Tunisie: Deux attentats tuent au moins un policier à Tunis

 

Un double attentat visant la police a fait jeudi au moins un mort et huit blessés à Tunis. Ces attaques font ressurgir le spectre de la violence dans le pays à l’ouverture de la saison touristique et à quelques mois d’échéances électorales.

Peu après les attentats, la présidence de la République a indiqué que le chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi, 92 ans, a été hospitalisé après avoir fait un «grave» malaise. «La situation du président est critique» mais «stable», a indiqué sur Twitter son conseiller Firas Guefrech, démentant des rumeurs faisant état de sa mort.

Sus aux informations fausses

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a indiqué sur sa page Facebook qu’il s’était rendu au chevet du président. «Je tiens à rassurer les Tunisiens, le président est en train de recevoir les soins nécessaires», appelant à «ne pas diffuser d’informations fausses semant la confusion».

M. Essebsi avait déjà été hospitalisé en fin de semaine dernière, un des conseillers de la présidence assurant alors qu’il s’agissait d’examens de routine, tandis qu’un autre évoquait un souci de santé mineur.

Sur l’avenue Bourguiba

Sur la principale avenue de Tunis, l’avenue Habib Bourguiba, un kamikaze a visé un véhicule de police en milieu de matinée, blessant trois civils et deux policiers, selon un premier bilan du ministère de l’Intérieur. L’un des policiers est décédé de ses blessures, a ensuite précisé le ministère.

Il s’agit du premier attentat dans la capitale depuis celui perpétré le 30 octobre, également sur l’avenue Bourguiba, par une femme kamikaze, qui avait fait au mois 26 blessés, en majorité des policiers.

Des morceaux de corps, probablement celui du kamikaze, jonchaient jeudi la chaussée autour de cette voiture, a constaté une journaliste de l’AFP sur place. L’attentat s’est produit non loin de l’ambassade de France.

Des passants se sont évanouis sous le choc, et de nombreux commerces et administrations du centre-ville ont aussitôt baissé leurs rideaux.

Garde nationale visée

Rapidement, des forces de sécurité ont été déployées sur le lieu de l’attentat, où des badauds se sont attroupés malgré les avertissements lancés sur un ton agressif par des agents de police, en panique.

Une demi-heure plus tard, un deuxième attentat suicide a visé un complexe de la Garde nationale à la périphérie de Tunis, faisant quatre blessés parmi les policiers, a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Le kamikaze s’est fait exploser «à 11H00 devant la porte arrière» du complexe de Gorjani, où sont rassemblés des services de la Garde nationale, de la police judiciaire et des services d’enquête antiterroriste, a déclaré le porte-parole du ministère, Sofiène Zaag.

Pas de revendication immédiate

Les deux attentats n’ont pas été revendiqués dans l’immédiat. Ils interviennent à la veille de la saison touristique, qualifiée de prometteuse par des responsables tunisiens, et à l’approche d’élections présidentielle et législatives, prévues en octobre et novembre. Après un soulèvement en 2011 ayant mené à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance djihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et touristes étrangers.

En octobre, après l’attentat commis sur l’avenue Bourguiba par une femme kamikaze, le président tunisien avait regretté une «tragédie». «Nous avons cru que nous avions éradiqué le terrorisme mais il est toujours présent au coeur de la capitale», avait-il déclaré.

Depuis l’attaque suicide le 24 novembre 2015 contre un bus de la garde présidentielle, qui avait tué 12 agents en plein centre de Tunis, l’état d’urgence a été constamment renouvelé dans le pays. Cette attaque avait été revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI).

La même année, 60 personnes dont 59 touristes, avaient été tuées dans d’autres attentats contre le musée du Bardo à Tunis, le 18 mars, puis contre une plage et un hôtel près de Sousse, le 26 juin. Ces deux attaques avaient aussi été revendiquées par l’EI.

(nxp/afp)