France: Perquisitions à la mairie de Lyon et chez Collomb

 

La mairie de Lyon et le domicile de Gérard Collomb ont été perquisitionnés mercredi dans le cadre d’une enquête préliminaire sur des soupçons de détournements de fonds publics au bénéfice d’une ex-compagne du maire, employée par la municipalité pour différentes fonctions depuis 1995.

L’ouverture de cette enquête pourrait porter un coup aux ambitions du baron lyonnais, réélu maire sans interruption depuis 2001, qui se prépare à briguer de nouveaux mandats l’année prochaine à la mairie et à la métropole.

A l’issue des perquisitions, la première «dès 6 heures 30» à son domicile dans le 5e arrondissement, «suivie d’une autre à l’Hôtel de ville», Gérard Collomb a estimé dans un communiqué que ce «procédé» ne laissait pas «d’interpeller quant à la période choisie, après la campagne des européennes et juste avant l’ouverture des municipales».

«Rien à cacher»

Annoncées dans la matinée par le quotidien «Le Parisien», les perquisitions ont été confirmées à l’AFP par le Parquet national financier. «N’ayant rien caché ni rien à cacher, je reste bien évidemment à la disposition de la justice. En 40 ans de vie publique, celle-ci n’a jamais rien eu à me reprocher, les Lyonnais le savent bien», a ajouté le maire de Lyon.

Selon «Le Canard Enchaîné» qui a révélé l’existence de cette enquête, c’est à la suite d’un rapport provisoire de la chambre régionale des comptes (CRC) d’Auvergne-Rhône-Alpes consacré à la gestion de la ville de Lyon, transmis au Parquet national financier, que cette enquête préliminaire a été ouverte.

Dans une réaction transmise à l’AFP avant les perquisitions de mercredi, l’ancien ministre de l’Intérieur s’était étonné «qu’on ait pu diffuser des informations tant inacceptables qu’intolérables», alors que les conclusions d’une enquête administrative – diligentée par ses soins – ne sont pas encore connues.

Eventuel «détournement de fonds publics»

Selon les magistrats de la CRC cités par «Le Canard enchaîné», Gérard Collomb aurait «fait bénéficier son ex-compagne (Meriem Nouri) de plusieurs emplois municipaux depuis plus de vingt ans». A charge pour les enquêteurs d’établir un éventuel «détournement de fonds publics».

L’ex-ministre de l’Intérieur a reconnu mardi soir que Mme Nouri avait été employée par la ville de Lyon dans différentes fonctions depuis 1995 – date à laquelle elle partageait la vie du maire PS du 9e arrondissement.

Selon une biographie du maire de Lyon parue en 2013, M. Collomb l’a rencontrée après avoir été quitté par sa première femme, alors que Mme Nouri travaillait à la Fédération socialiste du Rhône. L’ouvrage évoque «une histoire d’amour passionnée» qui a duré trois ans et a donné naissance à l’un des enfants de M. Collomb, remarié depuis 2001 avec son actuelle épouse Caroline.

Un «signalement» énigmatique

Dans son communiqué de mardi soir, M. Collomb a évoqué un «signalement» effectué par la hiérarchie de son ancienne compagne en novembre 2017, quand il était encore ministre de l’Intérieur et loin de Lyon. Mais il ne précise ni l’objet de ce signalement, ni la fonction alors occupée par Mme Nouri.

«J’ai seulement été informé de ce fait en février 2019», a-t-il expliqué, précisant avoir alors diligenté une enquête administrative toujours en cours. Sans savoir que la Chambre régionale des comptes se penchait aussi sur les emplois de son ex-compagne.

Selon M. Collomb, Mme Nouri avait été «titularisée comme agent administratif en juin 2005». Puis de 2005 à 2009, elle a occupé divers emplois en mairies d’arrondissement avant d’être employée «sur des projets urbains» jusqu’à l’été 2015. «Depuis début 2018, Mme Nouri a été affectée d’abord dans une bibliothèque municipale puis dans une mairie d’arrondissement où elle travaille actuellement», a encore indiqué l’ex-ministre de l’Intérieur.

Pas la première fois

Ce n’est pas la première fois que le travail de cette femme dans des services municipaux agite le landerneau politique lyonnais. Un observateur averti se souvient ainsi que des rumeurs d’emploi fictif avaient déjà couru lors de la campagne des municipales de 2008. D’autres sources locales évoquent une femme à la personnalité imprévisible, potentiellement gênante pour la carrière de l’élu.

Aux yeux de l’intéressé, les motifs de l’ouverture de cette enquête sont limpides: «il n’échappera à personne les véritables raisons qui conduisent ceux qui ont pris l’initiative de diffuser de telles informations de m’atteindre à 10 mois des élections municipales», a-t-il tonné.

Cette affaire survient dans un contexte politique délicat pour M. Collomb, défié dans ses propres rangs LREM pour le prochain scrutin par son ancien dauphin et actuel président de la métropole lyonnaise, David Kimelfeld.

(nxp/afp)