En promettant de «battre Donald Trump», le socialiste Bernie Sanders a salué mardi sa victoire dans la primaire démocrate du New Hampshire, suivi par les modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar, tous désormais installés dans le groupe des candidats susceptibles de défier le président républicain en novembre. «C’est le début de la fin pour Donald Trump», a lancé à une foule en liesse le sénateur indépendant, désormais favori de la course à l’investiture démocrate. Une fois les résultats de neuf bureaux de vote sur dix rendus, le vétéran de la politique avait remporté 26% des suffrages, suivi par l’ex-maire Pete Buttigieg (24%) et la sénatrice Amy Klobuchar (20%), selon les comptabilisations des médias américains.
Bernie Sanders thanks supporters in New Hampshire “for a great victory” in the Democratic primary, as ABC News projects a Sanders win.
“Let me say tonight that this victory here is the beginning of the end for Donald Trump.” https://t.co/3eOZfpSI3t pic.twitter.com/nLBccXS4mU
— ABC News (@ABC) February 12, 2020
Longtemps favori, l’ancien vice-président Joe Biden a essuyé un cuisant revers en n’arrivant que cinquième, loin derrière (8%). Il est devancé par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren (9%) qui elle aussi enregistre un score extrêmement décevant.
With Bernie Sanders winning New Hampshire's Democratic presidential primary, here's a look at the results now that 84% of precincts have reported.
See more #NHPrimary2020 results here. https://t.co/iL3hd5AwEL pic.twitter.com/iw00RpgzTV
— The New York Times (@nytimes) February 12, 2020
Bernie Sanders, 78 ans, et Pete Buttigieg, 38 ans, se présentaient en favoris dans cette primaire du New Hampshire après avoir dominé il y a huit jours dans l’Iowa. L’ancien maire de South Bend, une ville d’une centaine de milliers d’habitants dans l’Indiana, l’avait alors emporté d’un cheveu contre le sénateur du Vermont.
Mardi soir dans le New Hampshire, Pete Buttigieg a félicité son rival, en rappelant son admiration de longue date pour le sénateur. Puis il a pris soin de se placer en meilleur choix pour battre un président qui avait su séduire, en 2016, dans ces régions rurales et industrielles du Midwest.
«Un grand nombre d’entre vous ont décidé qu’un maire de la classe moyenne et ancien militaire venant du Midwest était le meilleur choix pour défier ce président», s’est réjoui le premier candidat homosexuel aussi bien placé dans la course à la Maison Blanche.
Deux candidats jettent l’éponge
Triomphante, la sénatrice du Minnesota âgée de 59 ans Amy Klobuchar s’est aussi félicitée de son résultat. «Bonjour l’Amérique, je suis Amy Klobuchar et je battrai Donald Trump»: triomphante, devant une nuée de drapeaux vert, couleur de sa campagne, la sénatrice du Minnesota âgée de 59 ans s’est réjouie de son résultat dans le New Hampshire. «J’ai hâte de (…) gagner en rassemblant un mouvement de démocrates enthousiastes, d’indépendants et de républicains modérés», a lancé la petite-fille d’un mineur en rappelant ses origines humbles.
“Hello, America, I'm Amy Klobuchar and I will beat Donald Trump,” Sen. Amy Klobuchar says in New Hampshire.
“…Donald Trump's worst nightmare is that the people in the middle…have someone to vote for in November.” https://t.co/uwbttm31ok pic.twitter.com/4qanQ6W30Q
— CNN (@CNN) February 12, 2020
L’Iowa et le New Hampshire ne distribuent qu’un tout petit nombre de délégués sur les 1991 nécessaires pour décrocher l’investiture du parti en juillet. Mais ces deux petits États représentent d’importants tremplins dans la longue route qui mène à la présidentielle. Face à des résultats décevants, Andrew Yang, entrepreneur de 45 ans qui s’est forgé une renommée avec sa proposition d’instaurer un revenu universel, et le sénateur Michael Bennet ont jeté l’éponge dans la soirée.
«Ce n’est pas fini»
Neuf candidats sont encore en lice pour défier Donald Trump le 3 novembre. Et ces dix derniers jours, des mouvements importants semblent s’être opérés dans les rapports de forces. Bernie Sanders a doublé l’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, dans les sondages nationaux, même si ces derniers sont à prendre avec beaucoup de précautions.
