Colombie: La capture d’un ex-Farc mise à prix par Bogota

 

Bogota a promis jeudi une récompense équivalente à près d’un million de dollars pour la capture du parlementaire Jesus Santrich, un ex-chef des Farc recherché pour trafic de drogue présumé et soupçonné d’avoir fui au Venezuela.

Le général de police Oscar Atehortua a annoncé sur Twitter une «récompense jusqu’à 3 milliards de pesos» colombiens, soit 937’000 dollars, à toute personne qui fournirait des informations permettant la capture de l’ancien chef rebelle.

Plus tôt, le président colombien Ivan Duque avait déclaré que Jesus Santrich avait probablement fui au Venezuela. «Cette probabilité est réelle parce que (le Venezuela) se trouve près de la zone où il a fui», a déclaré le chef de l’Etat colombien dans un entretien accordé à un média de la ville de Barranquilla (nord).

Interpol alerté

Ancien négociateur de l’accord de paix signé fin 2016 en Colombie par la guérilla, Jesus Santrich, 52 ans et malvoyant, est désormais un des dirigeants du parti Force alternative révolutionnaire commune (Farc) créé par l’ancienne guérilla après son désarmement.

L’ancien commandant, qui a disparu le 30 juin dans le nord du pays, ne s’est pas présenté mardi à une audience devant la Cour suprême liée à son inculpation pour trafic de drogue. Cette dernière a ordonné son arrestation et demandé à Interpol sa localisation et son interpellation aux fins d’extradition.

«Aucun pays ne peut lui assurer une protection (…) et si un pays est en train de le protéger, nous allons le dénoncer au niveau international», a mis en garde le président colombien.

Washington veut son extradition

Jesus Santrich a été désigné au Parlement en application de l’accord de paix octroyant 10 sièges au parti Farc. Mais Washington a requis son extradition en l’accusant d’avoir tenté d’exporter de la cocaïne vers les Etats-Unis après l’accord.

Outre la Cour suprême, l’ancien rebelle devait se présenter devant la Juridiction spéciale de paix (JEP) chargée de juger les crimes les plus graves commis par les ex-guérilleros et les militaires, pendant 52 ans de rébellion des ex-Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

S’il manquait à cette obligation, il pourrait perdre les bénéfices judiciaires prévus par l’accord, qui a permis le désarmement d’environ 7000 rebelles combattants et a été signé par l’ancien président centriste et prix Nobel de la paix Juan Manuel Santos (2010-2018).

Jesus Santrich avait été arrêté en avril 2018 à la suite de la demande d’extradition des Etats-Unis. Mais il a été remis en liberté le 31 mai sur ordre de la Cour suprême, qui s’est déclarée compétente du fait de son mandat de député. L’ancien chef des Farc a toujours clamé son innocence et accuse le parquet colombien et les Etats-Unis d’ourdir un complot pour torpiller l’accord de paix.

(nxp/afp)