Procès en destitution: Une bête noire de Trump portera l’accusation

 

L’élu démocrate Adam Schiff, une des bêtes noires de Donald Trump, a été choisi mercredi pour porter l’accusation au procès en destitution du président américain, avec six de ses collègues de la Chambre des représentants. Plusieurs ex-procureurs, une ancienne responsable de la police, un avocat: «l’accent est mis sur l’expérience juridique», a souligné la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi en annonçant la composition de son équipe qui, avec trois femmes, deux Noirs et une Hispanique, reflète aussi la diversité du parti.

«Ce qui est important est de présenter le dossier le plus solide possible afin de protéger et défendre notre Constitution, et pour faire émerger la vérité», a ajouté Nancy Pelosi, en confiant à Adam Schiff le soin de diriger cette équipe.

Ancien procureur fédéral, l’élu de Californie a, en tant que président de la puissante commission du Renseignement de la Chambre, supervisé l’enquête en destitution contre Donald Trump.

Pour cette raison, cet homme posé et méthodique de 59 ans est l’objet d’attaques récurrentes de la part du milliardaire républicain qui l’affuble de nombreux surnoms, dont «Schiff le fourbe», et a demandé qu’il soit arrêté pour «trahison».

Il a remercié mercredi Nancy Pelosi de l’avoir choisi comme procureur en chef: «C’est une responsabilité solennelle que je vais endosser avec toute la gravité que cette mission requiert», a-t-il dit dans un communiqué.

Adam Schiff sera accompagné de six autres élus de la chambre, dont Jerry Nadler, le président de la commission judiciaire qui bataillait déjà contre Donald Trump à New York bien avant son élection à la présidence.

«Nous y voici: une autre arnaque orchestrée par les démocrates-qui-ne-font-rien», a immédiatement tweeté le locataire de la Maison Blanche qui se dit victime depuis le début du scandale ukrainien d’une «chasse aux sorcières» sans précédent.

«Impatient»

La composition de cette équipe doit désormais être avalisée par un vote à la Chambre, prévu plus tard dans la journée. Compte-tenu de la majorité démocrate dans cette enceinte, il s’agit d’une formalité.

A cette occasion, les représentants devraient également autoriser la transmission au Sénat de l’acte d’accusation adopté le 18 décembre contre Donald Trump, troisième président de l’histoire à subir une telle épreuve.

Lors de ce vote d’«impeachment», selon des lignes strictement partisanes, le président républicain a été mis en accusation pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès.

Il lui est reproché d’avoir fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle enquête sur le démocrate Joe Biden bien placé pour l’affronter à la présidentielle de novembre, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec la Russie.

Donald Trump est également accusé d’avoir gêné l’enquête du Congrès en interdisant aux membres de l’administration de répondre aux injonctions, et en exerçant des pressions sur les témoins.

Le président et ses partisans dénoncent, eux, une «mascarade» sans fondement. Stephanie Grisham, porte-parole de la Maison Blanche, a réaffirmé mercredi que le milliardaire républicain n’avait «rien fait de mal».

«Il est impatient de bénéficier au Sénat des droits que Nancy Pelosi et les démocrates de la Chambre lui ont refusés et s’attend à être complètement innocenté», a-t-elle indiqué dans un communiqué

«Etouffer l’affaire»

Une fois que la Chambre aura avalisé la transmission de l’acte d’accusation, Adam Schiff et son équipe traverseront sous bonne escorte les couloirs du Capitole pour l’apporter au Sénat, chargé selon la Constitution de juger le président.

D’autres démarches «préliminaires» auront lieu jeudi ou vendredi, dont la prestation de serment des 100 sénateurs devant le président de la Cour suprême des Etats-Unis, John Roberts, chargé par la Constitution de superviser ce procès, a prévu le chef républicain de la chambre haute Mitch McConnell.

Lundi étant férié aux Etats-Unis, le procès devrait véritablement commencer mardi, a-t-il encore fait savoir.

Avec 53 sièges, les républicains, qui font bloc autour de Donald Trump, sont majoritaires à la chambre haute. Jusqu’ici, ils sont restés soudés autour de leur président, ce qui augure, sauf énorme surprise, de son acquittement, d’autant qu’il faudrait une majorité des deux tiers pour le destituer.

Malgré tout, les démocrates espèrent que le procès fera émerger de nouveaux éléments embarrassants pour Donald Trump. Ils réclament notamment la convocation de quatre de ses proches conseillers qui avaient reçu pour consigne de ne pas coopérer à l’enquête de la Chambre.

(nxp/afp)