Amadou Diallo, Consul général du Sénégal à Paris : «Les Sénégalais de France véhiculent globalement une bonne image de notre pays»

 

En poste à Paris depuis six ans, le consul général, Amadou Diallo, a indiqué que les Sénégalais sont bien installés, et jouent leur rôle d’ambassadeurs du Sénégal en France. Mieux, ils véhiculent globalement une « bonne image », malgré quelques difficultés.

D’habitude, les Sénégalais s’adaptent bien partout où ils se trouvent. Comment se passe leur intégration en France ?
Je dis souvent que les Sénégalais ne s’intègrent pas en France. Ils sont, de fait, intégrés dans leur pays d’accueil [la France]. Nous sommes un pays francophone, dans un espace francophone. Nous connaissons très bien la France et les Français connaissent le Sénégal. Il y a beaucoup de binationaux entre les deux pays. Les trois quart des Sénégalais sont des binationaux. Près de 600.000 Franco-sénégalais peuvent vivre, soit au Sénégal, soit en France, parce qu’ils ont la double nationalité. Les deux pays entretiennent des relations historiques et des liens très forts qui vont au-delà des institutions. Les gens s’intègrent assez facilement. Je rencontre régulièrement les autorités françaises (les préfets).
Nous avons une bonne note auprès de celles-ci. Les Sénégalais sont bien installés, et ils sont vraiment dans leur rôle d’ambassadeurs de notre pays. Ils véhiculent une bonne image de façon globale, même s’il y a parfois des couacs. C’est tout à fait normal. Ils sont très respectés dans leurs lieux d’habitation. Ce sont nos relais dans ces zones-là.

Quelles sont les difficultés auxquelles les Sénégalais font face en France ?
Les difficultés sont liées aux démarches administratives. La première chose à faire quand vous souhaitez vous installer en France, c’est d’aller à la préfecture et d’avoir un document qui vous permet d’y vivre tranquillement, notamment le titre de séjour. Ce document vous donne ou pas le droit de travailler. Une fois ce droit acquis, vous pouvez entreprendre des démarches pour chercher du travail. Mais en général, les Sénégalais sont beaux débrouillards. Et quand ils ont le document, ils trouvent facilement du travail. C’est vraiment un marché transparent. Quand vous cherchez du travail, vous savez où passer. Il y a des difficultés de nature administrative, de logement, etc. Généralement, tout se passe très bien pour la plupart de la communauté sénégalaise.

Très souvent, on indexe la difficulté liée au renouvèlement de passeport. Qu’en est-il ?
Dans les services consulaires, on peut toujours améliorer les choses. Mais pour le passeport, on l’obtient facilement aujourd’hui. Nous recevons tous les jours entre 120 et 150 personnes. Et tous les jours, nous remettons autant de passeports aux demandeurs. Il y a donc une connexion avec le Sénégal. Je pense que le problème du passeport, quand on compare le Sénégal avec d’autres pays comme la France, le nôtre est en avance. Vous pouvez déposer votre passeport, et le récupérer trois jours après. C’est un acquis de taille. Il y a une qualité et une sécurité dans la délivrance de ce document bien qu’il y ait toujours des améliorations à faire. Mais quand on nous compare aux pays de même niveau que nous ou des pays développés, nous sommes vraiment en avance.

On a souvent reproché aux représentations diplomatiques sénégalaises de ne pas bien assister les compatriotes détenus à l’étranger. Pour ceux en France, ce grief est-il justifié ?
Les services consulaires assistent les Sénégalais dans toute situation. Que ça soit en milieu carcéral ou médical, nous avons une assistance sociale qui fonctionne et qui suit ces dossiers. En référence à la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963, quand un Sénégalais est interpellé, et mis en prison, c’est à lui de les informer. L’autorité n’est pas obligée de nous informer. Mais le détenu peut demander que les services consulaires de son pays soient informés de sa situation. Quand nous sommes au courant, nous saisissons les autorités pour connaître le lieu de privation de liberté et pour exprimer notre disponibilité à rendre visite à notre compatriote. S’il y a une expression quelconque, il faut que nous soyons en mesure de la recevoir, et de pouvoir la traiter. S’il y a un lien à faire avec sa famille se trouvant au Sénégal, nous sommes disposés à le faciliter.

Combien de Sénégalais séjournent en prison en France?
Vous savez, tous les jours, les chiffres changent. Aujourd’hui, à 12 heures, (nous sommes le vendredi 4 octobre), on nous dit que c’est 300 personnes. Dans la soirée, ça peut monter à 400 personnes. Les gens sortent et rentrent chez eux. Mais généralement, ce n’est pas un chiffre très important par rapport à la population sénégalaise vivant en France.

Vous avez assisté à la cérémonie de clôture du salon du tourisme et des voyages (Top Resa), quel regard portez-vous sur ce rendez-vous du tourisme mondial ?
Le Top Resa est une vitrine pour le Sénégal. Nous sommes dans l’un des plus grands salons du tourisme à travers le monde. Je pense que le fait que le Sénégal soit présent constitue une très belle vitrine. Ma présence se justifie aussi par le fait que nous avons une forte présence de la communauté sénégalaise en France. Nous sommes environ 800.000 Sénégalais. La plupart des binationaux. Je pense que la première cible du tourisme au Sénégal, c’est d’abord la diaspora sénégalaise. Car, elle connaît le Sénégal. Ensuite, elle aime son pays, et elle est à 5 heures de vol de Dakar. Aussi, la France est desservie sur le plan aérien par rapport au Sénégal. La population française prend souvent des vacances et bouge. Si elle a des offres calibrées par rapport à notre pays, je pense qu’on peut vraiment profiter de cette diaspora qui peut devenir, demain, des Voyageurs, Représentants et Placiers (Vrp) de notre tourisme. Les Sénégalais, qui sont là, vivent avec les Français et ceux d’autres nationalités. Chacun, après les vacances, fait un compte rendu. Si vraiment les offres sont intéressantes, je pense qu’ils peuvent être nos Vrp et aider à booster notre tourisme qui a pris une belle dynamique. Ils peuvent venir en soupape pour développer notre tourisme. Je suis convaincu que la première cible du tourisme c’est la diaspora car nous sommes la troisième où la quatrième génération de la diaspora. C’est pour cela que nous avons convié beaucoup d’associations sénégalaises de développement. Nous avons un bureau associatif où nous avons plus de 500 associations avec lesquelles nous sommes en contact.

Propos recueillis par Moussa DIOP et Souleymane Diam SY