GAMBIE : CONTROVERSE AUTOUR DU PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION

 

BANJUL – Tout est parti d’une déclaration d’un conseiller du président Adama Barrow dans un quotidien local suggérant que la nouvelle constitution « devrait être non-rétroactive et que l’actuel président gambien resterait au pouvoir au moins pendant 15 ans ». Brocardant au passage certains articles de la nouvelle constitution censée entériner la troisième République. Une déclaration qui a suscité une onde de choc poussant le pouvoir à réagir. Plus de deux mois après la remise du projet de nouvelle constitution, la Présidence s’est fendue d’un communiqué, hier soir, pour annoncer la présentation du projet devant l’Assemblée nationale en début août avant son adoption par referendum.

La réaction de la société civile et de l’opposition ne sait pas fait attendre. Dans un pays encore traumatisé par 22 ans de tyrannie, toute velléité de s’éterniser au pouvoir suscite hystérie et appréhension pour ne plus revivre l’expérience du passé. La sortie de Siatta Jatta, conseiller spécial du président Barrow pointant du doigt ce qu’il appelle « les imperfections » de la constitution non encore adoptée, a suscité une levée de boucliers.

Non-rétroactivité de la constitution

Sur le concert de réactions, la société civile est en première ligne. A peine le débat sur la durée du premier mandat de Barrow clos, les Gambiens sont vent debout contre toute velléité de voir leur nouveau leader s’éterniser au pouvoir. Après deux ans de consultations qu’a menées l’équipe chargée de la rédaction d’une nouvelle constitution, il est formellement stipulé une limitation stricte à deux le nombre de mandats présidentiels. Selon les confidences de Cherno Souleyman Jallow, le juge qui a dirigé cette équipe, c’est « l’un rare point, sur lequel, il y a eu unanimité ». La thèse défendue par le conseiller du président Barrow c’est de ne pas comptabiliser le mandat actuel mandat du chef de l’Etat pour pouvoir briguer la magistrature suprême pour au moins les dix prochaines années.

Tourner la page

Certains ont surtout analysé dans cette déclaration une volonté manifeste de retarder l’adoption de la nouvelle constitution. Pour désenfler la controverse, la Présidence a publié un communiqué sur les modalités d’adoption de la nouvelle loi fondamentale censée entériner la troisième République. Selon ledit communiqué, le projet de loi sera publié à la fin du mois dans le journal officiel avant d’être présenté devant l’Assemblée nationale, en début août. Est-ce un ballon de sonde ou une volonté manifeste de rester le plus longtemps au pouvoir ? Quoi qu’il en soit, cette sortie a eu le mérite de jauger une soif de tourner définitivement la page en Gambie.

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