Municipales: Elections locales sous tension en Albanie

 

Les municipales en Albanie se tiennent dans une ambiance tendue dimanche. La droite les boycotte et a organisé des manifestations émaillées de violence. Le pouvoir socialiste a quant à lui refusé de les reporter, malgré la crise politique.

Les municipales en Albanie se tiennent dans une ambiance tendue dimanche. La droite les boycotte et a organisé des manifestations émaillées de violence. Le pouvoir socialiste a quant à lui refusé de les reporter, malgré la crise politique.

La droite, dont les députés ont déjà démissionné du Parlement début 2019, accuse le Premier ministre Edi Rama de fraude électorale passée et de liens avec le crime organisé, allégations que réfute l’intéressé. L’opposition exige son départ depuis des mois.

Edi Rama a refusé de reporter ce scrutin municipal malgré la décision en ce sens du président Ilir Meta, un de ses adversaires politiques, qui avait expliqué vouloir préserver la stabilité du pays. Dominé par les socialistes, le Parlement a déclaré cette décision anticonstitutionnelle et engagé une procédure de destitution.

Bureaux de vote attaqués

Dans plus de la moitié des 61 communes, les candidats socialistes sont seuls en lice. Ailleurs, ils sont opposés à des adversaires de petits partis ou à des indépendants. L’opposition, qui contrôle aujourd’hui à peu près la moitié des municipalités, a déjà prévenu qu’elle ne reconnaîtrait pas le scrutin.

Durant la campagne, les militants du Parti démocratique (droite) ont manifesté, attaquant parfois des bureaux de vote pour y détruire le matériel électoral. Deux écoles ont été incendiées.

«La crise politique n’a pas encore atteint son pic», prévient Lutfi Dervishi, un analyste indépendant de l’Institut des médias de Tirana. Quelque 7000 policiers sont mobilisés pour surveiller le bon déroulement du vote, selon les autorités.

«Test de maturité démocratique»

Pour le politologue Aleksander Cipa, ce scrutin local est un «test de la maturité démocratique» du pays. «L’Albanie, sa démocratie et sa classe politique, pâtiraient de tout acte de violence.»

La crise politique dans cet Etat pauvre et fragile du sud-est européen, peuplé de 2,8 millions d’habitants, a suscité l’inquiétude des diplomaties américaine et européenne. Celles-ci ont appelé au calme.

«Toute tentative de faire dérailler par la violence le processus démocratique sera un coup d’arrêt pour l’Albanie et abîmera sa réputation internationale», a prévenu dans un communiqué l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L’Albanie saura à l’automne si les Etats-membres de l’UE acceptent d’ouvrir des négociations d’adhésion.

Depuis la chute du communisme en 1991, l’Albanie peine à établir un fonctionnement démocratique apaisé. La rhétorique politique y est très violente, chaque camp accusant l’autre d’être notamment aux mains du crime organisé.

(nxp/ats)