Le microcrédit à Diourbel, un outil de développement dérouté ?

Parmi ces outils ou passerelles de développement très en vogue dans le Baol arachidier, le microcrédit tient une place considérable tant on se demande : est ce une voie véritable de développement ou seulement une voie vulgarisée? Depuis sa création ou mise sur orbite par les travaux et la pratique, notamment, au Bengladesh vers les années 70, avec Mouhamed Yunuss, le banquier des pauvres, le microcredit a connu un parcours diversement apprécié ou ressenti. La formule est fort appliquée au Sénégal et dans notre zone du bassin arachidier, promue par des ONG, des coopératives, association, les privés, l’Etat, la finance islamique…Toutefois, les acteurs bénéficiaires tout comme promoteurs reconnaissent des insuffisances et une certaine déviation de l’initiative. A Diourbel, par une conjoncture difficile : rareté de ressources sources de revenus, saturation de certains secteurs informels…le partenariat microfinance et acteurs du développement local piétine avec un consensus considérable des acteurs : le potentiel du microcrédit est sous exploité et invite à plus d’incubation, mieux d’encadrement à la formulation des projets…

Un des outils de développement les plus en vogue au Sénégal, notamment, à Diourbel, et cela que l’on soit en milieu rural ou urbain, la micro finance s’est imposée comme un palliatif, une proposition de soutien pour ne pas dire de solution. Mais aussi, au de là du Sénégal, au Bengladesh, le sieur Mouhamed Yunuss indiqué comme le banquier des pauvres a su démontrer l’important concours du microcrédit pour venir à bout de défis économiques et sociaux souvent désertés que sont l’incubation et l’autonomisation surtout chez les groupes vulnérables. Notre propos : «le microcrédit est un crédit de faible montant, avec intérêts, accordé à des micro-entrepreneurs qui n’ont pas accès aux services financiers traditionnels. Ce faible emprunt permet aux populations exclues du système bancaire classique de créer ou de développer une activité génératrice de revenus. » (babyloan). Pour (Abdoulaye Thiam, 2006), la microfinance quant à elle, est définie comme un ensemble de services financiers généralement décentralisés distincts de ceux du système bancaire, offerts aux populations défavorisées dans le but de satisfaire leurs besoins économiques et sociaux. Et selon Thiam, les services des institutions de microfinance sont entre autres l’épargne, le crédit, l’assurance, le transfert d’argent, le renforcement des capacités… Le portail sénégalais de la microfinance ajoute à cette définition des éléments de distinction : « Ce sont des structures alternatives de financement de l’économie, diverses par la taille, le degré de structuration, les moyens techniques, financiers et humains, mises en œuvre pour les populations à la base, avec ou sans le soutien de partenaires extérieurs en vue d’assurer l’auto promotion économique et sociale de ces populations». Et il faut relever que le microcrédit est la composante de la microfinance sinon la plus populaire avec la propagation du transfert d’argent, la plus incidente au développement.

