éduqués et viennent de la classe moyenne ou la classe moyenne supérieure. Ils sont assez indépendants financièrement et leurs familles sont assez stables, ce qui est un facteur inquiétant», a rapporté M. Wijewardene. L’un des assaillants a étudié en Grande-Bretagne et effectué des études universitaires supérieures en Australie, a-t-il indiqué.

Crise au sommet

Le manque de transmission d’informations cruciales au sein de l’Etat sri-lankais pourrait relancer la crise à la tête du pays. La police est en effet du ressort du président Maithripala Sirisena, qui est en conflit ouvert avec le chef de gouvernement Ranil Wickremesinghe. Le premier avait limogé le second à l’automne mais avait été forcé de le réinvestir après sept semaines de chaos politique.

Les deux têtes de l’exécutif, aux personnalités antagonistes, se vouent une animosité réciproque et se mettent l’un l’autre des bâtons dans les roues. Le président Sirisena a annoncé qu’il procéderait dans la journée à «des changements importants» à la tête des forces de sécurité.

(nxp/ats)