Naufrage en Libye «Un homme a vu disparaître toute sa famille»

 

L’équipe de Médecins sans Frontières en Libye qui a prodigué des soins à 135 migrants rescapés jeudi du naufrage de leurs embarcations estime, selon les récits recueillis auprès des survivants, que près de 400 personnes se trouvaient à bord.

«Manifestement il y a encore des gens en mer», a indiqué au téléphone à l’AFP Julien Raickman, chef de mission MSF pour la Libye basé à Tunis.

Selon lui, les naufragés «sont partis hier (mercredi) vers 19h, au coucher du soleil, possiblement à bord de trois bateaux arrimés les uns aux autres, ce qui expliquerait leur désintégration, d’après le récit des témoins et des survivants».

Gens choqués

«Un bateau faisait la navette pour remplir deux embarcations avec 300 personnes et, au dernier voyage, celui qui faisait la navette en a embarqué une centaine à son tour, soit 400 passagers au total» insiste-t-il.

MSF s’est occupé à partir de la mi-journée de deux groupes de 53 et 82 personnes, soit 135 personnes, dont sept ont dû être adressées à l’hôpital local, «ramenées à terre par des pêcheurs libyens et non par les garde-côtes libyens», affirme-t-il.

«Les gens étaient extrêmement choqués, un homme tiré de l’eau alors qu’il se noyait a vu disparaître toute sa famille», rapporte Julien Raickman, qui s’inquiète du faible nombre d’enfants secourus: «Apparemment, beaucoup ont disparu».

«Il y avait 400 personnes à sauver en mer, dont moins d’un tiers a été secouru», martèle-t-il.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 145 migrants ont été secourus et 110 sont portés disparus. Un porte-parole de la marine libyenne, le général Ayoub Kacem, affirme pour sa part que 115 sont portés disparus.

Le naufrage est survenu au large de la ville libyenne de Khoms, à 120 km à l’est de la capitale Tripoli.

Jeudi soir, une opération était toujours en cours, conduite cette fois par des garde-côtes libyens, affirme Julien Raickman.

Récit de survivants

En revanche MSF dément que ces derniers se soient portés au secours des premiers rescapés. «Ce sont des pêcheurs qui les ont secourus», martèle-t-il, en regrettant «le manque de présence internationale, indépendante et objective» dans les centres de débarquement.

Depuis le début de l’année, selon les décomptes de l’OIM et de l’ONU, 426 personnes se sont noyées en Méditerranée centrale.

«Cette estimation se fonde sur le récit des survivants. Mais combien d’embarcations ont entièrement disparu, qui ne seront jamais comptabilisées?», demande Julien Raickman.

Depuis deux ans, l’Union européenne apporte un soutien aux garde-côtes libyens pour qu’ils freinent les arrivées sur les côtes italiennes, les plus proches, et se félicite de la baisse du nombre d’arrivées.

Mais selon MSF, le nombre de départs n’a pas du tout cessé et la Méditerranée est devenue la voie maritime la plus meutrière au monde.

(nxp/afp)