Dans un monde où les disparités socio-économiques sont toujours écrasantes, les stratégies de lutte contre la pauvreté sont planifiées et parrainées par toutes sortes d’institution (publiques, parapubliques, privées, organismes internationaux). Dans ce registre, le programme des nations unies pour le développement (PNUD, 2003) montre la dimension quasi mondiale de la pauvreté quoique de prévalence et d’acuité diverses : « Cette proportion varie en fonction des aires géographiques, les pauvres au sens de la Banque mondiale représentant 10 p. 100 des habitants de l’Asie de l’est, 52 p. 100 de l’Asie du Sud, 25 p. 100 de l’Amérique Latine et 48 p. 100 de l’Afrique subsaharienne». Au Sénégal, les données de l’ANSD sont édifiantes avec 69,4% de pauvres en 2002, Diourbel était la troisième région la plus pauvre du Sénégal. Ces chiffres vont dans ce sens d’éclairer décideurs et acteurs pour savoir mieux faire face à ce fléau qu’est la pauvreté. En effet, disait Senghor : « l’action pour être féconde doit se nourrir de pensées», à cette assertion nous pouvons ajouter que, cependant, la pensée pour être valide, pertinente doit être sous-tendue de données constatant les faits. Dans cette optique, le bassin arachidier dont Diourbel est partie intégrante avec la crise agricole s’est retrouvé dans une mauvaise passe (arachide, un moteur en panne, Claude Freud). A la suite de ce quasi débâcle, le Baol tout comme le bassin arachidier dans son ensemble se cherche, piste des issues d’où le recours, la voie du microcrédit qui par sa proposition (une couvaison et autonomisation) tout comme son impact (des exemples de progrès voire succès) s’est révélée comme un créneau à plus exploiter. C’est ainsi que le secteur de la microfinance est devenu une option en pleine expansion. Cela d’autant plus que la majorité du peuple défavorisée n’avait pas accès aux institutions bancaires classiques car dit-on : «on ne prête qu’aux riches» d’où une demande majoritaire était en attente. La microfinance ou système financier décentralisé (SFD) avant à la traine pris un départ peut être précipité : « A fin 2000, l’ensemble des financements accordés par les systèmes financiers décentralisés s’élevait à 102 milliards pour les SFD contre 2728 milliards pour le système bancaire, soit environ 4% du total des financements accordés. (Source : BCEAO ; 2001)…Le nombre d’institutions de microfinance est passé de 37 en 1995 à 55 en 2001, soit une croissance moyenne annuelle de 38% entre 1995 et 2001…Cependant, ces données agrégées du secteur de la microfinance cachent des disparités dans les performances individuelles des institutions. En effet, après une prolifération des points de services qui sont passés de 233 en 1998 à 470 en 2001, on a assisté à une chute spontanée de leur nombre jusqu’à 220 points de services en 2002 puis à 204 points en 2003. Cette élimination de quelques 266 points de services repose avec acuité la nécessité de procéder à des études à plusieurs dimensions… ». Ainsi, les faits montrent que l’enthousiasme d’un créneau couru ne doit en aucun cas faire négliger l’étude des potentialités des zones d’implantation mais aussi l’accompagnement nécessaire aux clients le plus souvent acteurs de l’informel peu instruits ou analphabètes. Aussi, même si la formule microfinance a fini par être intégrée dans la gouvernance publique : « Le secteur microfinancier se pose donc comme un véritable levier pour lutter contre la pauvreté et ceci est manifesté par le gouvernement du Sénégal à travers la création d’un ministère en charge du secteur mais aussi par le développement d’une stratégie sectorielle prospective» ; il demeure que la visée de la microfinance qui est d’accompagner surtout les couches défavorisées n’est pas privilégiée dans la pratique car ce sont les régions les mieux loties qui ont été favorisées : « Les structures ont vu leur nombre croître de 1993 à 2003 même si leur répartition géographique est peu satisfaisante, donnant une bonne place aux régions de Dakar et Thiès (avec en ce temps environ 40% des SFD), à côté de zones peu touchées comme Diourbel, Tambacounda, Fatick, matam…». Cette propension à l’élitisme pourrait s’expliquer par la volonté de grandir trop vite car la dernière phase de maturation d’une institution de microfinance est comme le souligne Amadou Diop, l’intégration, où elles adhérent au secteur financier formel réglementé par la Banque