Gestion de la pandémie à coronavirus : L’avis du Dr Kane sur un système mis à nu par une crise sanitaire.

 

Cela va presque faire 4 mois que la maladie à Covid-19 a gagné le monde surprenant ainsi plus d’un.
Aujourd’hui, le constat est unanime au Sénégal : Les cas ne cessent de prendre des proportions inquiétantes. Ainsi, il a été décompté ce jour 8014 cas positifs et 145 cas de décès.

Le Docteur Abdoul Kane cardiologue et professeur des universités du Sénégal, à l’occasion d’une interpellation de la plateforme des jeunes reporters, a listé ses différentes opinions sur la gestion de la pandémie au Sénégal.
Selon l’auteur du livre “Les eaux noires” publié aux éditions L’Harmattan, en avril dernier, « notre système de santé souffre de plusieurs maux structurels notamment sur les urgences, mais également d’inéquité territoriale. » Le médecin et chef du service cardiologie de l’hôpital Dalal Diam estime que dans cette situation sanitaire où nous sommes, compte tenu de ces insuffisances au niveau du plateau technique qui conduisent également à des difficultés liées à la prise en charge de certaines pathologies, il nous sera très difficile de faire face à cette crise liée à la covid-19.
Étant spécialiste des maladies du cœur, le professeur Abdoul Kane rappelle que le service de réanimation dédié à la chirurgie cardiaque est essentiellement occupé par les malades atteint de la covid-19. Ce qui voudra dire que les malades cardiaques ne pourront pas être pris en charge de façon optimale.
Ainsi, il proposera en guise de leçon à tirer, de rebâtir un système de santé plus résiliant, de renforcer et diversifier les ressources humaines, les infrastructures, les équipements, mais surtout de corriger les inégalités existantes dans le secteur avec notamment la territorialisation.

Le Dr Kane aura en même temps à se prononcer sur les personnes hypertendues ou diabétiques qui meurent de la Covid-19. Selon lui, cela est malheureusement dû à ce nombre extrême de diabétiques ou d’hypertendus qui ne sont pas stabilisés avec pour cause, ces détails relatifs au plateau technique soulevés ci-dessus. Mais également, parce que les malades ont de plus en plus peur d’aller se faire soigner.

Sur les cas qui augmentent, le Pr Abdoul Kane juge que “la bataille communautaire n’a pas pu être bien canalisée, maîtrisée. Ainsi, il faudra craindre avoir beaucoup plus de cas du fait de l’inobservance des gestes barrières, et du relâchement qui restent actuellement les grandes préoccupations”.
Selon lui, il nécessitera de rectifier le tir en voyant déjà des éventualités de retour sur certaines mesures d’assouplissement. C’est vrai que les craintes économiques sont là, mais il faudra que l’État puisse mettre en place des stratégies d’accompagnement des couches les plus vulnérables avec des mesures de confinement. En plus, être présent au niveau communautaire avec notamment des initiatives et des solutions locales qui peuvent limiter la chaîne de transmission.

Pour cela il faudra, selon le cardiologue, l’implication des travailleurs sociaux, des relais communautaires, les médias et les champions en communication.
Concernant les cas graves, le Docteur estime important le renforcement des capacités des structures de santé de façon pyramidale. Autrement dit, équiper les centres régionnaux à l’instar de l’hôpital régional de Ziguinchor pour qu’ils puissent prendre en charge les formes sévères. Il faut donc délocaliser, démultiplier les services de réanimation pour parvenir à maîtriser ces cas graves…

dakaractu