ENQUÊTE À TOUBA / Dans l’intimité du chanteur de xassidas égorgé… Homme à deux épouses… La famille souhaite la peine capitale…

 

 

Père d’une fille de 3 ans, Serigne Modou Lô avait récemment perdu ses jumelles nées de son deuxième mariage. Il était polygame avec deux épouses. Toujours de blanc vêtu, il aimait par dessus tout, parcourir à longueur de journée les écrits de Serigne Touba.

LES XASIDAS, SA PASSION

Quand il quittait la petite Asta Waalo, du nom de sa fille qu’il chérissait tant à cause du fait que l’enfant, âgée juste de 30 mois, porte le nom de la mère de Sokhna Diarra Bousso, Serigne Modou Lô ne savait certainement pas qu’il vivait les ultimes moments de son existence. Comme à son habitude, mercredi dernier, il devrait enfiler son boubou de couleur  blanche et filer droit en direction de la grande mosquée de Touba.  Il tenait dans ses bras des poèmes de Serigne Touba. Marcher tout autour de l’édifice, chantant les vers du Saint-homme semblait être sa préoccupation spirituelle la plus assidue et façonnait le plus fortement son quotidien.  ” Il ne vivait que pour les xasidas” lance Sokhna Aïssatou Ndour, une voisine, par ailleurs femme de ménage dans la maison.

Un membre de la Dahira Muqadimatul confie à Dakaractu-Touba que l’homme ne faisait pas partie de la structure, mais considérait que la mosquée était un patrimoine qu’il fallait absolument protéger. “Serigne Modou Lô ne manquait presque jamais à ses rendez-vous avec les déclamations de xasidas. De loin, on pouvait reconnaître sa voix. Elle était belle. Et le plus important dans ce qu’il faisait, c’est qu’il  prononçait correctement les écrits. Il articulant  bien ce que le Cheikh avait écrit.  Mais il n’était pas membre de notre dahira “.

Un tour chez lui a permis de découvrir autre chose. Il suffit,  en effet, de franchir le seuil de  la porte de sa chambre pour apercevoir les dizaines de recueils de poèmes, tous de Serigne Touba, bien parfumés. Son amour pour le Cheikh et ses ouvrages était profond.

UNE MORT ATROCE

Sans que son rôle de superviseur des alentours de la grande mosquée ne soit officiel, Serigne Modou Lô savait corriger les mauvais comportements notés ça et là chez certains badauds qui traînent dans les parages de l’édifice.  D’ailleurs, à Touba, quand il s’agit de décrier un comportement indécent manifesté dans le périmètre sacré par un tiers, tout le monde peut le faire à tout le monde, sous réserve de la courtoisie.

Cette nuit su 23 au 24 août 2020, Serigne Modou Lô, apercevant de loin un homme d’une quarantaine d’années errant et feignant délire domicile à côté de la mosquée s’est approché  de lui pour l’interroger.  Il se rendit très vite compte que l’homme était ivre. Un tel état ne rimait pas avec le milieu. Il lui demandait gentiment de quitter les lieux. Ce que Ababacar Diop refusera de faire. Échanges  verbaux houleux et ensuite de coups de poings.

Serigne Modou Lô dominera son protagoniste. Ce dernier reviendra à la charge avec un couteau. ( La trame de l’histoire déjà racontée dans un précédent récit sur Dakaractu). Le chanteur de xasidas est mort…égorgé dans la maison de Serigne Fallou. La police dira par la suite, que le meurtrier était un repris de justice qui a fait la prison à deux reprises. Lui revendiquera un statut de bon mouride qui avait quitté Dakar pour Touba dans l’unique but de faire son acte d’allégeance auprès de Serigne Abô Mbacké Baraka.  Vérités ou pur mensonge ? Lui seul sait.

UNE FAMILLE MEURTRIE …

À l’image de ce qu’il représentait dans la famille,  Serigne Modou Lô  a visiblement laissé un grand vide dans la maison. Sa mort a surpris tout le monde. Rien ne pouvait laisser présager qu’un homme aussi calme pouvait laisser sa vie dans une bagarre. Alla Gaye, son oncle, est inconsolable. Pour lui, l’acte est ignoble et cruel. ” Nous ne sommes pas habilités à dire le droit, mais nous sommes d’avis que toute personne qui tue doit être tué ou au moins sévèrement puni. Nous interpellons autorités religieuses et étatiques. Si ce meurtre est mollement puni. Les conséquences seront fâcheuses. C’est la vie des talibés qui est en danger. La peine capitale doit être appliquée. Je remercie Dieu de n’avoir pas mis ce monsieur entre mes mains. Je sais que j’allais aussi lui ôter la vie comme il l’a fait avec Serigne Modou Lô. Un homme pieux, qui passait toute sa vie à jeûner, à apprendre les écrits du Saint-homme. Ce n’est pas juste !”

 

Dakaractu