Haïti: deux morts en marge de manifestations

 

Un homme a été tué par balle et un autre lynché dimanche à Port-au-Prince en marge de manifestations de policiers et d’opposants politiques. Les premiers réclamaient de meilleurs salaires, les seconds la démission du président Jovenel Moïse.

«Un individu non identifié a été tué par balle, la population en colère a mis le feu à son agresseur», a déclaré la police haïtienne dans un communiqué dimanche soir. Celui-ci a été frappé à mort puis son corps incendié par certains manifestants.

Plusieurs policiers ayant manifesté en civil ont tiré en l’air en croisant le cortège des opposants politiques. Des salves de gros calibre ont ensuite été tirées par des individus non identifiés, a constaté un journaliste de l’AFP.

À la suite de ces incidents, des commerces ont été incendiés et des pneus en flammes ont été placés devant l’entrée de l’ambassade canadienne, sans causer de dégâts majeurs, dit-on de même source. La mission diplomatique canadienne, qui se trouvait sur le parcours, est accusée, comme d’autres missions diplomatiques occidentales à Haïti, de soutenir le président Moïse.

Sur Twitter, les ambassades canadienne et française en Haïti ont annoncé la fermeture lundi de leurs sections consulaires. «Ces tirs, ces meurtres, cet incendie criminel et cette destruction causent du tort aux citoyens haïtiens mais aussi ils augmentent l’instabilité économique et sociale», a tweeté l’ambassade des États-Unis.

Meilleurs salaires

Avant ces troubles, plusieurs centaines de policiers et de Haïtiens solidaires de leurs revendications ont manifesté pour de meilleurs salaires pour les forces de l’ordre. Ils ont porté leurs revendications au siège de la direction générale de la police nationale d’Haïti (PNH), toujours selon l’AFP. «Nos salaires sont misérables. On n’a pas d’assurance: on a une carte d’assuré mais à chaque hôpital où l’on va, on doit payer» a témoigné, sous couvert d’anonymat, un policier.

Depuis deux mois, des manifestations sont régulièrement organisées dans la capitale haïtienne pour exiger le départ du président. «Nous ne laissons pas la bataille tout autant qu’il [le président] ne laisse pas le pays», affirmait dimanche Evens Paul, partisan d’un groupe de l’opposition. «La situation socio-économique est désastreuse et on a un soi-disant représentant mais le peuple ne fait que végéter dans la misère», a encore déploré le manifestant.

(nxp/ats)