Etats-Unis: La policière qui a tué son voisin noir va en prison

 

Une ex-policière américaine blanche a été condamnée mercredi à dix ans de prison pour avoir tué un voisin noir, qu’elle avait abattu chez lui en 2018 au Texas après avoir affirmé s’être trompée d’appartement.

Jugée par un tribunal de Dallas, Amber G., 31 ans, avait été reconnue mardi coupable de meurtre sur la victime, Botham Jean. Elle encourait entre cinq et 99 ans de prison. L’accusation réclamait qu’elle soit condamnée à 28 ans de réclusion, l’âge qu’aurait eu aujourd’hui sa victime.

Après l’énoncé de la sentence, la juge Tammy Kemp est allée enlacer la mère de Botham Jean, Allison, en lui glissant quelques mots à l’oreille. Elle a ensuite brièvement échangé avec la condamnée, qui devait être incarcérée dès sa sortie du tribunal.

«C’est bien sûr insuffisant»

«Le jury a condamné Amber G. à dix ans. C’est bien sûr insuffisant. Le système judiciaire tout entier est insuffisant et le travail doit continuer», a réagi sur Twitter l’avocat de la famille Jean, Lee Merritt.

La veille, lorsque la policière avait été reconnue coupable, il avait salué «une grande victoire pour les Noirs en Amérique». Les statistiques judiciaires montrent qu’il est rare aux Etats-Unis qu’un policier blanc ayant tué un Noir soit condamné pour meurtre.

Amber G., qui venait de terminer son service et portait encore son uniforme, était entrée dans un appartement à l’étage au-dessus du sien le 6 septembre 2018. Dans la pénombre, pensant avoir affaire à un intrus, elle avait ouvert le feu sur le jeune homme de 26 ans, qui était assis sur son canapé et n’était pas armé. Le jeune consultant, originaire de l’île de Sainte-Lucie dans les Caraïbes, avait été admis à l’hôpital, où il avait succombé à ses blessures.

«Peur de mourir»

Lors du procès, qui s’est ouvert début septembre, la jeune femme a assuré avoir garé sa voiture au mauvais étage, sans se rendre compte de son erreur, avant de se diriger vers le mauvais appartement. Elle plaidait une «tragique erreur» de jugement due à une longue journée de travail, affirmant avoir tiré par «peur de mourir».

Mais pour l’accusation, la policière a manqué plusieurs occasions évidentes de réaliser qu’elle était au mauvais étage et avait d’autres options que d’entrer dans l’appartement. Elle aurait dû suivre la procédure policière et rester en retrait pour appeler du renfort, avait estimé le procureur Jason Hermus. «Si vous aviez fait l’une de ces choses, M. Jean serait probablement encore en vie aujourd’hui», avait-il lancé vendredi.

L’accusation a également révélé mercredi, avant la délibération du jury, l’existence de messages racistes envoyés à son partenaire quelques mois avant le drame.

Initialement poursuivie pour «homicide involontaire», Amber G. avait ensuite été inculpée pour «meurtre». Elle a été licenciée de la police de Dallas, pour laquelle elle travaillait depuis quatre ans.

(nxp/afp)