Malaisie – Scandale 1MDB: l’ex-Premier ministre bientôt fixé sur son sort

 

Un tribunal malaisien doit rendre son verdict mardi dans le procès pour corruption de l’ex-Premier ministre Najib Razak, 16 mois après le début des poursuites contre ce responsable pour son rôle dans le vaste scandale 1MDB.

Najib Razak et ses proches sont accusés d’avoir pillé le fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), censé contribuer au développement économique de la Malaisie, dans une fraude de plusieurs milliards de dollars aux ramifications planétaires.

Une partie des fonds détournés aurait ainsi servi à financer le film «Le Loup de Wall Street» avec Leonardo DiCaprio, tandis que la banque Goldman Sachs a été éclaboussée par l’affaire.

La colère des Malaisiens contre ce pillage a joué un grand rôle dans la défaite électorale surprise en 2018 de la coalition menée par Najib Razak, qui était au pouvoir depuis six décennies.

Des enquêtes ont alors été ouvertes contre le leader déchu par un nouveau gouvernement réformiste. Et Najib Razak a été arrêté, puis visé par plusieurs dizaines de chefs d’inculpation.

Trois procès distincts

L’ex-Premier ministre est au centre de trois procès distincts liés au fonds 1MDB, et c’est le premier qui doit se conclure mardi devant la Haute Cour de Kuala Lumpur.

Ce procès porte sur le transfert de 42 millions de ringgits (9,9 millions de dollars) de SRC International, une entité du fonds, vers les comptes bancaires du responsable.

Il dément toute irrégularité et son avocat Muhammad Shafee Abdullah a indiqué à l’AFP à l’approche du verdict qu’il pensait avoir «une bonne défense».

Najib Razak, visé par quatre chefs d’accusation de corruption et trois de blanchiment, affirme qu’il ignorait tout des transferts d’argent.

La défense a présenté l’ex-Premier ministre comme une victime et désigné un financier malaisien, Low Taek Jho, comme le principal responsable et «cerveau» du pillage.

Aussi surnommé Jho Low, l’homme poursuivi en Malaisie et aux Etats-Unis, reste introuvable mais a protesté de son innocence via ses avocats.

Soubresauts politiques

Le parquet considère au contraire que Najib Razak contrôlait l’entité liée au fonds et que l’accusation est solide. Mais les observateurs estiment que les derniers soubresauts politiques dans le pays pourraient influencer le verdict. Le parti de Najib Razak a regagné le pouvoir en mars après la chute d’une coalition réformiste.

Depuis lors, des poursuites contre Riza Aziz, le beau-fils de l’ex-Premier ministre et l’un des producteurs du «Loup de Wall Street» ont été abandonnées contre toute attente, en échange d’un accord transactionnel.

Le parquet a aussi renoncé à plusieurs dizaines de chefs d’inculpations contre un allié de l’ex-Premier ministre, Musa Aman, l’ancien leader de l’Etat malaisien de Sabah.

Najib Razak, actuellement en liberté sous caution, est punissable pour chaque chef de corruption d’un maximum de 20 ans de prison, et de 15 ans pour chaque chef de blanchiment. Mais l’homme de 67 ans devrait faire appel et pourrait ne pas être incarcéré immédiatement.

Pour Bridget Welsh, experte de la Malaisie à l’Université de Nottingham, une condamnation serait saluée par beaucoup car elle signalerait «que justice est rendue dans le scandale 1MDB». Au contraire, un acquittement «pèserait lourdement sur la réputation internationale de la Malaisie».

Plusieurs pays mènent aussi des enquêtes sur le pillage du fonds 1MDB, qui a servi à des acquisitions de produits de luxe, de propriétés, en passant par un yacht et des œuvres d’art par les proches de Najib Razak.

Les détournements jugés dans le premier procès de Najib Razak sont modestes par rapport à ceux en jeu dans son deuxième procès, le plus significatif, qui se penche sur des détournements présumés de plus de 500 millions de dollars.

Le ministère américain de la Justice, qui mène sa propre enquête sur des allégations de blanchiment d’argent via le système financier américain, estime que 4,5 milliards de dollars ont été détournés du fonds souverain par l’ex-Premier ministre malaisien et ses proches.

La Malaisie avait accusé Goldman Sachs et plusieurs de ses responsables d’avoir permis les détournements en organisant une émission obligataire de 6,5 milliards de dollars pour 1MDB. Le parquet estime qu’une part importante des montants levés ont été détournés.

Mais vendredi, la Malaisie a conclu un accord de 3,9 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites contre le géant de Wall Street.

(AFP/NXP)