Pete Buttigieg n’arrive lui qu’en cinquième place dans cette moyenne nationale. Mais dans une course électorale où les tendances importent grandement, il affiche une courbe en nette hausse depuis sa victoire dans l’Iowa. Les résultats du New Hampshire devraient donner un grand élan aux deux hommes avant les prochains votes des primaires: le Nevada le 22 février puis la Caroline du Sud le 29 février.
C’est là que Joe Biden jouera la suite de sa campagne. En piteuse position, il a quitté le New Hampshire avant même les résultats pour se rendre directement en Caroline du Sud et y tenir une réunion publique. L’ancien vice-président de Barack Obama y est donné très largement favori, car il bénéficie de forts soutiens dans la population noire, majoritaire parmi les les électeurs démocrates de cet État.
Question: "Are you concerned about the message that you're sending to New Hampshire by going to South Carolina?"
Joe Biden: "No not at all, they know we've worked hard here. I'm not concerned about it at all." pic.twitter.com/zlPhSdPaqW
— The Hill (@thehill) February 11, 2020
«Ce n’est pas fini mon gars, nous ne faisons que commencer», a-t-il lancé, souriant. Mais pour Joe Biden, tout pourrait vite s’enrayer, les soutiens le quitter, et les donateurs, nerfs de la guerre électorale aux États-Unis, le déserter.
Tous les yeux se tourneraient alors vers le milliardaire et ex-maire de New York Mike Bloomberg, troisième dans les sondages nationaux, qui a fait l’impasse sur les premiers États pour entrer en lice à partir du «Super Tuesday», lorsqu’une quinzaine d’États voteront le 3 mars.
Trump remarque «Bootedgeedge»
Se déclarant «socialiste», un mot longtemps connoté à l’extrême gauche aux Etats-Unis, Bernie Sanders prône depuis des décennies une «révolution» politique pour parvenir à une société plus juste, en proposant notamment d’aller vers un système universel de couverture santé. Son message, encore considéré comme trop à gauche par de nombreux démocrates lors de sa première tentative présidentielle ratée en 2016, résonne désormais plus fortement.
En face, Pete Buttigieg plaide pour une voie plus centriste, affirmant être plus apte à rassembler les démocrates mais aussi à tendre la main aux indépendants et aux «futurs ex-républicains». Un temps favorite, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, a salué, dans le New Hampshire, les «solides» résultats de Bernie Sanders et de Pete Buttigieg, et félicité Amy Klobuchar.
NEW: Sen. Elizabeth Warren says Sanders, Buttigieg "had strong nights."
"I also want to congratulate my friend and colleague Amy Klobuchar for showing just how wrong the pundits can be hen they count a woman out." https://t.co/BsD5crsAW1 pic.twitter.com/dgRmRnhiU9
— Evan McMurry (@evanmcmurry) February 12, 2020
Comme Joe Biden, l’ancienne professeure en droit de Harvard, pourfendeuse de Wall Street, a voulu se projeter dans l’après-New Hampshire. En affirmant qu’après l’avalanche de votes du «Super Tuesday», seuls trois candidats pourraient rester en lice: Bernie Sanders, Joe Biden et elle. Et qu’elle serait alors «la mieux placée pour (…) battre Donald Trump».
Observant d’un oeil ironique la guerre des démocrates, Donald Trump a jugé que la sénatrice avait passé une «très mauvaise soirée», en employant le surnom moqueur dont il l’a affublée, «Pocahontas», en référence à la polémique sur les origines amérindiennes très lointaines longtemps revendiquées par la sénatrice. «Je pense qu’elle signale qu’elle veut sortir de la course», a-t-il tweeté après le discours de la démocrate avant d’enchaîner sur Pete Buttigieg et Bernie Sanders. «Bootedgeedge (Buttigieg) réussit assez bien ce soir. Il donne du fil à retordre à Bernie le fou. Très intéressant!»
Bootedgeedge (Buttigieg) is doing pretty well tonight. Giving Crazy Bernie a run for his money. Very interesting!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) February 12, 2020
(nxp/afp)