Toulouse – Pont effondré: un deuxième corps retrouvé

 

Un deuxième corps, celui du chauffeur d’un camion, a été retrouvé lundi après l’effondrement d’un pont suspendu à Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne), ont indiqué le maire et une source proche des secours.

«Le corps, qui se trouve dans la cabine du camion», tombé dans le Tarn, «n’a pas encore été désincarcéré», a précisé le maire, Eric Oget. Une adolescente de 15 ans a aussi été tuée dans l’effondrement. Son corps avait été retrouvé dans la matinée.

L’accident a relancé les questions sur l’état de dangerosité des ponts en France: le gouvernement a annoncé le lancement immédiat d’une enquête par le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT).

«À cette heure, on ignore encore les causes précises de l’accident», a indiqué en début d’après-midi le Ministère de la transition écologique et solidaire dans un communiqué. Le procureur de Toulouse, Dominique Alzéari, a fait état à la mi-journée d’une «disparition d’une personne qui est le conducteur du véhicule lourd qui s’est engagé sur le pont». «Selon les pompiers, l’hypothèse privilégiée est que le chauffeur est encore dans la cabine.»

Il y avait aussi «les occupantes d’une Renault Clio venant en face avec une mère de famille qui a pu surnager et être sauvée par des témoins et malheureusement sa fille de 15 ans qui est décédée», a ajouté le magistrat.

L’adolescente était en classe de Première au lycée privé d’enseignement professionnel rural de la localité voisine de Montastruc-la-Conseillère, selon l’établissement, où une cellule psychologique a été mise en place.

Les recherches visent aussi à confirmer qu’il n’y a pas de troisième véhicule impliqué. Cela «ne semble pas être le cas pour le moment, sous toute réserve», a précisé le procureur. Dans un premier temps, les autorités avaient fait état d’un éventuel troisième véhicule avec «probablement» plusieurs disparus. Le Tarn est très profond à cet endroit, plus de 20 m, pour 100 m de large, et des plongeurs sont sur place.

Le pont de structure métallique, datant de 1931, avait «fait, semble-t-il, l’objet d’un suivi correct», selon lui. L’ouvrage ne présentait «aucun problème de structure» lors de sa dernière inspection «détaillée en 2017», d’après le Conseil départemental. Le dernier contrôle a eu lieu en décembre 2018. L’ouvrage mesurait 155 mètres de long et 6,50 mètres de large.

«Nous faisons des perquisitions chez le transporteur», a ajouté le procureur. Selon le Conseil départemental, il s’agit d’une «entreprise de forage».

«A priori un véhicule lourd»

Selon un bilan de la préfecture à 10 h 30, outre l’adolescente, trois personnes étaient «en urgence relative dont des témoins qui ont tenté de porter secours aux victimes». «Deux urgences relatives parmi les sapeurs-pompiers» ont aussi été recensées.

Le camion, retrouvé, est «apparemment un porte-char, ce type de véhicule transporte des grues. A priori, c’est un véhicule lourd», a indiqué le maire de Mirepoix, Éric Oget, qui ne sait pas s’il fait plus ou moins que 19 tonnes, la limite autorisée sur ce pont.

«Ces ponts sont interdits aux véhicules de plus de 19 tonnes, mais il est fréquent que des camions de plus gros tonnage les empruntent», a pour sa part relevé le président de la Communauté de communes, Jean-Marc Dumoulin.

Bus scolaires

Ce drame «illustre malheureusement» les conclusions de la mission d’information sénatoriale sur la sécurité des ponts, à savoir qu’il y a «une vraie dangerosité de l’état de nos ponts», a déclaré son président Hervé Maurey à l’AFP. Pour lui, «un des problèmes est qu’aujourd’hui on ne connaît pas l’état des ponts en France».

La mission d’information a appelé fin juin à un «plan Marshall pour éviter un drame», réclamant un audit des ponts. Le Sénat avait mis en place cette mission sur la sécurité des ponts après l’effondrement d’un viaduc à Gênes (Italie) le 14 août 2018, qui avait fait 43 morts.

Selon le conseil départemental de Haute-Garonne, dont dépend l’entretien de l’ouvrage, ce pont »n’était pas répertorié comme un ouvrage sensible« et ne bénéficiait pas d’une surveillance particulière.

«On le prend tous les jours, ce pont. C’est pas possible que ça arrive! On était loin de s’imaginer que le pont pouvait s’effondrer. Les bus scolaires venaient juste de passer le pont. Mon aîné venait de partir au collège de Bessières», témoigne avec des sanglots dans la voix Audrey Laujac, 36 ans, aide à domicile qui habite à 100 mètres.

Le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez et la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon sont attendus sur place dans l’après-midi. Une conférence de presse est prévue à 17 h.

(nxp/ats)