Nouveaux pillages à Manhattan, Trump menace

 

Les pillages de nombreux commerces ayant repris lundi soir, en marge des manifestations contre le racisme, le maire de New York a décidé d’imposer un couvre-feu mardi. Trump menace de déployer l’armée.

Le président Donald Trump a promis lundi de restaurer l’ordre dans une Amérique en proie à un déferlement de colère historique, menaçant de déployer l’armée si les villes et les Etats ne faisaient cesser les violences. Une semaine après l’homicide à Minneapolis de George Floyd, un homme noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc, New York, Los Angeles et des dizaines d’autres villes américaines ont renforcé leurs mesures sécuritaires, décrétant ou rallongeant un couvre-feu nocturne.

Face aux troubles se surajoutant à la pandémie de coronavirus, Donald Trump a annoncé d’un ton martial le déploiement de «milliers de soldats lourdement armés» et policiers à Washington pour mettre un terme «aux émeutes» et «aux pillages». Il a jugé que les troubles de la veille dans la capitale fédérale étaient «une honte».

Appelant les gouverneur à agir vite et fort pour «dominer les rues» et briser la spirale des violences, il leur a lancé une mise en garde. «Si une ville ou un Etat refuse de prendre les décisions nécessaires pour défendre la vie et les biens de ses résidents, je déploierai l’armée américaine pour régler rapidement le problème à leur place», a-t-il lancé, dénonçant des actes de «terrorisme intérieur».

Tandis qu’il s’exprimait dans les jardins de la Maison Blanche aux airs de camp retranché, la police a effectué des tirs de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants rassemblés à l’extérieur de l’enceinte. L’objectif était de libérer le champ vers l’église Saint John, bâtiment emblématique tout proche qui a été dégradé dimanche soir. Le président s’y est rendu à pied, entouré de membres de son cabinet, pour s’y faire photographier, une Bible en main.

Deux autopsies

La première ville du pays, New York, a annoncé doubler la présence de ses forces de police et instaurer un couvre-feu de 23H00 lundi à 05H00 mardi. De Boston à Los Angeles, de Philadelphie à Seattle, le mouvement de protestation s’est exprimé de façon majoritairement pacifique le jour, mais a aussi donné lieu à des embrasements nocturnes et des destructions à grande échelle. A l’origine de la colère figure le calvaire subi par George Floyd, qui lors de son interpellation a suffoqué, menotté et gisant par terre, sous le genou d’un policier, dont les collègues sont demeurés passifs.

Le centre de Manhattan a été le théâtre de pillages lundi soir. Des magasins de marques, tels Nike ou Michael Kors sur la 5e Avenue, ou des magasins d’électronique ou de Lego d’autres grandes rues de Midtown ont été pillés en début de soirée, avant l’entrée en vigueur d’un couvre-feu inédit à partir de 23 heures (4 heures en Suisse).

Des groupes de jeunes, souvent une dizaine, circulaient d’une rue à l’autre, tandis que des rues entières de ce quartier en temps normal très touristique mais déserté avec la pandémie, étaient bloquées par la police.

Des images de la télévision locale NY1 ont notamment montré des jeunes sortant en courant d’un magasin d’électronique de la chaîne Best Buy avant d’être appréhendés par la police. Des magasins au sud de Manhattan ont subi le même sort, selon un photographe de l’AFP.

Certains sur les réseaux sociaux affirmaient que le célèbre grand magasin Macy’s avait aussi été ciblé par les pillards, mais la police n’a pas immédiatement confirmé ces informations, indiquant simplement que de «nombreux commerces» avaient été ciblés et des personnes arrêtées «par centaines».

«Pour l’essentiel calme et paisible» selon le maire

Le maire Bill de Blasio a jugé la situation «pas acceptable». Il a annoncé que le couvre-feu commencerait dès 20 heures mardi, au lieu de 23 heures lundi. «La ville est totalement sous contrôle, et pour l’essentiel calme et paisible», a-t-il néanmoins assuré sur la chaîne NY1.

(AFP/NXP)