ENTRETIEN AVEC… Amadou Dawa Diallo, secrétaire général du Parti de la réforme : «Ce n’est pas le moment des querelles de borne-fontaine ni l’heure du bilan»

 

Le secrétaire général du Parti de la réforme approuve les dernières décisions présidentielles pour relancer la machine économique. Selon Amadou Dawa Diallo, le déconfinement total ne doit pas pousser au relâchement dans l’observation des gestes barrières pour couper la chaîne de contamination du Covid-19. Cet allié de l’Apr estime par ailleurs que ce n’est pas le moment des querelles de borne-fontaine ni l’heure du bilan.

Comment appréciez-vous la levée de l’Etat d’urgence et du couvre-feu ?
En levant l’Etat d’urgence et le couvre-feu, le président de la République met les Sénégalais devant leurs responsabilités. L’activité économique doit être relancée à travers le déconfinement total, à quelques exceptions près. Evitons toutefois la confusion en pensant que la pandémie est derrière nous, car cette responsabilité devient surtout individuelle et collective ! Au moment où les hospitalisations sont en hausse, les cas graves et les décès augmentent, il faut nous réinventer en fouettant le subconscient de chacun que la maladie est toujours là et que la guerre n’est pas gagnée. Refusons la fatalité et ne baissons pas les armes !

Que pensez-vous de la gestion du Covid-19 par le gouvernement ?
Le Président Macky Sall a très tôt compris et pris les mesures qu’il fallait pour endiguer le Covid-19 avec une union sacrée sans précèdent et rarement vécue ces derniers temps dans notre pays autour du combat. La deuxième phase a consisté à la mise en place de la loi d’habilitation pour être en ordre de bataille avec l’instauration d’un couvre-feu et le Programme de résilience économique et sociale avec 1 200 milliards pour soutenir les secteurs les plus exposés au Covid-19. C’est le lieu de saluer le leadership personnel du Président qui a sollicité justement, à travers l’appel de Dakar, l’annulation de la dette publique de certains pays ou, à défaut, sa restructuration en relation avec les besoins de mobilisation immédiate et conséquente de ressources pour faire face aux premières urgences. S’y ajoute la baisse de la croissance notée partout pour ne pas parler de récession mondiale généralisée qui constitue l’autre pandémie mondiale à laquelle le Sénégal ne peut se soustraire et qui est due à la morosité économique qui n’a épargné aucun secteur d’activités. C’est à ce titre d’ailleurs que le ministre des Finances et du budget attirait l’attention sur le resserrement de notre taux de croissance, faute de mobilisation de ressources internes. Il y a un fait notable, car à l’issue de cet appel, c’est l’acceptation par le G20 de différer le paiement des échéances de la dette publique qui a permis au Sénégal et d’autres pays de disposer de marge budgétaire et de trésorerie pour faire face à la pandémie. Dans la même optique, la mise en place des comités de pilotage, de gestion du fonds de riposte Covid-19 et celui du suivi a parachevé l’option de transparence dans l’exécution des opérations de coordination, de mobilisation et de gestion.

Etes-vous satisfait de la gestion de la distribution des vivres ?
Le président de la République, dans sa magnanimité, avec un constant souci d’être aux côtés du Peuple sénégalais dans ces moments difficiles, a décidé d’octroyer une aide alimentaire d’urgence et opté pour une célérité dans l’exécution des opérations de distribution sans distinction pour tout Sénégalais qui remplissait les critères dans un canevas connu à l’avance. L’objectif c’est de toucher près de 8 millions de Sénégalais. Le ministre du Développement communautaire a tout mis en œuvre pour le succès de ces opérations qui sont d’ailleurs toujours en cours. Malheu­reuse­ment, il y a toujours certaines autorités locales (maires et chefs de village) qui ne respectent pas les prescriptions du Président. Il y a toujours des vindicatifs qui profitent de circonstances pa­reilles pour tirer la couverture de leur côté en essayant de satisfaire une clientèle politique, ce qui est extrêmement déplorable.

Votre département a-t-il connu les mêmes couacs sur la distribution ?
Vous savez, Ranérou est un vaste département et constitue 51% de la région de Matam. Par conséquent, l’acheminent des vivres ne saurait manquer quelques couacs. Mais c’est surtout l’attitude de certains maires véreux qui politisent toute action, même émanant du sommet de l’Etat en essayant d’en tirer des dividendes politiques.

Comment aviez-vous ac­cueilli le premier cas de coronavirus dans la région de Matam qui était venu de votre département justement ?
Le coronavirus n’est pas seulement l’apanage des autres départements. La circulation interurbaine est un facteur de mobilité et c’est dans ce cadre qu’un cas asymptotique a été déclaré et rapidement pris en charge par les autorités sanitaires. Le patient est guéri depuis. C’est l’occasion de saluer le travail formidable du gouverneur de la région, du préfet de Ranérou, du sous-préfet de Vélingara Ferlo, avec une mention spéciale à nos forces de défense et de sécurité, les personnels de santé et les jeunes qui ont beaucoup œuvré dans la riposte et la sensibilisation.

Quelles actions avez-vous mené pour sensibiliser les populations, surtout qu’il y en a qui n’y croient pas encore, parce qu’asymptomatiques ?
Chaque fois que l’occasion s’est présentée, car les déplacements étaient très limités, nos actions étaient axées, entre autres, sur l’appui en denrées alimentaires, les équipements sanitaires, les masques et quelques moyens financiers en vue de faciliter le travail des personnels de santé et des jeunes, et la solidarité avec les populations. Malheu­reusement, il y a toujours une résistance des populations à intégrer certains aspects de cette pandémie. Mais notre devoir est de continuer la sensibilisation, surtout dans le contexte de la levée de l’Etat d’urgence et du couvre-feu en insistant sur le respect des gestes barrières.

Aujourd’hui, quelle est la situation du Parti de la réforme que vous dirigez ?
Vous savez que l’heure n’est pas à la politique, mais plutôt de faire bloc autour du président de la République et son gouvernement pour bouter cette pandémie hors du Sénégal. J’en appelle aux Sénégalais de tous bords que ce n’est pas le moment des querelles de borne-fontaine ni l’heure du bilan. Il nous faut un sursaut national, un engagement patriotique de chacun au service exclusif du pays.