La Pologne prête à sortir de la convention d’Istanbul sur les violences faites aux femmes

 

La Pologne va lancer le 27 juillet une procédure de dénonciation de la convention dite d’Istanbul. Ce traité européen, signé par la majorité des États-membres, offre un cadre juridique complet pour la prévention de la violence envers les femmes, notamment la violence conjugale. Mais le pouvoir conservateur polonais s’y oppose pour des raisons idéologiques, s’attirant ainsi les foudres de Bruxelles.

Avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart

Pour le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro, le droit polonais est « exemplaire » en matière de protection des femmes et applique déjà l’ensemble des mesures juridiques figurant dans la convention d’Istanbul. Varsovie dénonce les questions idéologiques du traité telles que la définition de la femme autrement que par son sexe biologique.

Opposant de la première heure au traité européen créé pour « justifier l’idéologie gay » selon ses termes, Zbigniew Ziobro juge son idéologie « nuisible » et estime que le texte peut amener « à des changements moraux et culturels profonds » auxquels la société polonaise s’oppose.

La secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejcinovic Buric, affirme que « quitter la convention d’Istanbul serait fortement regrettable et serait un important recul dans la protection des femmes contre la violence en Europe ».

De nombreux eurodéputés ont aussi dit leur indignation : « Il est honteux qu’un État membre de l’UE veuille se retirer de la convention d’Istanbul », a ainsi twitté la présidente  du groupe Socialiste et Démocrates, Iratxe Garcia Perez.

À Varsovie dimanche 26 juillet, Anita Czerwinskala porte-parole du parti conservateur PiS (Droit et justice), au pouvoir, a tempéré : « Aucune décision n’a été prise », a-t-elle déclaré. « Le ministre a son opinion. S’il présente cette proposition, nous l’analyserons. »

Pour le politologue Jérôme Heurtaux, la manœuvre est idéologique mais répond aussi à des objectifs de stratégie politique intérieure :

Cette convention [d’Istanbul, NDLR] irait contre les intérêts de la famille. Or, pour le PiS, la famille est sacrée. Il y a une conception de la société différente de celle portée par la convention comme par l’opposition démocratique polonaise. Soit vous défendez le primat de l’individu, homme et femme à égalité; soit vous défendez le primat de la famille.Après il y a des éléments de contexte significatifs. Il s’agit, après une présidentielle où la majorité a été extrêmement malmenée, de réoccuper l’espace politique par la réoccupation de l’espace idéologique en réaffirmant les priorités du PiS en matière e droits sociétaux.

RFI