Diplomatie: Le Liban récupère son droit de vote à l’ONU

 

Après avoir payé des arriérés à l’ONU, le Liban a récupéré lundi son droit de vote à l’Assemblée générale des Nations unies qu’il avait, pour la première fois de son histoire, perdu la semaine dernière en raison d’une dette excessive. «Le Liban vient juste de faire un versement. Avec ce versement, les droits de vote du Liban ont été pleinement récupérés» par ce pays, a annoncé le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric lors de son point-presse quotidien.

Selon une source diplomatique, le Liban a versé 1’310’466 dollars à l’ONU pour se sortir de sa suspension de vote. Dans une lettre du secrétaire général Antonio Guterres envoyée la semaine dernière au président de l’Assemblée générale et obtenue par l’AFP, le chef de l’ONU indiquait que le Liban devait verser 459’008 dollars pour récupérer son droit de vote.

Dans un tweet, l’ambassadrice du Liban aux Nations unies, Amal Moudallali avait annoncé au préalable lundi, sans donner de chiffre, que «le Liban avait payé ce qui était dû» et que «tout était de retour à la normale». Elle a expliqué que le paiement avait été retardé de quelques jours en raison de «la situation actuelle au Liban».

Mesures d’économies

L’article 19 de la Charte des Nations unies prévoit une suspension de vote à l’Assemblée générale pour les pays dont le montant des arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.

Vendredi, l’ONU avait annoncé que dix pays dont le Liban étaient suspendus de leur droit de vote à l’Assemblée générale. Trois pays (Comores, Sao Tome et Principe et Somalie) sur ces dix États échappent toutefois à la suspension, leurs manquements étant dus à des circonstances indépendantes de leur volonté, comme le prévoit l’article 19.

Le budget de fonctionnement de l’ONU est d’environ 3 milliards de dollars. Celui des opérations de paix atteint quelque 6 milliards de dollars. Fin 2019, l’Organisation, confrontée à un grave problème de trésorerie, a décidé une série de mesures d’économies dont plusieurs sont toujours en vigueur aujourd’hui.

Indignation

«Nous reconnaissons pleinement que les évènements récents au Liban ont mis en difficulté le système bancaire», a déclaré Stéphane Dujarric.

L’annonce de la suspension du droit de vote du Liban à l’ONU avait suscité une vague d’indignation dans le pays, fondateur de l’ONU, de nombreux internautes imputant sur les réseaux sociaux cette décision à la mauvaise gestion des affaires publiques et aux divisions internes dans le pays.

Le ministère des Affaires étrangères libanais avait affirmé samedi «regretter» cette suspension en promettant de résoudre le problème «le plus rapidement possible».

Contestation

Le Liban est secoué depuis le 17 octobre par un mouvement de contestation sans précédent contre la classe dirigeante, accusée de corruption et d’incompétence. Le Liban fait face à sa pire crise économique et politique depuis la guerre civile de 1975-1990.

Le pays peine à former un nouveau gouvernement depuis la démission fin octobre, sous la pression de la rue, de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, tandis que le Parlement n’a tenu aucune session depuis le début de la contestation.

La Banque mondiale a averti en novembre que la moitié de la population pourrait sombrer dans la pauvreté. Le pays croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.

(nxp/afp)