Eglise catholique: Bientôt des prêtres mariés en Amazonie?

 

Les évêques d’Amazonie ont demandé samedi au pape d’ouvrir la prêtrise aux hommes mariés et d’envisager que des femmes soient diacres, deux sujets tabous pour les catholiques traditionalistes, tout en dénonçant le «péché écologique» que représente l’exploitation à outrance de la forêt amazonienne.

Après trois semaines d’une assemblée d’évêques et cardinaux (synode) consacrée aux problèmes écologiques et humains de l’Amazonie, le pape a promis de se prononcer «avant la fin de l’année» par un texte sur ces problématiques. Le synode a réuni au Vatican 184 évêques, dont plus de 60% venus des neuf pays d’Amazonie.

Avec des représentants des peuples indigènes, des experts et des religieuses, ils ont débattu d’un multitude de thèmes : du risque de disparition de cette forêt cruciale pour la planète sous l’effet de l’exploitation forestière et minière, aux eaux polluées par le mercure, en passant par les violences faites aux femmes.

«Péché écologique»

Le synode a notamment préconisé de «définir le péché écologique contre Dieu, contre son prochain, la communauté et l’environnement». «C’est un péché contre les générations futures», qui se manifeste «par des actes et des habitudes de pollution et de destruction de l’harmonie de l’environnement», ajoute le texte.

Les évêques ont prôné la création d’un fonds mondial pour «réparer la dette écologique que les pays ont envers l’Amazonie». «Les jeunes ont marché récemment en disant c’est notre avenir , écoutons-les», a lancé le pape en fin de synode samedi, en évoquant la bataille de la jeune Suédoise Greta Thunberg.

Sans entrer dans le détail, il a aussi demandé plus de «créativité» pour renforcer la présence catholique en Amazonie, «voir jusqu’où on peut aller» avec de «nouveaux ministères», de nouvelles fonctions dans l’Eglise pour les hommes et les femmes.

Prêtres mariés

De ce point de vue, les «pères synodaux» ont fait des propositions audacieuses. Comme la possibilité d’ordonner prêtres des hommes ayant une vie maritale stable (les «viri probati»), reconnus par la communauté, mais qui devront être d’abord diacres et recevoir ensuite une formation adéquate.

Il ne serait pas nécessaire de réécrire le droit canon mais d’adresser au pape une demande de «dispense», similaire à celles accordées aux pasteurs anglicans mariés convertis au catholicisme.

En Amazonie, l’Eglise catholique est confrontée à un manque de prêtres itinérants pouvant célébrer la messe et donner la communion (sacrement essentiel de la doctrine chrétienne) dans des endroits très reculés de la forêt. On est toutefois loin d’une révolution, puisque le document rappelle que le célibat des prêtres est «un don de Dieu».

Diaconat féminin

Le synode demande également la reconnaissance officielle par l’Eglise du rôle joué par les femmes laïques pour propager la foi en Amazonie : «Il est urgent pour l’Eglise en Amazonie de promouvoir et de conférer des ministères pour les hommes et les femmes d’une manière équitable».

Outre des fonctions spécifiques pour les femmes, les évêques ont demandé au pape de relancer les réflexions sur le «diaconat permanent» des femmes, actuellement réservé aux hommes. Les diacres sont ordonnés pour prononcer le sermon à la messe, célébrer baptêmes, mariages et funérailles.

En mai, le pape avait indiqué que les membres d’une commission d’étude, instituée en août 2016 pour examiner le rôle des femmes diacres au début du christianisme, avaient des opinions trop divergentes pour trancher. Mais samedi il s’est dit ouvert à une reprise des travaux.

Malgré l’importance de la thématique des femmes au synode, une poignée de soeurs présentes en tant qu’auditrices ou expertes n’ont pas pu participer au vote final, malgré une pétition envoyée vendredi au pape. Les deux tiers des communautés autochtones sans prêtres sont guidées par des femmes, ont martelé de nombreux religieux d’Amazonie.

Ces propositions du synode représentent un casus belli pour les évêques conservateurs, mais le pape a demandé samedi aux évêques de ne pas devenir «prisonniers» de groupes chrétiens se prenant pour «l’élite».

(nxp/afp)