En Swiss Football League, seules mille personnes sont acceptées dans les stades depuis le début de la semaine. Ce nombre réduit de spectateurs n’a pas empêché certains bas du front d’entrer dans le Kybunpark de St-Gall, jeudi dernier. Comme quoi les enceintes helvétiques ne sont pas à l’abri de cris racistes. Lors de la défaite 0-4 des leaders de Super League contre Zurich, des «fans» locaux ont dérapé, à la suite du 0-2 inscrit par le Nigérian Aiyegun Tosin, à la 64e minute de jeu. On peut clairement distinguer, sur une vidéo balancée sur YouTube, un «supporter» des «Brodeurs» lancer un infâme «Scheiss-Mohrechopf!» («Tête de nègre de m****!») à l’intention du joueur de couleur.
Le joueur a clairement compris l’insulte, posé un genou à terre et brandi le poing, comme Colin Kaepernick, après que l’arbitre l’a averti (!) pour sa célébration post-but, où il enjoignait les spectateurs de se taire, un doigt posé sur la bouche. «A titre personnel, je trouve inacceptable d’entendre de tels propos. C’est un scandale, le fruit de la bêtise humaine», a indiqué Christophe Girard, le chef des arbitres suisses.
«En se basant sur les éléments en sa possession, l’arbitre a agit correctement»
«M. Fähndrich (réd: le directeur de jeu de la rencontre) n’a pas entendu ces insultes après le goal car il était en communication avec le VAR qui vérifiait la validité de la réussite, a continué le Vaudois. Il n’a rien constaté non plus durant le reste du match. En se basant sur les éléments en sa possession, l’arbitre a agit correctement car une provocation envers le public doit être sanctionnée d’un avertissement.»
Dans la foulée, les quolibets ont continué à fuser depuis les travées peu garnies et un «Scheiss-Neger» («Nègre de m****») a également été identifié par nos collègues alémaniques de «20 Minuten».
«La Swiss Football League est consciente de ces incidents et les condamne fermement. Les faits seront soumis à la commission compétente et nous communiquerons lundi les prochaines étapes à suivre.»
Aiyegun Tosin (22 ans) a réussi à faire taire tout le monde dans les arrêts de jeu, en répondant sur le terrain. L’ailier gauche aux 7 buts et 2 passes décisives en Super League cette saison a finalement réussi un doublé, qui a largement ralenti le FC St-Gall dans sa quête d’un éventuel titre de champion de Suisse.
Précédent un an auparavant
Il y a un an, le club de Suisse orientale avait déjà été au coeur d’une polémique, lorsqu’un joueur de Bochum avait quitté la pelouse en plein match amical. Jordi Osei-Tutu avait assuré qu’un de ses adversaires avait tenu des propos racistes à son encontre et soulevé une vague de soutiens, notamment de la part de son club d’Arsenal, qui l’avait prêté en Allemagne.
Victime de racisme, il quitte le terrain (juillet 2019)
Last night Jordi Osei-Tutu received unacceptable racial abuse playing for VfL Bochum. Racism has no place in our game and we do not tolerate any form of discrimination.
Everyone at the club is right behind you, Jordi ❤️ https://t.co/ylSMFLkJHZ
— Arsenal Academy (@ArsenalAcademy) July 10, 2019
De son côté, le FC St-Gall avait annoncé «condamner fermement toutes les formes de racisme et de discrimination. Une telle conduite serait immédiatement sanctionnée. Nos joueurs jouent avec respect, indépendamment de leur origine de leur couleur ou de leur religion. Au cours d’un entretien, le joueur mis en cause avait assuré de manière crédible qu’il avait également respecté cette règle lors du match contre le Vfl Bochum.» Cette fois, les preuves contre un de ses «supporteurs» semblent accablantes.
20mn.ch