Surinam: condamné, le président fait appel

 

Le président du Surinam, Desi Bouterse, qui vient d’être condamné par un tribunal militaire à 20 ans de prison pour l’exécution d’opposants en 1982, a dénoncé dimanche un «procès politique» et a annoncé son intention de faire appel.

Vendredi, alors qu’il se trouvait en Chine pour une visite officielle, l’ancien dictateur de 74 ans, devenu président en 2010, a été reconnu coupable par un tribunal militaire dans le dossier dit des «assassinats de décembre» de 1982. Le régime avait alors rassemblé et exécuté 13 civils et deux officiers de l’armée, tous proches de l’opposition.

Dimanche, à son arrivée à Paramaribo, il a tenu une conférence de presse pour qualifier cette décision de «procès politique» et a indiqué qu’il allait faire appel. Il devait se réunir dimanche soir avec ses avocats et les membres de sa coalition parlementaire. Le chef de l’État a en outre annulé un déplacement prévu à Cuba de lundi à mercredi.

«On veut Bouta!»

Des militants du Parti national démocratique (NDP) de Desi Bouterse ont attendu dimanche matin le président à sa descente de l’avion, habillés aux couleurs du parti et chantant «On veut Bouta!».

La nouvelle de sa condamnation, après un procès de 12 ans, a fait descendre dans la rue les partisans et opposants de l’homme fort du Surinam, tant dans son pays, qu’en Hollande, où résident certaines familles des victimes de 1982. Le Surinam est une ancienne colonie anglaise puis néerlandaise.

Le tribunal qui a condamné le président n’a pas demandé son placement en détention et il est peu probable que Desi Bouterse finisse derrière les barreaux. La peine peut être évitée via des recours légaux, une grâce présidentielle ou à travers une loi d’amnistie.

Dictature militaire

Le président à toujours nié sa participation dans cette affaire, affirmant que ces personnes avaient été arrêtées pour avoir préparé un contre-putsch avec l’aide de la CIA et qu’ils avaient ensuite été abattus alors qu’ils tentaient de s’enfuir.

Figure controversée, le commandant Desi Bouterse s’était emparé du pouvoir en 1980, cinq ans après l’indépendance de cette ex-colonie. Instaurant une dictature militaire, il avait alors dirigé le pays jusqu’en 1987 avant de mener un second coup d’État en 1990 pour un bref retour au pouvoir, jusqu’en 1991.

Condamné en 2000 aux Pays-Bas à 11 ans de prison par contumace, pour trafic de cocaïne, et recherché par Interpol, il réalise un coup double en 2010 en étant élu démocratiquement à la présidence, décrochant l’immunité et revenant au pouvoir par la même occasion. Il a été réélu en 2015 pour cinq ans.

(nxp/afp)