Royaume Uni: La victoire ne devrait pas échapper à Boris Johnson.

 

Les Britanniques connaîtront mardi le nom du successeur de la Première ministre conservatrice Theresa May, une place qui semble promise à l’excentrique, et controversé, Boris Johnson, dont l’arrivée au pouvoir renforcerait la possibilité d’un Brexit sans accord. Le député de 55 ans est opposé dans cette course au pouvoir à Jeremy Hunt, 52 ans, son successeur à la tête de la diplomatie britannique.

Mais sauf énorme surprise, la victoire ne devrait pas échapper à Boris Johnson, grandissime favori des sondages comme des bookmakers et chouchou des militants de la base du parti conservateur. C’est d’ailleurs aux 160’000 membres du parti tory qu’il revient de départager les deux hommes. Les votes seront clos lundi, avant l’annonce des résultats, mardi matin.

Le vainqueur sera désigné chef du parti conservateur et devrait se rendre mercredi devant la reine Elizabeth II. Celle-ci lui confiera la responsabilité de former le gouvernement.

Le futur Premier ministre aura alors la lourde tâche de réussir là où Theresa May a échoué: mettre en oeuvre le Brexit dans un pays toujours profondément divisé sur la question trois ans après le référendum sur l’UE du 23 juin 2016.

«Il fait n’importe quoi»

En témoignent les dizaines de milliers de personnes qui se sont réunies samedi dans les rues de Londres pour dire «Oui à l’Europe». Et «non à Boris». L’intéressé a eu droit à un immense ballon gonflable à son effigie tournant en ridicule sa célèbre tignasse blonde. «(Il) dit n’importe quoi, promet n’importe quoi et fait ce qui lui plaît», a estimé un manifestant, Michael Fowler, coiffé d’un béret aux couleurs du drapeau européen.

Personnalité fantasque, connu pour ses frasques et ses gaffes, l’ancien maire de Londres suscite une profonde inimitié chez les adversaires du Brexit. Nombres d’entre eux considèrent son ralliement à la sortie de l’UE, quelques mois avant le référendum de 2016, comme un moyen d’assouvir ses ambitions personnelles.

Trump: «J’aime bien Boris»

Pour l’emporter, Boris Johnson joue la carte de sauveur du Brexit, prévu initialement le 29 mars mais repoussé au 31 octobre, et vante sa détermination, son «optimisme»: «là où il y a de la volonté, il y a une solution», déclare-t-il à l’envi.

Le Brexit, assure-t-il, aura lieu le 31 octobre, quitte à sortir sans accord («no deal») si l’Union européenne refuse de rouvrir les négociations, comme elle l’a déjà fait savoir. Les craintes d’un divorce sans accord, synonyme de retour des formalités douanières, ont fait chuter la livre sterling cette semaine, qui a touché de nouveaux plus bas face à l’euro et au dollar.

Boris Johnson a reçu une nouvelle fois vendredi le soutien de Donald Trump. «J’aime bien Boris Johnson, je lui ai parlé hier, je pense qu’il fera un excellent travail», a déclaré le président américain, taclant au passage Theresa May, qui «a fait du très mauvais boulot sur le Brexit».

May députée

Face à Boris Johnson, Jeremy Hunt met en avant son profil d’ancien entrepreneur et se pose comme un candidat sérieux, pour contraster avec la personnalité de son rival. Le ministre des Affaires étrangères, particulièrement occupé ce week-end en raison des tensions avec l’Iran, a indiqué qu’il «permettrait» un report du Brexit de «quelques jours de plus» s’il parvient à négocier un nouvel accord avec Bruxelles.

La Première ministre Theresa May, qui rejoindra les bancs du Parlement de Westminster comme députée, a assuré au journal «Daily Express» qu’elle serait «totalement loyale» à son successeur. Même dans le cas où Boris Johnson, qui n’avait pas ménagé ses critiques à son endroit, l’emporterait.

(nxp/ats)