Entretien avec Cheikhna Camara, maire de Ballou “Le problème sécuritaire dans la commune n’est pas pris à bras le corps par les autorités”

 

Quelques jours après l’attaque du bureau de la poste de Golmy qui a fait un mort et un blessé grave, le maire de la commune rencontré, n’a pas caché son amertume et son inquiétude face à l’insécurité grandissante dans sa commune. Pour Cheikhna Camara, le problème de la sécurité n’est pas pris à bras-le-corps par les autorités étatiques. Les bandits y entre et sortent quand ils le sentent, tuant parfois les populations. C’est ahurissant, a-t-il fulminé.

1-  Qu’est ce qui expliquerait cette recrudescence du banditisme dans votre commune ?

La commune de Ballou qui compte  35.000 habitants est une zone qui regorge un bon nombre d’expatriés. Et, cela depuis l’indépendance. En plus,  beaucoup de retraités de la France  et des veuves ont leurs pensions virées dans les différentes postes de la commune. Il y a aussi des centaines de boutiques dans tous les villages de la commune, nous avons 5 Bureaux de poste dans les 5 villages les plus peuplés de la commune.

Golmy seul compte 9.000 habitants, un Bureau de poste, deux écoles primaires, un collège, un lycée et un poste de santé, une pharmacie privée et plus de 100 boutiques et un marché hebdomadaire. Tous cela fait que la contrée est aujourd’hui sur la ligne de mire des bandits et autres brigands. En plus, ces derniers savent qu’après leur forfait commis, ils peuvent sans gros efforts fournis, rallier les pays frontaliers à  la commune pour échapper aux pandores. Au mois de février, la poste de Gabou a été attaquée. Ce jeudi, c’était autour de celle de  Golmy, demain à qui le tour ? Et à chaque fois, ils échappent aux pandores.

2- vous êtes frontaliers avec deux pays, comment trouvez vous la gestion de la sécurité ? 

Il n’y a qu’un poste de gendarmerie dans la commune peuplé de plusieurs dizaines de milliers d’âmes. Il est basé à Aroundou à quelques jets de pierre  du Mali. Seulement aussi,  les moyens qui leur sont alloués sont minimes. Les pandores ont sous leur contrôle, 11 villages et plusieurs milliers d’âmes. C’est énorme comparé aux moyens dont ils disposent. Du fait aussi de l’enclavement quasi général qui dure depuis l’indépendance, nous sommes à la merci de tous les bandits de la sous région. Notre sécurité et nos biens ne sont pas assurés par les autorités. Nous sommes à la merci des bandits qui y entrent et sortent quand ils veulent pour repartir tranquillement au Mali ou en Mauritanie.

Tous l’arsenal  sécuritaire est à Bakel où il y a un camp militaire, une compagnie de gendarmerie, une brigade entre autres.

Quant à notre commune, frontalière avec le Mali et la Mauritanie deux pays à haut risque, où se développe du trafic de tout genre, avec un contexte de terrorisme,  la sécurité  n’y est pas des meilleures.

3) Récemment il s’est tenu une rencontre inter-état sur la gestion des frontières, n’est ce pas un début de solution ? 

Les rencontres annuelles entre les hommes de sécurité du Sénégal et ceux de la Mauritanie ou du Mali se tiennent depuis des années maintenant. Seulement, elles n’apportent rien à  la population. Chaque année, il y a des morts enregistrés dans notre commune et on n’arrive pas à compter les vols à mains armées, de biens et de bétail. Nous ne sentons pas encore leurs effets.

4) Pour vous, quelle est la solution ? 

Nous ne disons pas que nous détenons la solution miracle. Cependant, nous exhortons l’état à mieux sécuriser les populations et la contrée. A chaque fois, nous sommes attaqués et parfois même tués. Ça doit cesser. Il faut  mettre en place des postes de gendarmerie équipés à Golmy et dans certains gros villages ou la concentration humaine et l’activité commerciale sont importantes. Il ne faut pas aussi qu’il soit juste des postes ouverts pour jeter de la poudre aux yeux des populations. Il faut les équiper en moyens logistique et humain et aussi en moyens navals pour qu’ils puissent au besoin, traquer les délinquants jusque dans leur dernier retranchement. C’est notre appel lancé au Président de la république et au gouvernement du Sénégal.

Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /