Philippines: Plus de 120 enfants victimes d’«exécutions délibérées»

 

 

Plus de 120 enfants ont été tués dans des exécutions extrajudiciaires en plus de trois ans dans le cadre de la «guerre contre la drogue du président philippin Rodrigo Duterte», selon une ONG établie à Genève. Certains d’entre eux n’avaient qu’un an.

Mais «il est probable» que le nombre réel soit plus élevé, tant les proches de ces enfants redoutent des représailles, relève l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dans un rapport publié lundi. A la veille d’une discussion au Conseil des droits de l’homme, l’ONG dénonce des «exécutions délibérées», contrairement aux déclarations du président.

Preuves effacées

Parmi les victimes, plus d’un tiers ont été tuées par des policiers et plus de 61% par des inconnus, dont le lien avec la police a pu être établi pour certains d’entre eux. Les circonstances varient de cibles directes à des erreurs d’identité en passant par des exécutions par procuration lorsque la cible ne peut être trouvée.

Selon les témoignages, des preuves ont été effacées et de fausses indications d’«auto-défense» ont été données par les policiers. Seul un crime a vraiment été l’objet d’investigations et a mené à une condamnation parce qu’une vidéo le montre. Ces derniers mois, sept enfants ont été exécutés. L’OMCT dénonce cette impunité pour les responsables. Et les représailles contre les proches de victimes.

Arrestations et détentions à la hausse

Plus largement, l’ONG cible aussi la législation qui tente de criminaliser les enfants en lien avec les questions de drogue. Le nombre d’arrestations et de détentions a augmenté, menant parfois à de la torture. Le couvre-feu lié à la pandémie a contribué à cette situation. L’OMCT appelle le gouvernement à mettre un terme aux exécutions extrajudiciaires qui auraient tué près de 28’000 personnes au total. Elle demande des investigations sur celles contre les enfants et des sanctions contre les responsables.

Elle souhaite encore que le Conseil des droits de l’homme lance une commission d’enquête internationale, comme notamment le rapporteur suisse de l’ONU contre la torture Nils Melzer, et que la Cour pénale internationale (CPI) mène de véritables investigations. De son côté, l’instance onusienne avait pour le moment seulement demandé au Haut-Commissariat aux droits de l’homme un rapport. Celui-ci, publié il y a quelques semaines, était accablant pour le gouvernement.

(ATS)