Autriche: Voici le visage de «l’appât» de l’Ibizagate

 

L’inconnue qui a déclenché le scandale politique le plus retentissant de l’histoire de l’Autriche a désormais un visage : la police a diffusé mercredi des photos de la femme ayant attiré, il y a un an, le chef de l’extrême droite dans un guet-apens qui a fait chuter le gouvernement.

Les enquêteurs cherchent à identifier cette personne qui s’est présentée comme la nièce d’un oligarque russe et a joué un rôle central dans l’affaire désormais connue sous le nom d’Ibizagate : elle est l’interlocutrice à laquelle l’ancien chef du parti nationaliste FPÖ promettait des contrats publics en échange de financements politiques occultes lors d’une soirée arrosée dans une villa d’Ibiza.

Tournée avant les législatives de 2017 qui avaient porté M. Strache au poste de numéro deux du gouvernement, cette scène filmée en caméra cachée et rendue publique en mai 2019 par des médias allemands avait fait voler en éclat la coalition entre le parti conservateur du chancelier Sebastian Kurz et le FPÖ.

Dans les extraits connus de la vidéo, l’interlocutrice de M. Strache n’apparaissait jamais et le grand public ne connaissait que l’alias sous lequel elle s’est présentée : Aliona Makarova, «nièce» de l’oligarque russe Igor Makarov. Lequel a indiqué ultérieurement qu’il n’avait pas de nièce.

En diffusant les images de cette femme jeune, à la silhouette fine et aux yeux bleus, la police autrichienne espère donc récolter des informations «sur les circonstances qui ont conduit à la production et à la création de la +video d’Ibiza+», selon un communiqué.

Le parquet de Vienne enquête à la fois sur la mise au point du guet-apens et sur les propos tenus par M. Strache pour déterminer ce qui pourrait tomber sous le coup de poursuites. A ce stade, la thèse d’une opération visant à faire chanter l’ancien chef de l’extrême droite est privilégiée et plusieurs suspects ont été entendus ces derniers mois.

Le responsable de l’enquête, Dieter Csefan, a précisé mercredi que la police avait saisi du matériel utilisé pour tourner la vidéo, dont un interrupteur factice utilisé pour dissimuler une caméra. «En l’état actuel des enquêtes, nous pouvons exclure tout financement étranger ou la participation d’un service de renseignement», a précisé M. Csefan.

Après la chute de sa coalition avec l’extrême droite, Sebastian Kurz avait convoqué des législatives anticipées que son parti a largement remportées en septembre. Les conservateurs forment depuis lors une coalition avec les Verts.

Le FPÖ, enferré dans des rivalités internes, reste toujours sous le coup du séisme de mai 2019. M. Strache tente un retour politique dans une petite formation dissidente.

(AFP/CGA)