Procès en France «Il voulait voir ce que ça faisait de tuer»

 

Le 21 mai 2015, Adrien Bottollier quittait son appartement de Chambéry en pleine nuit, muni d’un couteau, en laissant en plan sa petite amie. Dans la rue, l’étudiant en psychologie croisait un homme de 51 ans, alcoolisé et sans domicile fixe, qui lui demandait une cigarette et son chemin jusqu’à la gare.  «Si je le tue et qu’il disparaît, qui va le plaindre ?» se demanda-t-il alors. A l’aube, le quinquagénaire était retrouvé mort dans l’un des parcs de la ville, le corps lardé de 28 coups de couteau, et le pantalon baissé jusqu’aux chevilles. Adrien Bottollier se glorifie de son exploit devant ses amis, qui ne le prennent pas au sérieux parce qu’ils le considèrent comme timide et non violent.

Sur Facebook, quelques heures après les faits, il écrit à une amie installée à l’étranger: «pour la première fois, mes délires meurtriers ne sont pas des délires. Tu me crois si je te dis que j’ai tué cette nuit ?» «Je ne me suis jamais senti aussi vivant, mais si tu as l’occasion mets-moi en prison», ajoute-t-il.
Plus tard, à cette même amie qui ne le croit pas, il rappelle qu’il lui a envoyé sur Snapchat la photo d’un couteau ensanglanté la nuit des faits. «Je comptais attendre l’année prochaine pour recommencer mais pour te prouver ma sincérité, ça arrivera plus tôt». Trois mois plus tard, nouveau message: «Je crois que je deviens fou. Je ne sais plus quoi faire, j’ai peur de moi-même».

Seconde attaque

L’enquête qui piétinait fera un bond, le 5 janvier 2016, lorsque les enquêteurs chambériens sont contactés par leurs homologues de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie): Adrien Bottollier vient d’y commettre une attaque au couteau, et il s’est vanté auprès de sa victime d’avoir tué un homme à Chambéry.

Le 25 décembre 2015 en soirée, Adrien Bottollier s’était joint à un groupe de clients dans un bar de la ville. Il avait échangé plus longuement avec l’un d’eux, qu’il avait invité à terminer la soirée au domicile de sa mère, absente cette nuit-là. Après avoir bu un verre ensemble, Adrien Bottollier ôtait son tee-shirt afin de montrer à son invité une cicatrice, conséquence d’une blessure qu’il s’était volontairement infligée dans le but de «voir son coeur pour se sentir en vie».

Remarquant que son hôte «avait un problème», l’invité parvenait à s’enfuir, non sans recevoir deux coups de couteau.

Lors de l’instruction, le jeune homme a affirmé ressentir du dégoût en pensant aux faits. Dix jours avant les premiers faits, il s’était aussi demandé près d’une amie s’il n’était pas un tueur en série.

Son avocate Marie-Laure Martinez, du barreau de Chambéry, souhaite que ce procès soit l’occasion de comprendre «qui il est», demandant de le voir «tel qu’il est et pas comme il a pu être décrit par le passé». «Il a envie de s’expliquer. C’est important pour lui».

L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.

(afp)