Tambacounda : Bfem 2019, Ibrahima Sy, candidat à 72 ans, passe au second tour.

 

Il est peut être le candidat le plus âgé de l’histoire du Bfem dans le pays voire dans le monde entier. N’empêche, il l’a réussi tout de même. Candidat à l’examen du Bfem de cette année, Ibrahima Sy, 72 ans a été déclaré admis à l’issue des épreuves du second groupe au jury du centre de Kothiary dans L’Ief de Goudiry.  Né un jour de l’année 1947a Bala,  une commune dans le Goudiry, l’homme s’est entretenu avec le Quotidien a coeur ouvert sur sa réussite.

Ibrahima Sy plus connu sous le nom  de Sy Bathie est un véritable téméraire. A 72ans, il est candidat au Bfem. Il le réussit tout de même.  Les nombreux années passées n’ont pas altéré son esprit qui demeure toujours fertile. En atteste l’exploit réussi en décrochant le Bfem à 72ans. Le visage ridé, les gestes lents, la voix gagnée par l’âge, il a été trouvé assis sur une table-banc d’écolier, sous un arbre, à  Kothiary, certainement en train de méditer le parcours fait pour en arriver à ce résultat. Emmitouflé dans un caftan vert olive, le bonnet bien vicé à la tête, Sy Bathie s’est dit réjoui d’avoir réussi au brevet de fin d’études moyennes de cette année. C’est après d’âpres sacrifices que la réussite a suivi, a-t-il expliqué d’une voix étreinte par le poids de l’âge. “Intelligent et très studieux, je l’ai été”, nous raconte le “néo breveté “de 72ans. Sur son cursus scolaire, il nous dit avoir été jusqu’en classe de troisième. Cela, dans les années 1960. “C’est en 1966 que j’ai fait la 3e. A l’époque j’etudiais à l’école Adventis, près du cinéma El Mansour”, raconte-t-il. Après l’école primaire à Goudiry et le CEPE en poche en 1961, je suis allé à Dakar pour continuer mes études. L’année suivante, j’ai réussi à l’entrée en 6ème à l’école de la rue de Thionk, en 1962. C’est en classe de 4e que j’ai eu quelques soucis qui ont un peu perturbé ma scolarité. N’empêche, en 66, j’ai fait la troisième à Adventis. A l’examen, j’étais tellement sûr de moi même que je ne pouvais pas m’imaginer même pour le second tour. Cependant, à la sortie des résultats, il était indiqué que je dois subir les épreuves du second groupe. J’étais hors de moi et j’ai pensé que c’était injuste. J’ai boycotté les épreuves et décidé de tourner le dos à l’école. J’étais bien en maths et dans les autres disciplines scientifiques. En français, j’étais aussi à l’aise car la lecture est ma passion.

Obtenir le Bfem, un défi pour le vieillard. 

Après avoir vu ses études arrêtées, notre candidat s’est envolé pour la France comme savaient le faire à l’époque ses parents Boundounke. En 1968, j’ai quitté le pays pour une aventure en France. J’y ai passé un bon bout de temps. Seulement, explique-t-il, il fallait qu’il passe le Bfem. J’ai commencé par m’approcher d’un professeur d’arabe du lycée de Kothiary qui me mettait en rapport avec des élèves qui me prêtaient leurs cahiers ou m’apportaient quelques documentations. Je m’exercais souvent seul pour me rappeler de certaines notions. Beaucoup de choses ont changé entre temps surtout au niveau des mathématiques, de la physique et chimie, de la science de la vie et de la terre, entre autres. Mais, j’ai tenu bon et continuer d’y croire. Le mois de ramadan de cette année passé à Dakar m’a beaucoup aidé dans les révisions. A côté  de l’école des sapeurs-pompiers, il y a un grand arbre sous lequel je m’installais pour réviser les cours. J’en ai profité réellement.

Sur les épreuves, il juge le français et l’histoire et la géographie abordables. Mais les maths ont été difficiles, a martelé l’ancien mathématicien des années 60.

A la sortie des résultats, quand j’ai été informé que je devais repasser pour les épreuves du second groupe, ça a été une grande fierté. Je me suis dit au fond de moi que, mon rêve est sur le point de se réaliser. J’ai pas baissé garde et j’y ai encore cru jusqu’au soir d’hier mercredi, quand les résultats définitifs sont tombés. Je suis vraiment satisfait. Il promet encore, si Dieu lui prête longue vie, de se préparer pour le Bac.

Nous lui disons félicitations et bon courage

Par Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /