Covid-19 et projets d’hydrocarbures : Devons-nous nous interroger sur les perspectives d’exploitation pétrolière au Sénégal ?

 

 

La pandémie du nouveau coronavirus a perturbé la mise en œuvre de nombreux projets d’hydrocarbures, poussant ainsi à s’interroger sur les perspectives d’exploitation pétrolière au Sénégal.

Le Sénégal doit « revoir ses plans » en lien avec « les perspectives d’exploitation pétrolière » du fait de la pandémie de Covid-19, qui a bouleversé le secteur mondial des hydrocarbures. C’est du moins la quintessence d’un article publié dans lemonde.fr et signé Théa Olivier et Mariama Darame.

« Le rêve pétrolier et gazier s’éloigne encore un peu plus pour les Sénégalais », lit-on encore. Le journal rappelle que l’exploitation des deux principaux projets d’hydrocarbures, le champ pétrolier offshore Sangomar et le gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) partagé avec la Mauritanie, avait déjà été retardée à trois reprises.

Et selon Le Monde, la pandémie due à la Covid-19 vient à nouveau de repousser d’un an, à la fin de 2023, le lancement de la production commerciale. « Un coup dur pour le pays qui compte sur ces ressources pour dynamiser son économie, créer des emplois et développer les infrastructures. »

Du côté du quotidien français de l’après-midi, on en veut pour preuve l’extrait d’un communiqué de Petrosen datant du 10 avril : « L’effondrement des prix du pétrole brut ainsi que le ralentissement des activités du secteur (…) ont amené certains de nos partenaires à évoquer le cas de force majeure qui pourrait impacter les délais de livraison ».

Les contrecoups de la récession

La compagnie nationale sénégalaise, nous rappelle-t-on, reste tributaire des majors du pétrole et de leurs sous-traitants pour exploiter les 500 millions de barils de pétrole en réserve. À noter que le géant pétrolier britannique BP, qui détient 60 % du gisement gazier GTA a brandi un « cas de force majeure » pour retarder d’un an l’installation de sa plate-forme offshore au large des côtes sénégalo-mauritaniennes.

De fait, les conséquences économiques de ces nouveaux délais pourraient être lourdes. Le Monde rapporte des dépenses engagées immédiatement alors que les retombées du pétrole sur l’économie ne sont pas prévues avant plusieurs années.

Le tableau de diagnostic de la situation faite par Thierno Alassane Sall est assez sombre. « Les compagnies pétrolières abusent de leur pouvoir, car le Sénégal n’a pas les compétences juridiques ni l’expertise technique pour challenger leurs propositions. Nous sommes dans une position asymétrique, où les intérêts des acteurs pétroliers ne sont pas toujours les nôtres », a constaté l’ancien ministre de l’énergie, interrogé par Le Monde.

Ce dernier avait démissionné de sa fonction en 2017 après un désaccord avec le gouvernement au sujet de contrats pétroliers signés avec le groupe français Total.

Les secteurs pétrolier et gazier devaient rapporter au Sénégal l’équivalent de 6 à 7 % de points de PIB sur vingt ans, selon le FMI. Mais en lieu et place de cette manne, le pays va devoir subir les contrecoups de la récession qui touche le continent dans le sillage de la crise sanitaire. Néanmoins, avec une croissance attendue autour de 3 % en 2020, il devrait s’en sortir mieux que ses voisins.

Dakaractu