Centrale. Ainsi, elles diversifient leur clientèle qui n’est plus constituée seulement de la clientèle traditionnelle mais émerge une nouvelle clientèle haut de gamme (MPE, PME). Cette déviation de direction est soulignée par de nombreux analystes du secteur qui montrent que les régions les plus défavorisées sont les moins servies et le monde rural où la pauvreté est plus pressante quasi désertée cela, notamment, parce que le risque agricole est permanent au Baol avec une pluviométrie de plus en plus aléatoire. En effet, les résultats auxquels est parvenu (Diop, ENEA, 2005) montrent que malgré une forte adhésion des populations aux systèmes financiers décentralisés (SFD), le sociétariat est encore dominé par des membres issus des milieux urbain et périurbain. La zone rurale ne semble pas trop préoccuper les SFD du moins si on se fie au faible niveau de financement de la principale activité du monde rural qu’est l’agriculture (5%), comparé au commerce, à la restauration et à l’hôtellerie (58%) et au transport (37%). Ce constat est corroboré par Abdoulaye Seck de la faculté de sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop : « Le taux de pénétration en milieu rural dépasse difficilement les 11% alors même que l’objectif initial est surtout centré sur la lutte contre la pauvreté en milieu rural et féminin ». Mais aujourd’hui, constate Mr Seck : « la microfinance ne s’intéresse pas aux plus pauvres et elle n’est pas présente dans le milieu rural alors que c’est là-bas que se trouve véritablement la pauvreté. En d’autres termes, la microfinance n’est pas là où elle doit être». Une des raisons de ce paradoxe qui limite la portée et visée socio-économique de la microfinance se trouve, selon M. Seck dans « le conflit entre la profitabilité et l’objectif de réduction de la pauvreté». Ce tiraillement est aussi souligné par Clément Waly Faye qui constate une «concentration sur le littoral de plus de 60% des institutions de microfinance entre Dakar et Thiès». Cette forte concentration d’après le responsable du suivi évaluation de la lettre de politique sectorielle de la microfinance, est due à des difficultés et contraintes qui tiennent généralement à la faiblesse des bases de production et des densités humaines en milieu rural. Diourbel, du bassin arachidier en crise, remarquable à sa rareté de ressources sources de revenus surtout que le fleuron régional qu’était la Sonacos est déclinant. Cette conjoncture a motivé ou du moins accentué la ruée des baol baols vers le secteur informel, principal partenaire du microcrédit local. Lors de nos investigations sur le terrain, nous avons pu recueillir des informations dans quatre agences de microcrédit diourbelloises que sont l’ACEP, Microcred devenu Baobab, FDEA, PAMECAS.

-L’ACEP est à Diourbel depuis 1993, d’abord installée à Texaco puis au crédit mutuel, elle a construit une agence en ville depuis 7ans. Avec des agences un peu partout au Sénégal, à Diourbel, elle finance toutes activités génératrices de revenus licites par le biais de projets (individuel et en groupements, GPF, Organisations villageoises). Du fait d’une insuffisance de garantie chez certains clients, l’ACEP les regroupe pour un cautionnement solidaire où chacun est garant de l’autre. L’agence de Diourbel couvre Bambey et Diourbel. L’ACEP traite avec de petites entreprises et alloue des prêts ne dépassant pas 10 millions. L’ACEP promeut plusieurs formules ou produits pour salarié, artisan, et autres. Pour les salariés est exigée une garantie de 36mois (garantie salaire) pour d’autres la garantie peut être en maisons, équipements, bijoux surtout pour cautionnement solidaire, cession sur salaire et toujours avec la garantie supérieure au prêt. Avec le monde rural (l’embouche bovine par un prêt de 7 mois maximum, l’agriculture n’est pas financé car aléatoire ; elle se fait vers le Saloum à cause du déficit pluviométrique). Après 26 ans d’exercice dans le local, est notable un impact positif au développement car les clients remboursent et reprennent. Toutefois, des contraintes telle la garantie pose problème et le déficit pluviométrique empêche le financement de l’agriculture dans une région rurale sans compter avec d’autres facteurs exogènes qu’on ne maitrise pas, mais aussi une rude compétition entre différentes structures se partageant les mêmes clients. Les clients de l’ACEP sont surtout des urbains avec en majorité des femmes.

