Ballon d’or : «Au pire des cas, Sadio Mané devait finir deuxième»

 

Ancien international français et ex-sélectionneur des «Lions» du Sénégal, Alain Giresse qui avait fini deuxième au classement du Ballon d’Or en 1982, suit avec intérêt l’évolution du prestigieux trophée. Son analyse est sans complaisance.

Le classement du Ballon d’Or 2019 ? «Avec sa performance cette année, je suis un peu déçu pour Sadio Mané. Le pire classement qu’il aurait pu avoir, c’était deuxième. Au pire des cas. Les statistiques de Messi sont impressionnantes et l’ont fait élire, mais Sadio classé quatrième, c’est trop loin. Il est vainqueur de la Ligue des Champions, finaliste de la Can, co-meilleur buteur du championnat anglais avec 22 buts, et 31 buts toutes compétitions confondues. En tout cas, j’avais pronostiqué qu’il serait un jour Ballon d’Or africain et il le sera.»

L’évolution du Ballon d’Or ? «Depuis le duel Ronaldo-Messi, la valeur individuelle du joueur est plus scrutée que sa performance et les résultats de ses équipes (club et sélection). En 2010, l’Espagne était championne du Monde, avec Iniesta et Xavi qui gagnent pas le Ballon d’Or qui était revenu à Messi. On avait sacré la valeur individuelle sur la valeur de la performance. Avant, le Ballon d’Or était issu d’une équipe qui gagnait une grande compétition : la Coupe du monde ou la Ligue des Champions. Mais, on est passé au duel Ronaldo-Messi, en qualité individuelle, avec un décalage d’appréciation ou de jugement sur le choix des joueurs. Il y a un élément fondamental : même Messi qui a gagné 6 Ballons d’Or, en supprimerait 3 ou 4 pour gagner la Coupe du monde. L’année dernière, il y a eu ce débat par rapport aux joueurs français champions du monde : Mbappé et Griezmann n’étaient pas Ballon d’Or, c’était Modric. Si vous lui dites de choisir le Ballon d’Or et la Coupe du monde, il n’hésitera pas. Tout comme Griezmann ou Mbappé ne sont pas déçus de ne pas avoir le Ballon d’Or.»

La suite pour Sadio Mané ? «La dimension que Sadio est en train de prendre et qu’il prendra dans les années à venir, s’il gagne des titres avec son club et accède avec le Sénégal à un stade avancé de Coupe du monde… S’il avait gagné la CAN, ça aurait pesé un peu plus. Il faut qu’il continue à jouer et ne pas être obsédé par le Ballon d’Or. On ne peut pas dire que Messi est un joueur individualiste. Il marque des buts, mais fait jouer les autres. Il faut que Sadio continue comme ça avec Liverpool et le Sénégal : se qualifier à la Coupe du monde et à la Can 2021 le hisseront à un autre niveau, s’il contribue à des résultats flatteurs. Il ne faut pas que sa carrière soit perturbée. Cette année, ils sont partis pour être champions d’Angleterre, il y a de grands moments qui lui permettront encore de grandir. Il ne faut pas que le Ballon d’Or le contrarie dans sa progression.»

Giresse et l’attente du Ballon d’Or ? «Au départ, quand vous faites une grande compétition : la Coupe du monde ou la Ligue des Champions, vous jouez pour la gagner. Pas pour penser à vous-même. Le Ballon d’Or vient au second plan. C’est une récompense individuelle dans un sport collectif. Dans lequel, il faut penser à gagner et la récompense individuelle n’est qu’un plus. J’étais agréablement surpris de ma deuxième place au Ballon d’Or (en 1982).»

Igfm