« NOS INSTITUTIONS SONT DEVENUES UN GRAND THÉÂTRE »

 

 

Moustapha Cissé Lo, cela a été dit et répété à satiété, s’est tiré une balle dans les pieds. Pour dire le moins. Dans la tête ? Allez savoir. Faut-il continuer à tirer sur l’ambulance ? On épuiserait nos forces sur du futile. Tout ce qui est excessif devient insignifiant. Au tribunal des hommes et de l’Histoire, ne nous y méprenons pas : Cissé Lo, de son sobriquet “El Pistolero”, n’est pas le seul à condamner. Au poteau celui qui a injurié et tous ceux de son acabit ! C’est une question de justice. Pour le reste, l’Alliance pour la République, fut-elle le parti au pouvoir, a beau sanctionner ses responsables ou… irresponsables, c’est selon, l’APR n’en demeure pas moins une association de droit privé. Ce qui s’y passe, ce qui s’y est déjà passé et ce qui s’y passera aujourd’hui ou demain, ne nous intéresse point. Ceux qui ont « choisi la République » ont d’autres… chevaux à fouetter.

On ne joue pas avec l’emblème. Haut lieu du raffinement, de l’élégance, de la compétence, de la tenue et de l’urbanité – rurbains comme moi s’abstenir – nos institutions sont devenues depuis 2000 (20 ans déjà !), un grand théâtre. Ce Grand Théâtre-ci porte finalement bien son nom. N’est-il pas le réceptacle d’un spectacle de comportements obscènes, de langages orduriers et d’une vulgarité innommable ? Si la responsabilité peut être partagée entre les tenants des différents régimes, celle du régime actuel est à l’ordre du jour. Elle est d’autant plus engagée que le président de la République, Macky Sall avait emporté l’adhésion des Sénégalais sur les valeurs et la rupture. Demander à ses prédécesseurs, les présidents Abdoulaye Wade et Abdou Diouf, ils vous diront les leçons qu’ils ont tirées de leurs chutes. C’est malheureusement toujours trop tard qu’un pouvoir s’aperçoit de ses tares et avatars. Le président Sall fera-t-il exception ? La suite des événements édifiera les Sénégalais.

Une erreur de casting sur une personne, passe encore. Mais sur deux, trois et plus, cela devient difficilement excusable. Savoir choisir ses hommes. Un homme politique a probablement besoin de certains compagnons de route pour conquérir le pouvoir. En revanche, un Président doit tamiser ses collaborateurs pour gouverner. La patience des Sénégalais n’est pas de l’indifférence. Pour eux, il y a un temps pour tout. Suivez leur regard…

Pour l’heure, un constat : l’immobilisme caractérise la gouvernance du pays. Depuis quand on manque de Premier Ministre ? Depuis quand un remaniement est en l’air ? Depuis quand on parle de la nécessité et de l’urgence d’un plan de relance économique concomitamment avec un plan de résilience ? Depuis quand on parle de gourmandise foncière qui indispose ? Depuis quand ? Mais alors depuis quand ? Il faut avouer que ça bouge peu !

L’immobilisme entraîne le suivisme. Remaniement ? Demain quand cela se fera, certains n’hésiteront pas à faire allusion à un pays bien connu. Qui vient de changer et de Premier ministre et de ministres. La remarque consisterait à dire : « il remanie parce que l’autre l’a fait. » Ça peut ne pas être juste. Ce ne serait pas forcément à tort. Monsieur le Président, pensez-agissez donc ! Et vite. En politique, l’immobilisme n’est pas une bonne conduite. Le refus d’agir expose le pays à des incertitudes.

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