-Microcred devenu Baobab est à Diourbel depuis 4 ans, d’abord installé au marché. L’agence collabore surtout avec des commerçants mais d’autres menant des activités à but lucratif, elle est affiliée au Microcred Baobab-plus qui intervient dans le solaire à crédit (prêt pour 15 mois). L’agence excelle aussi dans des prêts pour commerçants, menuisier, tailleur, mais les activités agricoles ne sont pas encore financées à Diourbel. L’agence couvre Diourbel, Gossas, Niakhar, Bambey, à Touba existe une antenne. Les modalités pour avoir un prêt sont à Baobab de posséder une activité commerciale, ouvrir un compte courant (montant 17 500) et le même jour faire une demande de crédit-entretien sous condition d’avoir une personne garante ou par son propre patrimoine : véhicules, terrains, maisons… l’agence octroie des prêts allant de 100 milles à 200 millions avec des délais de versement très compétitifs de 8 jours maximum, le remboursement soumis à l’appréciation du client et du comité peut aller de 5 mois à trois ans; avec des formules de crédit (opportunité, investissement, parrainé). Baobab a aussi des agences à Touba, mais Thiés où l’agriculture est financée. L’agence travail avec des groupements et des entrepreneurs individuels. Baobab connait des motifs de satisfecit car primé parmi les meilleures agences et d’avoir participé au développement de Diourbel. L’exemple d’un client qui a commencé avec 500 milles et maintenant il prend 5millions est souligné ; Baobab traite surtout avec des commerçants et transporteurs. Les contraintes s’énoncent en terme de risques avec les sans garanties mais déficit d’informations car les concurrents ne fournissent pas le relevé de compte, mauvaise qualité du wifi, des clients informels pas enregistrés : ni achats, ni chiffres d’affaires d’où on se fonde sur des estimations. Les clients sont surtout des hommes à 70°/° ainsi la féminisation du microcrédit est ici démentie. Avec le monde rural, Baobab développe des activités de transformation, d’élevage de volailles, de bœufs, et compte financer l’agriculture. Dans certains villages Baobab est représenté par de grands boutiquiers ou se déplace par exemple dans Ndindy avec un montant de 10 millions pour financer associations et groupements (au chef 5 millions sont distribués et à la fin du mois chacun verse) mais présentement, elle traite avec des individus. Le crédit agricole expérimenté dans d’autres agences n’est pas exclu surtout que partout prévaut le risque, la distance de même que les défaillances de production, de mévente car beaucoup plus de producteurs et commerçants que d’acheteurs. La garantie aussi peut être contraignante mais nous demandons de venir avec un garant. Baobab a des antennes à Niakhar, Gossas, Keur cheikh motivées par la densité en clients.

– L’agence, FDEA (femme développement entrepreneuriat en Afrique) est à Diourbel depuis environ 10 ans. Avec une compétence régionale, l’agence FDEA excelle dans l’accompagnement de projets des entrepreneurs locaux avec au besoin un encadrement. Ainsi, la FDEA se veut un environnement financier pour accompagner les porteurs de projets dans la réalisation de leurs rêves. Cela à travers une pluralité de prêt : commerce, élevage, disons toutes activités licites. La garantie du prêt peut se faire à travers son avoir : auto, maison, le lit est interdit maintenant par la loi, mais une télé. FDEA fournit des prêts allant de 300 000 à 12 millions. Lors du financement le délai de remboursement est déterminé à travers une application informatique mais on peut avancer que pour l’agriculture c’est d’un seul coup après commercialisation et autres en deux tranches. La FDEA traite surtout avec des femmes, des groupements, notamment du monde rural, en n’excluant aucune activité. Il faut dire que l’Etat n’est pas partout et les baol baols sont très prompts à verser dans l’entreprenariat, la débrouillardise, ils tendent vers l’autonomie sans concours direct de l’Etat. La FDEA reconnait des contraintes, même si, elle déclare qu’il n’y en a pas de majeures mais seulement une méconnaissance des gens avec qui on doit traiter et aussi la peur de s’engager chez de potentiels entrepreneurs. D’où FDEA incite et invite à la foi en soi.

