Ukraine: L’ex-président cité dans une enquête criminelle

 

Le nom de l’ex-président ukrainien Petro Porochenko apparaît dans une enquête criminelle portant sur des abus de pouvoir pendant son mandat, ont indiqué lundi les autorités, une première depuis son départ de la présidence au printemps.

Porochenko pourrait avoir tenté d’«influencer illégalement» la formation du Haut conseil de la justice, une instance participant aux nominations de juges, a indiqué le Bureau d’enquête ukrainien (DBR), organisme chargé des investigations pénales visant de hauts responsables de l’Etat, qui a transmis le dossier au parquet.

«Son statut est celui de témoin», a précisé le service de presse du DBR, mais si les suspicions existantes étaient confirmées par le parquet général, l’ex-président pourrait voir son immunité parlementaire levée et des poursuites engagées.

«Statut de témoin»

Les crimes évoqués par le DBR ont été qualifiés «d’appels au renversement du pouvoir» et d’«abus du pouvoir», passibles d’une peine maximale de six ans de prison.

Plus tard dans la journée, le procureur général Rouslan Raibochapka a indiqué que le parquet «étudiait» les soupçons évoqués par le DBR, ont rapporté les médias locaux.

De son côté, Porochenko a rejeté ces accusations, dénonçant une «provocation» visant à «intimider son équipe» et «commanditée», selon lui, par la «bande» de Viktor Ianoukovitch, son prédécesseur prorusse destitué en 2014 après sa fuite en Russie dans la foulée du soulèvement pro-européen de Maïdan.

Dans une vidéo enregistrée depuis un aéroport de Kiev, Porochenko a affirmé avoir écourté une visite de travail en Turquie pour revenir «d’urgence» en Ukraine.

Chef de l’Etat ukrainien de 2014 à 2019, cet homme d’affaires richissime a été battu à la présidentielle d’avril par Volodymyr Zelensky, alors un comédien de 41 ans sans expérience politique qui promettait d’éradiquer la corruption.

«Intimider son équipe»

Porochenko est déjà cité dans une dizaine d’enquêtes criminelles, dont une fraude fiscale présumée, mais jusqu’ici aucune n’était remontée au parquet général.

Ces investigations ont été déclenchées automatiquement à la suite de dénonciations déposées par un adversaire politique à la réputation sulfureuse et jugé proche de Moscou, Andriï Portnov, ancien chef adjoint de l’administration présidentielle de Ianoukovitch.

Andriï Portnov est également un ami d’Andriï Bodgan, le chef de l’administration présidentielle actuelle. Lundi, Portnov a été, selon les médias ukrainiens, officiellement reçu par un des adjoints de ce dernier pour un entretien relatif à son conflit avec des journalistes.

(nxp/afp)