Liban: le Bac libanais 2020 annulé

 

La révolution éclate le 17 octobre 2019 sur fond d’une crise économique sans précédent. Élèves et enseignants restent confinés à la maison pendant au moins un mois. A la mi-février apparaît dans le pays le premier cas confirmé de la covid-19. Afin de limiter la circulation du virus, tous les établissements scolaires et universitaires ferment leurs portes. L’année scolaire 2019-2020 a ainsi été fortement perturbée. Elle ne s’achèvera pas avec les épreuves du Bac pour les élèves en classe de Terminale. Le gouvernement a tout simplement annulé le Bac libanais, édition 2020. Grande déception chez les élèves !

L’annulation des épreuves du Bac est directement liée à la pandémie de la covid-19. Mais pas seulement. Elle est aussi liée aux conséquences de la crise économique qui frappe le pays du Cèdre. Certains s’attendaient à un report des épreuves. A la surprise générale, c’est une annulation pure et simple que le ministre de l’éducation propose, comme le rapporte l’agence d’information officielle. « Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur, Tarek el Majzoub, a proposé ce dimanche (17 mai) dans son discours depuis le Grand Sérail, d’annuler les examens officiels de l’année scolaire 2019-2020. Il a de même précisé que les élèves passeront en classe supérieure selon certaines conditions et les universités poursuivront l’enseignement à distance. Il a enfin conclu en assurant que la santé de nos enfants est une priorité et que les pertes seront compensées l’année prochaine » (NNA, agence officielle, 17 mai). Trois jours plus tard, soit le mercredi 20 mai, tous les quotidiens libanais livrent la nouvelle : le Bac libanais 2020 est annulé. Une mauvaise nouvelles n’arrivant jamais seule, les écoles privées catholiques risquent, elles, de ne pas ouvrir leurs portes à la prochaine rentrée scolaire, celle de 2020-2021. Le Père Boutros Azar, Secrétaire général des écoles catholiques cité par L’Orient-Le Jour (20 mai) informe que c’est par « faute de moyens ».

Ces deux mauvaises nouvelles qui concernent l’école libanaise ont provoqué une avalanche de commentaires aussi critiques les uns que les autres. C’est un coup dur porté à l’un des piliers du Liban, commente une libanaise qui réagit sur les difficultés financières que rencontrent les écoles catholiques. Les congrégations religieuses scolarisent près des deux tiers des élèves du pays. Sur les réseaux sociaux les critiques fusent contre le gouvernement. « Où sont donc les libanais et les libanaises? » s’interroge un internaute. « La colonne vertébrale de notre pays est en train d’être disloquée pièce après pièce et ils espèrent qu’une ombre de solution viendrait de ce gouvernement choisi pour exécuter les plans des ennemis de notre pays », s’insurge-t-il. « Le système économique détruit, on passe au suivant celui de l’éducation et ils continuent de renouveler les contrats de l’énergie avec les mêmes comparses ». L’auteur anonyme poursuit: « Toutes les voix s’élèvent avec documents à l’appui pour dénoncer auprès des juges et des institutions concernées pour arrêter ces magouilles mais personne ne bouge ». Il termine plus virulent : « Que de discours rassurant émanant de ces mêmes voleurs pour anesthésier le peuple dépouillé et meurtri. Mais que se passe t-il ? N’y a t-il plus de conscience dans ce pays ni la moindre fibre nationale pour arrêter tous ce massacre? ».

Alors que les citoyens se plaignent des mauvaises nouvelles qui s’abattent sur eux, le débat politique se poursuit sur les médias. Au cours d’une interview l’ex-député Walid Joumblatt a estimé que la situation actuelle du Liban résulte d’une « guerre économique entre l’Iran et les Etats-Unis sur le sol Libanais ». Libnanews.com qui rapporte ses propos indique que l’ex-député du Parti Socialiste Progressiste (PSP) « aurait également mis en garde l’ancien ambassadeur des Etats-Unis au Liban Jeffrey Feltman contre les conséquences d’un tel conflit, estimant par ailleurs que les sanctions américaines n’affaiblissent pas le Hezbollah mais entrainera un dommage collatéral sur la population libanaise » (libnanews.com, 20 mai).

Pierre Boubane à Beyrouth / www.tambacounda.info /