-Notre quatrième et dernière agence visitée, le PAMECAS est à Diourbel depuis 2012, elle est compétente pour tout le département et s’active dans l’épargne (collecte) mais la fourniture de crédits (différents services de crédits). La PAMECAS accepte toutes sortes de garanties : biens mobiliers et immobiliers. Le décaissement est effectué dés ouverture et versement de caution (15 à 21 jours) pour le délai du remboursement ça dépend du type de 8 mois à 7 ans (par exemple habitat). A la PAMECAS, les montants alloués ne connaissent pas de plafond c’est selon les capacités. La PAMECAS accompagne les ruraux dans l’agriculture, l’embouche (selon les capacités et besoins exprimés). L’agence travaille avec des groupements, notamment, ruraux entre autres des communes rurales de Ngohé et Ndindy. Le responsable considère le microcrédit comme un grand atout pour le développement car toutes ces femmes (la structure était bondée de femmes entrepreneuses attirées par l’exonération de garantie vers le 8 mars, journée de la femme) sans microfinance ne seraient pas financées. Les contraintes du secteur sont avance t’on à la PAMECAS : le refinancement auprès des banques avec un taux très élevé, car l’épargne n’est pas suffisant (ce qui est gardé ici est peu car on prête plus que l’on ne collecte : par exemple collecte 1 millions et prête 2 millions d’où on doit trouver 1 million). La PAMECAS de Diourbel traite surtout avec les ruraux et les femmes sont un peu majoritaires. En effet, les gens croyaient que le microcrédit est une affaire de femmes, maintenant les mentalités évoluent. Les contraintes constatées par la PAMECAS sont qu’à l’image du Sénégal, y a des milieux favorisés et d’autres défavorisés. La PAMECAS pense pouvoir plus et mieux faire avec une plus grande capacité financière. Vers la journée de la femme, il y’a eu un ‘’rush’’ dans les locaux de la PAMECAS, car y avait une exonération de garantie d’où des femmes entrepreneuses en individuelle ou par groupement venaient bénéficier de l’occasion. Certaines d’entre elles se sont prêtées à nos questions quant à leurs activités et partenariats avec la boite. La dame Ndiaye du groupement Book khalat, de keur cheikh se définissant comme polyvalente, exerce dans les secteurs du commerce, de la transformation, de l’élevage, du conseil avec des produits tels le savon, céréales enrichis surtout pour malnutris (thiéré, sankhal à base de mil, mais, arachide, niébé), l’élevage de volaille. La dame Ndiaye qui a amené à l’agence environ 200 entrepreneuses pensent que la caution de même que l’intérêt sont contraignants et entravent les prises d’initiatives. Une seconde interlocutrice confie que la réussite de certaines de ses consœurs en partenariat avec PAMECAS l’a poussé à venir d’autant plus que le décaissement peut se faire en moins d‘un mois. Elle s’active dans l’artisanat avec les pagnes tissés vendus, notamment, chez les ruraux à Fass Boye. Une troisième interlocutrice, la dame Amy Mbaye du groupement ‘’Sope serigne Bassirou’’ déclare que le partenariat avec PAMECAS surtout avec l’exonération de garantie en ces jours de fête de la journée de la femme est une aubaine lui permettant de financer son commerce de tissus (après réception de la somme demandée, on verse 2 mois plus tard, par exemple pour 500 000 c’est 52 milles/par mois (modalités)). Hormis ces quatre agences, Diourbel connait une importante propagation de la microfinance, de proportions diverses, certes, ainsi on peut citer : crédit mutuel du Sénégal (CMS), COFINA, UNSEP, sans compter avec les fonds de microcrédit et tontines développés par les coopératives, ONG mais l’Etat avec la DER. L’intérêt constitue avec la caution des contraintes chez beaucoup et la barrière fixée par le gouvernement pour l’intérêt est à 24°/°. Cependant, les taux appliqués divergent selon les agences avec : 12°/° à 5°/° pour une agence, quand une autre parle de 10 à 11°/° d’intérêt, et ailleurs on déclare un taux d’intérêt de 18°/°.

