Que les Russes fassent plus de bébés: le défi de Poutine

 

La crise démographique que traverse la Russie est une menace pour l’avenir du pays et un défi «historique», a déclaré mercredi Vladimir Poutine, annonçant de nouvelles mesures de soutien aux familles pour accroître la population. «Nous sommes aujourd’hui 147 millions, mais nous sommes entrés dans une mauvaise période démographique», a-t-il déclaré en ouverture de son adresse au parlement russe, expliquant que «les mauvaises prévisions actuelles ne peuvent que nous inquiéter». Il a ajouté: «Le destin de la Russie et ses perspectives historiques dépendent de combien nous serons» à l’avenir, en appelant à «sortir du piège démographique».

La Russie a perdu plus de cinq millions d’habitants depuis 1991, conséquence de la grave crise démographique qui a suivi la chute de l’URSS. Après une période de reprise, la population russe baisse de nouveau depuis 2018 alors que la génération née dans les premières années postsoviétiques, marquées par une baisse de natalité, arrive en âge d’avoir des enfants.

Taux de fécondité trop bas

Selon le président russe, le taux de fécondité (nombre d’enfants par femme) s’établissait en 2019 à 1,5 enfant par femme. «Cela doit être 1,7 enfant par femme en 2024», a-t-il fixé pour objectif. Annonçant des mesures natalistes, il a notamment promis l’extension d’un programme d’aide financière aux parents, jusqu’alors ouvert à la naissance du second enfant, dès le premier enfant. «Nous devons soutenir les jeunes gens, ceux qui commencent leur vie de famille et qui, j’en suis sûr, rêvent d’avoir des enfants», a déclaré le président russe.

L’aide totale apportée aux familles de deux enfants atteindra ainsi un total de 617’000 roubles (environ 10’000 francs) répartis entre les deux naissances, a-t-il ajouté en annonçant l’extension de ce programme au moins jusqu’à décembre 2026. Il a aussi annoncé de nouvelles allocations à destination des familles en difficulté pour les enfants de trois à sept ans et la gratuité de la cantine scolaire.

Référendum pour renforcer le parlement

Par ailleurs, Vladimir Poutine a proposé mercredi d’organiser un référendum sur des réformes de la Constitution russe devant renforcer les pouvoirs du parlement, tout en préservant le caractère présidentiel du système politique qu’il pilote depuis 20 ans.

Ces annonces pendant le discours annuel du président russe devant le parlement et les élites politiques vont continuer de nourrir les interrogations quant à son avenir après 2024, à l’issue de son mandat, alors qu’il n’a jamais mis en avant de successeur ni exprimé ses intentions.

La principale mesure annoncée vise à renforcer le rôle du parlement dans la formation du gouvernement, lui donnant la prérogative d’élire le premier ministre que le président sera alors «obligé de nommer». Actuellement, la Douma confirme le choix du chef de l’État. Selon lui, il s’agit d’un changement «significatif» pour lequel il a jugé la Russie assez «mûre». Les deux chambres du parlement sont aujourd’hui dominées par des forces pro-Poutine et ne s’opposent jamais aux volontés du Kremlin.

République présidentielle forte

Les propositions de réformes exposées par M. Poutine visent aussi à renforcer les gouverneurs régionaux, à interdire aux membres du gouvernement et aux juges d’avoir des permis de séjour à l’étranger et à obliger tout candidat à la présidentielle à avoir vécu les 25 dernières années en Russie. Néanmoins, Vladimir Poutine, qui en l’état actuel de la législation n’a pas le droit de se représenter en 2024, a souligné que la Russie devait rester dirigée par un système présidentiel.

(nxp/afp)