Vol MH370 «Quelqu’un était aux commandes» jusqu’à la fin

La France est le dernier pays à encore enquêter sur le plus grand mystère de l’aviation civile: la disparition du vol MH370, survenue le 8 mars 2014. La justice hexagonale est compétente en raison de la présence à bord de trois de ses ressortissants. Alors qu’en juillet 2018, l’équipe internationale d’investigation menée par la Malaisie rendait son rapport en indiquant que la véritable cause de la disparition du Boeing 777 n’avait pas pu être établie, l’affaire semble connaître un nouvel élan.

Selon «Le Parisien», les enquêteurs français ont récemment pu amasser de précieuses informations lors d’une visite au siège de Boeing, à Seattle (Etats-Unis). L’équipe a notamment pu mettre la main sur les données satellites de l’avion. Il lui faudra désormais environ un an de travail pour les décortiquer et les analyser. Lors de leur voyage outre-Atlantique, les enquêteurs français ont par ailleurs pu déterminer que le vol MH370 avait été piloté jusqu’au bout: il y avait bel et bien quelqu’un aux commandes quand l’appareil s’est crashé dans l’océan Indien.

Les juges restent prudents et indiquent que «rien ne permet de dire que le pilote est impliqué». Mais dans le cercle proche des investigations, la thèse du suicide, déjà évoquée par plusieurs experts et récemment relancée par le journaliste et ex-pilote William Langewiesche, on estime que cette piste est la plus plausible. «Certains virages anormaux réalisés par le 777 ne peuvent avoir été réalisés qu’en manuel. Quelqu’un était donc aux commandes», explique une source proche de l’enquête. Zaharie Ahmad Shah a-t-il volontairement précipité l’avion vers un destin tragique? «Il est trop tôt pour l’affirmer catégoriquement. Mais rien n’accrédite que quelqu’un d’autre ait pu entrer dans le cockpit», poursuit cette source.

«Plusieurs listes de passagers contradictoires»

Pilote expérimenté, le Malaisien ne présentait pas un profil suicidaire, mais il était un fervent opposant au parti politique au pouvoir dans son pays. La veille de la disparition du MH370, il avait prévu d’aller assister au procès d’Anwar Ibrahim, leader de l’opposition de centre-gauche malaisienne. «C’est très complexe et intime, les causes d’un suicide», glisse un «bon connaisseur du dossier». Dans leur rapport final, les autorités malaisiennes semblaient pourtant mettre hors de cause le commandant de bord. «Ce n’est pas étonnant. La Malaisie n’a aucun intérêt à incriminer la compagnie aérienne nationale», estime la source.

Des zones d’ombre et des incohérences persistent. La piste terroriste et celle d’un sabotage ont été exploitées, mais les autorités n’ont rien pu prouver. «On se rend compte qu’il y a plusieurs listes de passagers contradictoires, par exemple sur le placement des passagers», indique Ghyslain Wattrelos, le Français qui a perdu sa femme et deux de ses enfants dans le drame. Il y a aussi cet étrange chargement de 89 kilos rajouté sur la liste de vol après le décollage. Un conteneur était également surchargé, sans que l’on en connaisse les raisons. «C’est peut-être de l’incompétence ou une manipulation. Tout est possible. Ça fera partie des questions à poser aux Malaisiens», conclut M. Wattrelos.

(joc)