Les difficultés d’entreprendre dans nos zones sont de plus en plus intégrées dans les plans de redressement du secteur : «d’ailleurs la microfinance au Sénégal, qui est née dans le bassin arachidier, tend à se replier en milieu urbain» (Sud quotidien, 26 06 2012). A travers les lignes de Sud quotidien, nous apprenons que des correctives à ces disparités sont soutenues par la direction de la microfinance à travers le projet AESOR (Amélioration de l’encadrement du secteur de la microfinance et de l’offre de service en milieu rural). Donc c’est pour corriger les défaillances que la direction de la microfinance avec le soutien des partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de la lettre de politique sectorielle accompagne l’installation des institutions dans le monde rural, notamment dans les régions de Fatick, Diourbel, Tambacounda et dans le département de Mbour. Et cela, notamment, par des guichets mobiles et mobile banking qui sont des initiatives permettant une installation à moindre cout en milieu rural et autour des marchés hebdomadaires avec l’appui de la coopération allemande, cela aussi grâce à une incitation à la confiance aux technologies simplificatrices. Les professionnels du secteur pensent que mieux former les acteurs ruraux surtout serait une avancée car beaucoup ne maitrisent pas leurs activités, mais aussi la généralisation du financement en groupement, un allégement. Etre affilié à un groupe ou réseau fort nous dit on est une sécurité aux secousses du secteur. Aussi, le refinancement auprès des banques se fait avec un taux très élevé (faible capitalisation du fait du déficit de financement) ce qui entrave la marge d’action d’où avec plus de disponibilité de l’argent, on peut prêter plus. Là, l’Etat devant être premier acteur du social et qui déclarent avoir ouvert moult banques de financement-accompagnement de l’entreprenariat (BNDE, FONSIS, FONGIP…) le plus souvent élitiste est interpellé car pouvant avec des partenariats soutenir les agences qui œuvrent dans le microcrédit social ; surtout que la clientèle semble être selon le standing de la boite, souvent les plus vulnérables n’ont pas accès aux agences les plus huppées. Ce partenariat Etat-agences intégrées permettra d’amoindrir la garantie et l’intérêt tout en possibilisant des délais de remboursement plus étalés surtout pour le premier prêt (pour des secteurs à productivité lente). Plus et mieux d’incubation et formulation de projets est une exigence (les bénéficiaires souvent pas très instruits ou analphabètes) d’où il faudrait une sécurisation par décaissement selon les étapes de l’activité et des conseils de gestion. Le microcrédit pourrait être un outil de développement plus endogène en investiguant et investissant pour des secteurs à potentiels permanents ou temporaires : agriculture et élevage selon période (opération tabaski, campagne agricole, maraichage, fin d’année traite de poulets…) ; mais aussi le commerce, par des études de diversification des marchés et marchandises selon le temps grâce à un investissement-accompagnement groupés des cibles pour alléger contraintes et mobilités en coopération avec la chambre de commerce d’industrie et d’artisanat et les entrepreneurs locaux qui seront ainsi «mieux outillés». Le microcrédit local gagnerait à motiver l’entreprenariat en mettant en exergue des exemples de réussite selon les secteurs et en accompagnant par des études de marché et de visibilité des projets, permettre la concertation pour une partage de bonnes pratiques surtout avec les débutants, participer à identifier les secteurs saturés à redéployer ailleurs et les demandes non satisfaites, et last but not least, l’incubation et la mise à disposition de conseils juridiques pour les entrepreneurs.

P B Moussa Kane, doctorant en Aménagement-développement, DEA sciences PO, UGB